La Galerie « Ain » abrite l'exposition de Bady Chouchène dont le vernissage a eu lieu le 02 juin dans une ambiance conviviale, en présence de l'artiste, venu de la Chebba où il élit domicile depuis de longues années, et Mohamed El Ayeb, maître de céans, qui nous a réservé un accueil chaleureux. Bady Chouchène, peintre, aquarelliste et céramiste, ne cesse de multiplier les expositions personnelles ou collectives depuis 1976. Chez Bady, connu surtout par sa démarche expressionniste, l'accent est mis sur la tradition, le patrimoine culturel, la ville ancienne, l'artisanat et toute l'ambiance qui règne dans les souks et les ruelles des villes antiques. Les tableaux qui débordent de couleurs et de lumières semblent ressusciter la vie dans les coins et les recoins de ces lieux où se sont succédé plusieurs générations de nos ancêtres et qui, malgré les vicissitudes du temps, tiennent encore et font inspirer plus d'un artiste et d'un poète par l'originalité de leur style et la singularité de leur architecture, ainsi que par les activités artisanales des habitants.
C'est dans ce cadre que s'inscrit l'œuvre de Bady, du moins dans cette exposition qui comporte 34 tableaux de peinture à huile et aux différents formats et techniques où les couleurs et les formes laissent voir ces empreintes de lumière et de transparence, privilégiées par l'artiste. Pour Bady, les couleurs signifient rythme et mouvement : tout semble actif et dynamique, tout donne une expression d'animation, d'énergie et de vivacité. Parmi les couleurs chaudes intervient toujours cette tache blanche qui attribue à l'œuvre son aspect d'optimiste et d'espoir. La Médina, ses ruelles, ses maisons, ses portes, les habitants, leurs costumes et leurs métiers artisanaux sont traités d'une manière profonde, correcte et raffinée qui dénote d'une certaine nostalgie des années d'antan et donne envie de retourner aux us et coutumes des années du bon vieux temps !
« Femmes à Kairouan », « Femme voilée », « Souk Ensa », « Mère et fille » sont autant de titres qui mettent en relief l'authenticité et le naturel de la femme tunisienne dans sa vie quotidienne qu'elle menait en toute quiétude et sans aucun complexe, alors qu'aujourd'hui et depuis la Révolution 2011, la femme tunisienne semble menacée par des groupes obscurantistes qui veulent lui dicter une certaine façon de se comporter et de s'habiller ! Dans les toiles intitulées « Le cordonnier du coin », « Artisan », « Cordonnier à l'ombre », « Rue commerçante », et « Jour de marché », l'artiste met en valeur certains métiers artisanaux devenus obsolètes, car sous-estimés par les jeunes d'aujourd'hui dont certains préfèrent le chômage que d'exercer un des métiers manuels, base de notre patrimoine artisanal, ces métiers dont on ne saurait se passer ! Ajoutons à cela l'intérêt porté par l'artiste à ces personnages des quartiers antiques qui contribuent à l'ambiance générale marquée de mouvement et d'animation qu'on ressent à travers les formes et les couleurs utilisées avec beaucoup de sensibilité et de tact. L'exposition se poursuivra jusqu'au 22 juin.