Qu'est ce qui se passe dans Radio Zitouna et qu'est-ce qui fait que des employés ne touchent pas leurs salaires depuis quatre mois, et qu'est-ce qui justifie cette déferlante médiatique qui bat en brŹche la réputation de la chaĒne radiophonique spécialisée dans la chose religieuse ? Et partant du principe qui dit que « celui qui ne dit mot consent », qu'est ce qui fait taire le gouvernement actuel devant telle situation ? Le gouvernement actuel est-il en train de cautionner des pratiques qui tentent par tous les moyens possibles et imaginables d'étouffer la voix de la modération religieuse ? Les réponses ą toutes ces questions et bien d'autres on est allé les chercher du côté de Zitouna, sis ą Carthage Hannibal. Au siŹge de la radio l'équipe matinale était déją sur antenne. Aēda Bali l'animatrice rećoit un syndicaliste, deux parmi ses collŹgues et la journaliste du Temps. La présentatrice du programme donne le ton : qu'est-ce qui se passe au juste dans ces murs ? Et la parole est donnée en premier ą Nader Abbassi qui parle d'une situation somme toute, intenable « Aujourd'hui, il fait maintenant presque quatre mois qu'on n'a pas reću notre paye. Mais nous sommes des employés et nous avons le droit de jouir d'un salaire vu que nous avons des responsabilités familiales diverses. » Ici on ne parle plus ą demi-mot. Les choses se disent, désormais, sans compromis. « Mais nous n'avons aucun lien avec le gendre du président déchu. Et contrairement ą ce que prétendent certains, nous n'avons reću aucun privilŹge matériel ou autre du temps de l'ancienne dictature. Et nous n'avons aucunement l'intention d'en avoir. Nos revendications ne sont pas matérielles. Nous demandons ą ce qu'on soit rétabli dans nos droits les plus élémentaires ą savoir avoir un salaire et puis et surtout avoir le droit de choisir celui qui va diriger la radio Zitouna. Pourquoi est-ce que les autres entreprises de presse ont le droit d'élire leur rédacteur en chef alors qu'on veut nous en priver, sachant que dans une radio le directeur décide du contenu et de la ligne éditoriale tout comme un rédacteur en chef. » s'indigne Nader Abbassi qui laisse entendre que toute l'équipe refuse formellement d'źtre dirigée par Iqbal Gharbi dont « l'appartenance politique ą l'extrźme gauche ne sont plus ą démontrer » dit-on. Le cas Iqbal Gharbi Et c'est lą que le bČt blesse car Iqbal Gharbi nommée depuis le gouvernement Essebssi n'a jamais été acceptée par l'équipe qui invoque le fait qu'un directeur ą la tźte d'une chaĒne religieuse doit en źtre un spécialiste. « Contrairement ą ce que dit Mme Gharbi, ce n'est pas parce qu'il s'agit d'une femme ou qu'elle soit non voilée que nous la rejetons en tant que directrice. Beaucoup de femmes non voilées travaillent dans cette radio en tant que productrices et animatrices. Radio Zitouna s'est toujours tracée une ligne directrice, ą savoir la modération. On croit en la liberté des uns et des autres ą s'habiller comme bon leur semble. », ajoute Aēda Bali. Et si les employés de Zitouna décident d'en parler depuis quasiment trois jours en direct sur les ondes de la radio, c'est qu'ils ont compris que l'étau se resserre de plus en plus autour de la premiŹre radio la plus écoutée sur le territoire tunisien classée également deuxiŹme au niveau du taux de pénétration sur le grand Tunis. « On veut nous obliger ą jeter l'éponge. Nous sommes des serviteurs de Dieu. Nous ne rebrousserons jamais chemin, mźme si certains parmi nous n'ont pas de quoi s'acheter un café voire mźme de payer le lait et les couches de leurs progénitures. Nous faisons le ménage dans cette boĒte. Et il n'y a pas de quoi rougir de honte car la radio n'a pas les moyens de prendre en charge des employés pour faire le ménage. » avance Mehrez Belatra le responsable des relations aux auditeurs ą la radio qui ajoute « Nous étions lą pendant la Révolution. Nous avons travaillé 24 heures sur 24 alors que les tirs étaient juste ą côté de chez nous. Les techniciens étaient obligés de venir ą 14 h00 et de rester jusqu'ą 6 h00 du matin pour assurer la programmation qui n'a pas arrźté un seul instant. La radio continuera ą diffuser son contenu qui se veut modéré et ą źtre rećus dans tous les foyers tunisiens au grand dam de nos détracteurs. » L'idée a été reprise par Salem Chaari un technicien qui croit dur comme fer que ceux qui tirent les ficelles veulent en finir avec la radio Zitouna une bonne fois pour toutes. « On a des problŹmes d'entretien du matériel entre ordinateurs, studio, logiciels, etc. On essaye par nos propres moyens de trouver des solutions mais jusqu'ą quand allons-nous compter sur la bonne volonté des uns et des autres. » dit-il. Et ce n'est pas tout car la situation va de mal en pis selon le directeur financier de la radio qui confie qu' « A la caisse la radio dispose de 4 DT. On n'a pas de quoi payer les factures de la STEG que nous recevons depuis quelque temps d'une maniŹre hebdomadaire. Avez-vous jamais vu des factures ą payer toutes les semaines ? On nous fait savoir également que nous sommes dans l'obligation de régler nos frais avec l'Office national de la télédiffusion ą raison de 2 millions de dinars alors que la radio en était exempte étant donné qu'elle n'a pas d'entrées publicitaires. Sans oublier que la radio ne peut plus émettre sur la fréquence 106.9 la meilleure parmi les trois dont on disposait. » A bon entendeur, salut. Mona BEN GAMRA