• Accusations et contre-accusations entre les deux parties opposées Que se passe-t-il donc ą Ras Jebel ? Le conflit entre administration locale et administré a longtemps duré. Il a commencé depuis la nomination de M. Lotfi Larguet ą la tête de la délégation, ą peine deux mois après la révolution. Depuis, les mois se sont succédé et se sont ressemblé. Ce n'est que mardi dernier que le « divorce » est consommé entre le délégué et la population concernée, aprŹs un sit-in impressionnant devant le siŹge de la délégation. Ce n'est qu'en apprenant la promesse ferme de limogeage du délégué contesté, que l'atmosphŹre s'est détendue et la foule s'est éparpillée, cela aprŹs que tout le beau monde de céans ait frayé un chemin au fonctionnaire pour lui permettre de quitter son bureau et regagner son domicile en toute sécurité. Qui a tort ? Qui a raison ? Accusations et contre accusations se sont relayées ą ce sujet, qualifié d'extrźme gravité. Le délégué accuse certains contestataires d'avoir défoncé la serrure de son bureau, pour l'investir, d'avoir changé la serrure du garage pour y bloquer la voiture de service du responsable local et aussi d'avoir coupé le cČble téléphonique desservant le logement de fonction du délégué, jouxtant le siŹge de la délégation. Tandis que l'autre son de cloche prétend que la femme du délégué a forcé la porte du bureau en question pour y accéder et soustraire certains documents dits « accablants » pour le l'époux-délégué. Décidément, la Révolution nous a fait tout voir et tout entendre ! Mźme les embrouillaminis et les embrouilles les plus bizarres ! Les mźmes contre-accusateurs nous disent avoir intenté un, procŹs en bonne et due forme contre la bonne dame, pour son « intrusion délictueuse ». La mźme source nous révŹle que l'histoire du changement de la serrure du garage et de la coupure du cČble téléphonique relŹve de l'imagination et de la science fiction. Tous contre un seul ! M. Badreddine Helal, un des meneurs de ce grand mouvement de foule et l'un des membres actifs au sein de la commission de développement local ą Ras Jebel ne mČche pas ses mots et s'en prend impétueusement au délégué. «Il n'a jamais été coopératif avec les représentants de la société nous dit-il. Il les a toujours négligés et court-circuités. Il cherche ą décider de tout unilatéralement. Les commissions constituées autour de lui sont de pure forme. Ses sauts d'humeur lui font prendre des décisions hČtives, saugrenues et dépouillées de tout bon sens. Mźme son staff administratif est ignoré et marginalisé. Le personnel de la délégation en a rass le bol ». Le délégué accuse… Quant ą M. Lotfi Larguet, il prétend avoir été victime d'une machination politique. On a cherché depuis ma nomination ą Ras Jebel ą m'écarter de ce poste. Parce que les adhérents du parti d'Ennahdha ont sans cesse tout fait pour me faire remplacer par un « nahdhaoui ». Et m'ont toujours créé des histoires cousues de fil blanc. Les appendices de l'ex-RCD m'ont eux aussi créé plus d'un problŹme. A maintes reprises, j'ai été menacé par des groupuscules commandités par d'ex-RCD, pour la plupart des délinquants notoires de droit commun ». En outre, les représentant de la société civile contactés s'accordent ą dire que Ras Jebal se porterait nettement mieux avec un nouveau délégué. Quoique, nous avoue-t-on, le délégué si contesté, a beaucoup de qualités humaines. Seulement, nous ajoute-t-on, il n'est pas suffisamment rodé aux responsabilités de ce genre et aux techniques d'animation de groupes. Cela dit, de tels événements sont d'une haute gravité pour la gestion des affaires publiques et la marche normale du pays. Ce mouvement nous incite ą nous poser la grande question de savoir pourquoi la tutelle régionale et centrale a laissé si longtemps la situation pourrir. N'aurait-on pas dě prendre les devant et prendre le taureau par les cornes, ą temps, pour ne pas laisser l'initiative ą la rue ? Et mettre dangereusement ą mal la souveraineté de l'Etat et du bon droit ? Pour tout résumer crěment que, dans de telles cas brouilles et camouflets la maturité politique et la clairvoyance ont manqué, de l'amont ą l'aval, considérablement.