La chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis a examiné hier, l'affaire dans laquelle le journal « Le Maghreb » est inculpé de diffamation par le porte-parole de la présidence de la République Adnéne Monser, suite à un commentaire publié par le journal, que le plaignant a estimé diffamatoire à sa personne. Qu'en est-il en fait ? Il y a quelque temps, le porte-parole de la présidence République a publié une déclaration sur un site Internet intitulée : « Pour que le gouvernement ne creuse pas sa tombe et celle de la Révolution » et dans laquelle il a critiqué ouvertement la politique du gouvernement. Cette déclaration a mis le président de la République dans une situation gênante et pour cause : certains pourraient croire qu'il aurait soufflé l'idée à son porte-parole qui a fait la déclaration en question.
D'ailleurs, et afin de lever toute équivoque, Adnéne Monser a lui-même fait une mise au point pour affirmer explicitement que son article était une faute professionnelle constituant un manquement au devoir de réserve qu'il est tenu d'observer en vertu de sa fonction.
Or le Maghreb qui a commenté ces dires, a été accusé diffamation par cette même personne qui vient de faire son mea culpa, pas plus tard que jeudi dernier.
Nuances Je ne sais quel homme de lettres français a déclaré : « Calomnier c'est le contraire de diffamer.... c'est mentir ». Cela ne veut pas dire pour autant que diffamer c'est dire la vérité. Cependant la diffamation n'est pas synonyme d'injure. Alors que l'injure est toute parole blessante et offensante, et portant atteinte à la dignité ou l'intégrité d'autrui, la diffamation peut être une accusation dans l'intention de porter préjudice à autrui. L'avocat de Adnéne Monser, Me Fthi Laâyouni a soutenu devant le tribunal que le journal incriminé a, en critiquant la déclaration Adnéne Monser, proféré des insultes à ce dernier, portant sciemment atteinte à la dignité de ce dernier, notamment par l'utilisation de certain termes injurieux. Dans une déclaration faite hier à une chaîne radiophonique de la place, Me Fethi Laâyouni a enfoncé le clou en affirmant notamment que les injures à l'égard des hommes de l'Etat sont devenues usage courant chez le journal incriminé. De l'avis de certains juristes, les injures doivent être strictement prouvées. Cela veut dire, que les mots injurieux doivent être cités d'une manière précise et ne prêtant à aucune équivoque. Cela dit c'est le juge qui est le seul à même d'apprécier si les injures, qui présentent une nuance, voire une différence par rapport à la diffamation, et dont a été accusé le journal, sont établies aussi bien sur le plan des faits que sur celui du droit. C'est pourquoi l'affaire a été renvoyée à l'audience du 25 juin prochain. Ahmed NEMLAGHI