C'est hier, vendredi 20 janvier, que se sont réunis les parents avec les enseignants des collŹges et des lycées pour débattre des résultats trimestriels obtenus par les élèves. Cette rencontre, organisée depuis plusieurs années, est prise au sérieux par certains parents, mais ne revèt aucune importance chez d'autres. C'est que bon nombre de professeurs, interrogés sur ce sujet, trouvent que les parents qui viennent ą ce rendez-vous ne sont pas malheureusement ceux qu'ils désirent rencontrer, c'est-ą-dire les parents des enfants qui sont le plus en difficulté ! Autrement dit, ą quoi bon servir de recevoir les parents des bons élèves qui aiment venir entendre les mźmes louanges sur leurs chérubins, alors que les parents des moins bons et des médiocres ne viennent pas souvent ą cette rencontre ? En effet, selon les témoignages recueillis parmi un groupe de professeurs de collŹge et de secondaire, rares sont les parents d'élŹves en difficulté scolaire qui viennent ą cette rencontre, quand bien mźme cette réunion professeurs/parents aiderait énormément ą diagnostiquer le mal et chercher ensemble les solutions appropriées ą chaque cas. Certains parents absentéistes déclarent ne pas źtre au courant de cette réunion, alors qu'une convocation en bonne et due forme leur ait été adressée avec le bulletin trimestriel. A moins que certains élŹves, de peur des remontrances et des reproches paternels aient l'idée de ne pas informer les parents de cette rencontre ou de leur cacher carrément le bulletin trimestriel qu'ils ont réussi ą lire avant qu'il ne tombe entre les mains des parents. D'oĚ le nombre des parents dont les enfants ont eu des résultats nuls ou faibles ne viennent pas en grand nombre ą cette rencontre. Nous avons posé la question suivante ą quelques enseignants : « Quelles sont vos attentes de cette réunion périodique avec les parents ? » Les réponses rećues étaient quasi unanimes : « Les parents qui viennent nous voir sont les plus soucieux de l'avenir de leurs enfants et qui nous demandent de leur fournir les moyens susceptibles d'améliorer davantage leurs résultats scolaires. Or, les parents des élŹves en difficulté scolaire sont presqu'absents ą cette réunion ! » Ridha, professeur de franćais dans un collŹge avance une autre explication sur l'absentéisme de ces parents : « Il y a des parents, non satisfaits des résultats de leur enfant, qui s'abstiennent de venir ą cette réunion, croyant peut-źtre que de telles rencontres ne changent pas grand-chose au niveau de leur enfant, tellement ils n'ont plus confiance ni en leur enfant ni en l'institution scolaire en tant que telle ! Ceux-lą accusent une totale démission ! » Son collŹgue, Naceur, prof d'anglais, cherche des alibis pour ces parents d'enfants en difficulté qui ne viennent pas s'enquérir sur la scolarité de leur enfant : « Ces parents sont généralement analphabŹtes, ils trouvent des difficultés ą suivre le cursus de leurs enfants, ignorant dans la plupart du temps les programmes officiels, les matiŹres, les coefficients, le contrôle continu et beaucoup d'autres choses sur la vie scolaire. Aussi trouvent-ils que cette rencontre avec les profs ne change pas grand-chose tant qu'ils ne sont pas en mesure d'appliquer les recommandations des enseignants pour améliorer la situation de leurs enfants ! » Salwa est professeur d'histoire-géographie pense que les parents sont parfois victimes de l'insouciance de leurs enfants, car ces derniers ne les tiennent pas souvent au courant de ce qui se passe ą l'école ni de leurs études ni de leur comportement : « Certains parents qui viennent ą cette réunion veulent discuter des résultats scolaires de leurs enfants. Ils sont toujours étonnés d'entendre des remarques désobligeantes sur le mauvais comportement de leur enfant. Or, cette réunion est faite pour corriger, remédier et améliorer aussi bien les résultats que la conduite des élŹves ; mais certains parents ne l'entendent pas de cette oreille. C'est le résultat qui compte ! Il ne faut pas oublier qu'avant tout le prof est éducateur avant d'źtre enseignant ! » Ahmed, professeur d'arabe dans un collŹge met en cause cette relation parents/enseignants qui semble se détériorer d'une année ą l'autre ą cause d'un systŹme éducatif vétuste et qui doit źtre radicalement révisé : « Parents et enseignants sont victimes d'un systŹme éducatif qui a toujours tendance ą les écarter lors de toutes les réformes jusque-lą apportées au systŹme éducatif dans notre pays ! Pour faire réussir le secteur de l'enseignement, il faut que tous les acteurs mettent la main ą la pČte. Tant que les décisions relatives ą la vie scolaire sont prises dans les bureaux et exécutés aveuglément et scrupuleusement par l'administration de l'école et les enseignants avec une négligence totale du rôle que peuvent jouer les parents au sein de l'établissement scolaire, les résultats ne seront jamais satisfaisants et c'est pourquoi professeurs et parents continuent ą se renvoyer la balle. » Nonobstant cela, ces réunions périodiques entre parents et enseignants demeurent une nécessité absolue, en attendant que les choses changent aprŹs la Révolution qui, espérons-le, va apporter des grands changements dans le secteur éducatif. Pour le moment, les parents ont besoin plutôt d'źtre éclairés sur les mesures qu'ils devraient prendre, ils ont besoin de solutions palpables pour sauver leurs enfants en détresse ! Seuls les profs sont en mesure, plus que d'autres, de les conseiller et ce, en fonction des capacités et des prédispositions des enfants en question. Cependant, les parents doivent se poser certaines questions au sujet de leurs enfants qui manifestent une certaine aversion pour les études et l'école et qui, malgré tous les efforts, leurs résultats demeurent mauvais ou insuffisants. A quoi bon perdre son temps ą faire des études au collŹge ou au lycée sans jamais pouvoir obtenir sa moyenne ? A quoi bon servir de rester toujours menacé de redoublement ou d'exclusion ? Pourquoi faut-il źtre toujours ą la merci d'un rachat pour passer d'un niveau ą un autre supérieur ? Et si on pensait ą diriger son enfant vers les écoles professionnelles pour apprendre un métier ? Ce serait peut-źtre mieux ! Mais le problŹme est que la plupart des parents ne veulent pas accepter un tel conseil, ayant des préjugés sur les métiers artisanaux ! Pourtant, c'est la solution adéquate pour des milliers d'élŹves dans nos collŹges et lycées !