• La quasi-totalité des responsables locaux nommés après le 14 janvier sont des diplômés du supérieur qui étaient au chômage • 33 % des responsables avouent qu'ils ont des bases de données mises à jour sur les associations. Mais pour quelle finalité ? Longtempstaxée d'être complice du pouvoir et d'être surtout à son service, la société civile tunisienne tente depuis la Révolution de jouer son vrai rôle à savoir : servir le citoyen et faire le contrepoids au pouvoir indépendamment de tout profit. Et si quelques associations ont réussi à maintenir cette relation, d'autres ont été récupérées par des partis pour défendre leur agenda politique. Il s'agit même de l'un des handicaps qui se posent pour les associations en Tunisie, c'est ce qui a été relevé par les résultats préliminaires d'une étude réalisée par le CAWTAR sur la relation entre la société civile et les autorités locales et qui ont été présentés hier, lors d'une conférence nationale placée sur le thème : le développement, les droits et la société civile.
Ayant pour objectif de renforcer les capacités des acteurs dans 30 associations actives dans les domaines de la femme, des jeunes et de l'emploi, dans le Centre et le Sud du pays, et de déterminer le type de relation qui existe entre la société civile et les responsables locaux (gouverneurs, délégués, secrétaires généraux, délégués dans les directions de la jeunesse…), le Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche CAWTAR a réalisé une étude dans ce sens dont, les résultats définitifs seront fin prêts dans un mois. S'inscrivant dans le cadre d'un programme plus large qui s'étale sur deux ans, et ayant pour finalité de développer la participation civique des citoyens, l'étude a démontré que la majorité des responsables administratifs ont été nommés après le 14 janvier 2011 et que la plupart sont des diplômés du supérieur qui étaient au chômage. Une autre spécificité dévoilée, est que ces responsables ne sont pas, dans leur quasi-totalité, originaires des villes où ils travaillent. Ce facteur est qualifié comme arme à double tranchant, étant donné que les dossiers des citoyens sont traités de manière objective et neutre pour laisser de côté l'intervention et le copinage. Toutefois, elle soulève un inconvénient qui a quand même un impact sur la gestion des dossiers et des revendications des citoyens. Il s'agit là de l'ignorance des caractéristiques et des spécificités de la région, plus particulièrement, ses besoins.
Connaissances Pour mieux cerner la relation société civile/autorités locales, les enquêteurs se sont adressés aux responsables locaux où, l'on a pu constater que presque la moitié des interviewés (soit 45 %) n'ont que de base de données sur les associations et que presque le quart n'ont que d'idées générales. En revanche, 33 % des responsables ont avoué qu'ils ont des bases de données sur les associations. Mieux encore elles sont mises à jour. Mais pour quel objectif ? Une question qui reste tout de même sans réponse. Toujours dans le même cadre, l'étude a démontré que ces responsables n'ont pas une idée claire sur la législation organisant les associations en Tunisie à savoir : le décret loi 88. Quant à la manière dont les responsables locaux gèrent leurs relations avec la société civile, il importe de dire à ce niveau qu'il n'existe pas en Tunisie un texte de loi clair régissant cette opération ou imposant la création d'une direction chargée de cette tâche dans l'une des administrations locales. Dès lors, « la communication avec la société civile s'effectue généralement de manière arbitraire », dévoile l'étude tout en démontrant qu'il « n'existe pas de stratégie claire dans le domaine ». Il y a d'ailleurs, plusieurs obstacles qui handicapent le développement de la société civile en Tunisie ; l'absence d'un cadre législatif régissant la coopération entre les associations et les autorités locales, la faiblesse et le manque de moyens, l'absence de la culture du travail associatif et de la coordination avec ce tissu. Recommandation Pour remédier à cette situation et donner un nouvel élan à la société civile tunisienne, il est recommandé de lancer un débat sur la question et plus particulièrement entre les deux parties (société civile et administration), d'après l'étude. Elle recommande par ailleurs, « de promulguer une loi pour impliquer la société civile dans la vie locale et surtout dans les institutions des autorités locales », toujours d'après l'étude tout en insistant sur l'importance qu'il y a de renforcer les compétences des acteurs et le réseautage des associations.