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Le pouvoir: un côté diabolique et un côté bénéfique (I)
Publié dans Le Temps le 28 - 04 - 2012

Réagissant à un texte paru dans la rubrique : « Mémoire du temps présent », animée par notre collègue Khaled Guezmir, et intitulé « Le temps du juste milieu », M. Alain Raymond, Humanologue suisse, nous fait parvenir deux chroniques sur le pouvoir. Voici le texte…
Pouvoir, c'est pouvoir agir. Pour arriver, il convient d'inclure d'autres hommes dans les moyens employés. On passe – de pouvoir de – au pouvoir sur -. C'est le sens habituel : le pouvoir dans les sociétés humaines se manifeste dans l'utilisation de l'énergie de certains au service des autres. Le pouvoir, comme celui des parents sur les enfants ou des patrons sur les ouvriers, n'est pas toujours politique, mais on ne peut concevoir une politique sans pouvoir.
Comment concept, il est donc au cœur de l'analyse politique. Il est alors, un rapport entre deux volontés signifiant celui ou ceux qui ont le pouvoir d'une part, ceux qui sont soumis d'autre part.
Par la même, il se distingue de la contrainte qui n'implique pas cette relation : la nature exerce une contrainte sur l'homme, mais n'a pas le pouvoir sur lui. Le pouvoir politique comme tension entre deux volontés, à l'exclusion des contraintes et pouvoirs sociaux, qui existent dans les groupes particuliers, tandis que le pouvoir politique est constitutif d'une société souveraine, de la nation.
Si le pouvoir est inhérent à la condition humaine, c'est que le noyau de cette condition est formé par la conjonction de la finitude et de la conscience que l'homme en a.
L'animal a un dispositif programmé pour perpétuer l'espèce. La conscience fait sauter cette programmation. L'homme est un être libre, qui doit inventer sa vie en tant qu'individu, et son histoire en tant qu'espèce. Dans l'état de nature tout est possible. Il faut donc, accepter une régulation : elle ne peut venir que du pouvoir.
Un pouvoir est politique dans la mesure où il empêche une unité de se dissoudre et retourner à l'état de nature : il assure la sécurité, voire l'expansion de cette unité souveraine, et garantit la concorde intérieure. L'origine des ouvriers est dans cette finitude, c'est-à-dire, dans cette contingence radicale qui oblige les hommes à une organisation qui préserve de l'insécurité.
Une tension dissymétrique (qui manque de symétrie).
Le pouvoir instaure une tension dissymétrique entre deux volontés, dont l'une s'incline devant l'autre. L'expérience nous en découvre trois modalités différentes : la puissance, l'autorité, la direction.
Le moyen spécifique de la puissance est la force qui s'exerce par les moyens les plus divers tels que ruse, chantage ou/et corruption. Ce qu'elle veut, c'est l'obéissance. Pour l'obtenir, elle provoque la peur, qui peut être brutale ou subtile, mais de toute façon établit le règne de la terreur : Le moyen employé est toujours au service d'une fin, qui est la puissance elle-même.
L'autorité est bien différente ; elle procède du charisme, qui est une liaison entre un supérieur et ses admirateurs. Le charisme provoque l'assentiment, plus complexe que l'obéissance, il se présente sous bien de formes : de l'enthousiasme et du respect à l'hypnose et au fanatisme ; le moyen le plus intéressant est la direction. Elle s'exprime par la compétence, qui naît de l'apprentissage et de l'expérience dans l'action, et produit le consentement. Elle repose sur un accord.
- Un véritable contrat – qui fait des associés pour un but précis et déterminé. Quel qu'il soit, le pouvoir utilise des sanctions : la mort ou l'esclavage dans le premier cas ; l'excommunication ou l'essaimage, la minorité allant fonder ailleurs une autre communauté, dans le deuxième : l'exclusion des dissidents, isolés ou très minoritaires. Dans le dernier : chacune de ces modalités est étudiée en elle-même. – L'homme est le plus indivisible des êtres vivants – disait Auguste Comte. Mais cette indivisibilité est faite de tensions extérieures et intérieures. Aucune modalité du pouvoir ne peut fonctionner, purement, c'est-à-dire, seule : la puissance s'accompagne d'autorité et de direction ; la direction, de puissance et d'autorité. Cependant, si le pouvoir politique est fait de ses trois modalités, l'une l'emporte toujours sur les autres. Sans autorité ni direction, la puissance se dissout nécessairement. En fait, le puissant est investi d'autorité par ceux-là, même qu'il écrase de sa puissance et il ne peut gouverner que s'il est écouté et suivi par une partie de ceux qui le dirige. Il doit donc imprimer une direction, même si elle n'est qu'une pseudo direction. A son tour, l'autorité, sans puissance ni direction ne peut survivre ; le besoin de puissance est évident pour l'extérieur. Mais, la direction, surtout lui, est consubstantielle, puisqu'elle doit diriger la nature dans un sens déterminé. La direction, enfin, implique puissance et autorité. Fondée sur le serment, elle doit pouvoir le faire observer en cas de rupture. Et, pour gouverner sans révolte, il lui faut jouir d'un certain prestige ; pas de directeurs sans autorité.
Toute unité politique suppose la force, la loi et l'intérêt. Alain, en reprenant souvent une formule anglaise, avait l'habitude de dire ; le pouvoir rend fou et le pouvoir absolu rend fou absolument. Plus objectif, Jean Baechfer*) montre (dans son livre « Le Pouvoir ») que tout pouvoir a un côté diabolique qu'il faut contrôler et un côté bénéfique qui assure l'ordre et l'union. Le vrai danger est qu'il tend toujours vers l'absolu. On ne peut l'empêcher de l'atteindre qu'en le divisant, ce qui n'est possible qu'en créant des contre-pouvoirs.
L'homme politique existe sous trois formes : « homo autocraticus », « homo charismaticus ». Le premier veut toujours garder la maîtrise de l'appareil et pour cela, cherche à atomiser le peuple. Le deuxième est plus complexe. Il veut être un héros que le peuple suit. Pour maintenir cette admiration, il lui faut lutter contre les hérétiques, s'entourer d'une pompe qui frappe les imaginations. Il faudrait prendre part pour le troisième. « L'homo démocraticus » cherche à maintenir une direction. Celle-ci suppose trois biens suprêmes : la sûreté, la prospérité, la liberté. Le pouvoir est enraciné dans les sociétaires, les dirigeants ne sont que les délégués au service des dirigés.
Toute la construction intellectuelle de Jean Baechfer repose sur ce principe que le véritable fondement de la société ne peut être que la démocratie ; elle bénéficie d'une antériorité ontologique, logique et chronologique.
Les autres pouvoirs ne sont que des dégénérescences du pouvoir démocratique. Un souverain égoïste et calculateur ne peut devenir immédiatement un autocrate. Il commence par fasciner les fidèles par son charisme. Il peut échouer à un moment et tenter de se maintenir par la puissance pure. Mais, en définitive, ce que réclame profondément la nature de l'homme, ce qui, donc, est premier et fondamental, c'est la démocratie. Cet ordre théorique serait-il enfin l'ordre historique ? Je le pense. Mais, bien que ses conceptions soient toujours reliées aux faits et à l'expérience, il ne lui était guère possible de confirmer sa théorie par toute l'histoire de l'humanité.
A.R
Humanologe de Suisse
(*) « Le Pouvoir » de Jean Baechfer, Paris, Calmann, 1979


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