Le fin mot de l'histoire, c'est qu'il va falloir les lire ces livres. Ceux qui ont été primés et ceux qui ne l'ont pas été, car, en définitive, cela ne coûte pas grand-chose et apporte beaucoup. Autant de fenêtres ouvertes sur une infinité de mondes à découvrir, si tant est que le lecteur veuille bien se pencher sur des pages, noircies avec passion, avec tendresse, rarement avec détachement, par des auteurs, aux univers, parfois aux antipodes, et qui se rejoignent pourtant bien souvent, par leurs questionnements, en filigrane, de guingois ou frontalement, sur l'avenir d'un pays qui est le leur. Des talents protéiformes, des plumes, dont certaines sont confirmées, tandis que d'autres augurent déjà de lendemains meilleurs, tout cela fait que le dernier cru, en matière de romans ayant concouru pour les prix « Comar d'Or », s'est avéré autrement intéressant, l'enthousiasme, nous dirons, contagieux, des deux jury (arabe et français), en faisant foi, le jour de la rencontre avec les auteurs, dans un hôtel de la capitale, une semaine après la proclamation du palmarès. Il y eut, certes, quelques mécontents, quelques rabat-joies refroidis par un échec mal digéré, des illustres absents, à l'instar de Azza Filali pour ne pas la citer, récipiendaire, aux côtés de Emna Belhaj Yahia (Jeux de rubans », du prestigieux Comar d'Or (2012) pour son roman « Ouatann », mais l'impression qui en ressort c'est qu'il est permis d'espérer, l'avenir du roman tunisien, qu'il soit d'expression arabe ou française, étant désormais assuré. Et ce ne sont pas les éditeurs qui étaient présents à cette rencontre qui vous diront le contraire, même si ce n'est pas un métier facile qui est le leur. Sud- Editions, ou les éditions Elyzad lesquelles ont raflé la mise cette année, avec leurs deux titres « comarisés », n'ont pas été en reste, en matière d'enthousiasme, et de reconnaissance, envers ceux qui ont institué ces prix, et qui ont montré la voie à suivre, en matière de mécénat culturel, afin que le livre, et plus particulièrement le roman, cesse d'être ce parent pauvre de la culture, intra-muros, laquelle elle-même peine à advenir, ayant été toujours été confinées dans les marges. Vous l'aurez compris, la meilleure manière de soutenir les romans tunisiens, c'est de les lire. Il paraît que l'enjeu en vaut vraiment la chandelle, la révolution est aussi passée par-là…