Le court métrage « Yasmina » de Jamel Chanderli et Mohamed Lakhdar Hamina et le long métrage documentaire « Les cinéastes en liberté » de Saîd Mehdaoui ont inauguré la semaine du cinéma algérien, qui s'est déroulée samedi dernier à la Maison de la Culture Ibn Rachiq, en présence de M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine, de M. Youssef Yousfi, ambassadeur d'Algérie en Tunisie ainsi que de nombreux hommes de la culture, du cinéma et des médias des deux pays. « Yasmina » est un court métrage produit en 1961 par le service cinéma du gouvernement algérien provisoire (GPRA), alors installé en Tunisie. Il relate l'histoire d'une petite fille, Yasmina, dont le village a été bombardé et qui, seule avec sa poule, erre jusqu'à la frontière pour retrouver les siens. Une des premières oeuvres du cinéma algérien de la lutte de libération pour l'indépendance. Un film émouvant sur une réalité douloureuse montrant avec justesse la souffrance d'un peuple représenté par cette fillette qui a perdu ses parents et toute sa famille et dont le destin est perdu puisqu'elle ne dispose d'aucun repère . L'autre film projeté, ''les Cinéastes de la liberté'' de Said Mehdaoui, produit en 2009. C'est un formidable documentaire sur les combattants de la caméra, engagés dans la révolution algérienne. Il s'agit de figures de proue tels que : Chanderli, Vautier, Lakhdar Hamina... C'est l'histoire d'une véritable aventure politique, artistique et technique illustrée par les extraits des œuvres, de ces cinéastes de talent, nés en pleine guerre de libération nationale et marqués du sceau de la révolution algérienne. Said Mehdaoui a déployé toute son énergie dans la recherche de documents pouvant illustrer cette période caractérisée par l'engagement de cinéastes dans une cause qui a fait plus d'un million de victimes tombées sous les balles du colonisateur. Le film symbolise la résistance non seulement d'un peuple mais de ses artistes qui ont essayé d'apporter leurs témoignages, en se servant de leur caméra pour mettre en lumière les séquelles de la guerre notamment, les images que le colonisateur cherche à occulter. Dans ce contexte, la caméra devient aussi une arme redoutable et la guerre de l'image fait rage car chacun y va de son point de vue. Les cinéastes de cette époque sont de véritables combattants et ont le mérite de faire vivre les générations actuelles, la réalité d'autrefois. Lorsque le cinéma écrit l'Histoire, c'est une dimension beaucoup plus spectaculaire qui nous est donnée à voir. Une dimension qui permet aux spectateurs de participer aux événements et comprendre le sens des choses et de saisir toutes leurs portées. Et comme le signale Marc Ferro dans son remarquable livre « Cinéma une vision de l'histoire » : "L'histoire au cinéma est devenue une force, comme l'histoire au théâtre a pu l'être, avec les œuvres de Shakespeare, ou encore sous sa forme romanesque, avec Tolstoï ou Dumas, avant que n'existe le cinéma. Sous ces formes, elle figurait une sorte de compagne parallèle car, à côté, trônait une discipline exigeante qui s'appuyait sur des sources, des documents, et les citait en référence. Cette discipline -l'histoire des historiens- se disait scientifique alors qu'en vérité, elle était seulement érudite, savante. Elle ne démontrait rien, mais racontait "ce qui s'était passé". Placée sous le thème du ''retour aux sources'', cette manifestation se poursuivra jusqu'au 21 février 2010, avec à l'affiche, 17 films produits entre 1961 et 2009 dont ceux réalisés dans le cadre de la coproduction cinématographique tuniso-algérienne.