La presse est-elle libre ? Et arrive-t-elle à servir la Démocratie ? La question qui n'a pas cessé d'alimenter les débats depuis la Révolution a été le thème principal de la journée mondiale de la liberté de la presse. Kamel Laâbidi : «La presse doit tout d'abord être indépendante » « Avant de servir la démocratie, la presse doit être libre, indépendante et objective conforme aux critères professionnels », affirme Kamel Laâbidi, président de l'l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC). Selon Laâbidi, ceci demande beaucoup de transparence et de sens de l'engagement et ne peut être réalisable qu'avec l'élaboration d'un texte consacrant la liberté de la presse au sein de la nouvelle Constituante. «Nous ne pouvons pas parler d'une presse réellement indépendante mais nous pouvons quand même l'espérer avec un statut constitutionnel de la liberté d'expression dans la Tunisie de l'après Révolution »
Jawhar Ben Mbarek : «Nous sommes encore loin d'en parler » L'avis de Kamel Laâbidi n'a pas été largement partagé par Jawhar Ben Mbarek, chef du réseau Dostourna qui affirme que les nouveaux dirigeants du pays ne sont pas encore prêts pour une presse libre et indépendante. «Malheureusement, après une année de la Révolution et avec les dizaines d'associations et les centaines de représentants de la société civile appelant à une presse libre et transparente, nous sommes encore loin d'en parler », note Jawhar. Avant de finir, le chef du réseau Dostourna a pointé du doigt la mise à l'écart de manière «déplacée» des responsables d'institutions médiatiques, dont le Directeur général de la radio nationale Habib Belaïd en insistant que c'est une attaque directe à la liberté de la presse. « Avec ces décisions et la suggestion de Lotfi Zitoun qui a parler d'une tentative de privatiser la chaîne de télévision publique «Al Watanya», première dans l'audimat, on ne s'attendra qu'au pire ! »
Emna Mnif : «Il s'agit d'un rêve tant souhaité» Pour sa part, Emna Mnif a déclaré que la liberté de la presse demeure un rêve tant souhaité par les Tunisiens ayant souffert de la tyrannie de Ben Ali et souffrant encore de la même oppression après la Révolution. « Au lieu de fêter la liberté de l'expression dans un pays libéré d'un dictateur, nous avons assisté à une série de campagnes médiatiques orchestrées contre les politiciens et militants de la société civile, modernistes et progressistes, de la part d'organes de presse se présentant comme indépendants et intègres'' », note-t-elle en ajoutant, que « de telles pratiques ne sauraient aucunement servir la mise à niveau du secteur de l'information » et en appelant tous les Tunisiens « libres et indépendants » à se serrer les coudes et faire face à ces tentatives de remettre à zéro la marge de liberté gagnée par le secteur de l'information.
Hichem Snoussi : «On doit s'inspirer des expériences étrangères» Hichem Snoussi, président du bureau Article 19 et expert en journalisme a, quant à lui, parlé de l'importance de se comparer aux autres pays ayant vécu la même période de transition démocratique. Pour lui, la liberté de la presse n'est pas du tout une chose facile. « Il s'agit d'une mentalité, d'une conduite et d'une grande responsabilité qui ne peuvent pas naître du jour au lendemain. Par la suite, le gouvernement de transition est appelé à s'inspirer des expériences étrangères afin de répondre aux attentes d'un peuple assoiffé de liberté d'expression et d'information après de longues années vécues sous la dictature du président déchu. Samah MEFTAH juliejolie