Madame Irène Kroll est une enseignante allemande à la retraite et qui vient toujours passer quelques semaines en Tunisie. Voilà, au moins, une touriste fidèle. L'éditorial ci-dessus intitulé l'a interpellée. Elle n'est pas très d'accord avec notre collègue Raouf Khalsi qui dit, sans misogynie aucune, qu'historiquement, les grandes conquêtes des femmes auront été réalisées en grande partie par les hommes et que maintenant les femmes libérales doivent en découdre chez nous avec le vrai péril pour leurs acquis : l'aliénation des femmes nahdhaouies. Voici son texte dans son intégralité. Monsieur le Rédacteur en chef principal, J'avais un problème avec les thèses de votre éditorial d'hier. Puisqu'il n'y est pas prévu de commentaire, je vous envoie ma prise de position sur cette analyse. J'espère que vous allez la publier, quand même. Elle concerne : l'Editorial du 14 avril 2012. Non, je ne suis absolument pas d'accord avec votre thèse, monsieur Khalsi. Vous prétendez que c'est un fait historique que « ce sont les hommes qui se sont battus pour que les femmes accèdent à leurs droits ». Et cela, selon vous, en Occident comme en Tunisie. Comment arrivez-vous à cette fin ? Pour la Tunisie, je ne suis pas compétente à vérifier cette thèse, même que je ne peux pas m'imaginer qu'elle soit valable ici, mais pour l'Occident, elle est absolument fausse. Il est vrai qu'il y avait des hommes qui ont – à travers des siècles – soutenu les femmes dans leur lutte, mais toujours c'était une minorité. Depuis toujours les femmes étaient poursuivies pour leur lutte, souvent tuées, torturées, emprisonnées, mises dans des asiles (des maisons de fous). Olympe de Gouges p.e, qui a prononcé « la déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne » a été guillotinée pour avoir attaqué et donc offensé les « droits de l'Homme ( !) ». Et finalement, à partir du dernier siècle, au moins, elles étaient dépossédée de leur pouvoir et encore après les deux guerres mondiales elles étaient, dans les sociétés, dites libérales, discriminées et ridiculisées. Mais je suis complètement d'accord avec votre pensée que les femmes doivent continuer (vous dites : commencer) leur lutte. Jusqu'à aujourd'hui, il existe aussi en Europe l'inégalité économique, les revenus sont extrêmement inégaux et l'accès aux positions supérieures toujours bloqué par le machisme dominant, bien que les filles et femmes ont des meilleurs résultats aux écoles et universités que les garçons et les hommes. Et c'est sur ce terrain que j'approuve absolument votre opinion que l'affrontement entre femmes libérales et femmes conservatrices (pour ajuster votre pensée finale à la société européenne, où p.ex, la ministre de la Famille en Allemagne demande et projette un revenu pour les familles qui ne donnent pas leurs enfants aux jardins d'enfants ou aux maternelles publiques) sera inévitable. Voilà un terrain où les femmes du monde entier ont le même but. Merci de m'avoir écouté, monsieur. Amicalement Irène Kroll • S'il vous faut mes coordonnées : Je m'appelle Irène Kroll et je suis professeur allemande en retraite et écrivaine active. J'habite à Hambourg, Allemagne et de temps en temps – comme actuellement – à l'hôtel «Le Sultan» à Hammamet.