Une cinquantaine de tableaux du peintre autodidacte Chawki Slim Khairallah investissent depuis le début d'avril les murs du Palais Essaâda à La Marsa. L'exposition comporte deux parties : l'une est consacrée à la Révolution et au « Printemps arabe », l'autre est composée de travaux antérieurs reposant sur le patrimoine. Le tout est dans un style figuratif basé sur la peinture à l'huile et l'acrylique, les dimensions des tableaux étant de formats moyens. Chawki Slim Khairallah semble s'inspirer de tout ce qui l'entoure ; il est sensible au moindre événement survenant dans l'entourage, dans le temps comme dans l'espace. C'est à peine qu'il voit une scène se produire autour de lui qu'il en traduit ses impressions et ses réactions, à coups de pinceau, sur la toile. La tradition le tente, le patrimoine l'attire et la nature le séduit. Tout cela est manifeste sur ses différents tableaux aux couleurs gaies et éclatantes de lumière, qu'il s'agisse de la Médina de ses vieilles maisons, de ses quartiers populaires et de ses rues étroites, comme dans « Morkadh », « Bab Souika », « Sidi Bou Saïd », « La Médina », « Bab El Khadra » ou qu'il s'agisse des habitants de ces lieux qui gardent encore certaines valeurs traditionnelles comme dans « Femme voilée » et « La Famille ». La deuxième partie de cette exposition s'inspire de la Révolution et sur le « Printemps arabe » où le peintre exprime ses impressions sur les causes et les retombées de cet événement historique dans une métaphore marine qui donne lieu à plusieurs tableaux illustrant la mer et les poissons. C'est ainsi que dans « La pieuvre », l'artiste met en relief cette créature marine terrifiante aux nombreuses tentacules, prête à tout dévorer sur son chemin, allusion faite au clan Ben Ali-Trabelsi qui terrorisait les Tunisiens en mettant la main sur les richesses du pays. Il en est de même avec le tableau « Les requins » qui sèment la terreur en mer tout comme le président déchu qui exerçait la tyrannie sur le peuple. Le peintre ne manqua pas d'exprimer ses déceptions quant aux retombées de cette Révolution, notamment dans son œuvre intitulée « Fleurs du mal », titre emprunté à Baudelaire. Dans ce tableau qui représente un arbre aux fruits tombants, renvoie aux contrecoups subis par la Révolution, chômage, cherté de la vie, insécurité… Il dédia une autre oeuvre aux révolutions arabes qui ont suivi la révolution tunisienne où l'on peut voir les drapeaux de ces pays avec en outre les deux drapeaux de la France et des Etats-Unis, deux précurseurs du « printemps arabe ». Sur ce tableau, le peintre nous a confié : « ce travail reste ouvert, j'ajouterai chaque fois le drapeau de tout nouveau pays où la révolution aura réussi ! » En outre, le peintre s'intéressa à son quotidien auquel il semble porter un intérêt particulier. Aussi peut-on voir ses travaux sur sa propre demeure : « Mon jardin », « Chambre » (sa chambre à coucher) et « La famille » (sa propre famille), peints avec beaucoup de passion, à sa manière et selon sa vision picturale qui varie constamment les formes et les couleurs. La nature et le paysage sont également présents dans cette exposition : quelques tableaux destinés à « Nefta » et aux « Oasis » évoquent par la couleur et la lumière les souvenirs gardés de ces régions du sud, dans une approche figurative impressionnante.