Il ne fait plus d'un doute que le prochain champ de bataille contre le terrorisme sera l'Afrique. Tous les pays du Sahel et ceux frontaliers au nord comme au sud sont désormais concernés. La présence de groupes jihadistes au Sahara ne date certes pas d'aujourd'hui, mais celle-ci a pris de l'ampleur avec l'arrivée de plusieurs d'entre eux en Libye au cours des événements qui ont précipité la chute du régime de Gueddafi. Beaucoup d'entre eux ont fait leur baptême de feu en Afghanistan, en Irak en Tchétchénie où encore au Cachemire et sont bien aguerris aux combats et aux actes terroristes. En outre, ils peuvent aujourd'hui disposer d'un armement plus performant et en quantités inépuisables. Une bonne partie des armes de l'ancien régime de Tripoli est aujourd'hui entre leurs mains. La stabilité déjà précaire du continent est désormais menacée par la présence de ces groupes armés éparpillés partout dans le grand Sahara où ils sont souvent bien accueillis par les tribus y résidant. Ils ont pris une part très active au mouvement d'insurrection mené par les Touaregs du nord du Mali qui a abouti à la scission de la région de l'Azawad, dont le contrôle échappe totalement au pouvoir central à Bamako.
Le risque de contagion pour d'autres pays n'est pas à exclure. Le Niger, le Tchad et même la Mauritanie ne sont pas à l'abri d'une situation analogue du Mali pour les pays du nord du Sahara, la présence de ces groupes jihadistes la menace prendrait d'autres formes avec principalement et essentiellement des actes terroristes.
L'Algérie qui a subi les affres du terrorisme pendant des années et demeure dans leur point de mire tout comme la Tunisie et le Maroc déploie une grande partie de ses troupes sur ses frontières Sud et Est, mais à elle seule, elle n'arrivera jamais à endiguer la menace. Divisés en groupuscules opérant indépendamment, les uns des autres, ils sont difficiles à repérer et contrôler par voie de conséquence et pour réduire au maximum le degré de leur nuisance, des efforts doivent être entrepris à l'échelle de tous les pays concernés de près ou de loin pour qu'une lutte efficace puisse être menée là où ils se retranchent. L'Afrique à elle seule ne peut réussir une telle opération qui peut durer dans le temps et qui couvre un grand espace, sans compter la complicité de plusieurs habitants de cet espace, qui rend la tâche encore plus difficile.
Le danger de ces groupes de fanatiques ne guette pas que l'Afrique. Ses étincelles peuvent atteindre l'Europe et à un moindre degré l'Amérique, quant à l'Asie, plusieurs pays sont déjà dans le chaos à cause de la teneur que font régner les adeptes de la nébuleuse terroriste.
C'est pourquoi d'ailleurs la lutte pour cerner et éradiquer ce mal devra mobiliser toute la planète. Plus de temps aux atermoiements et à l'attente.
Le phénomène ne fait que s'amplifier depuis l'invasion de l'Afghanistan et de l'Irak, invasion faite de manière unilatérale par les Etats-Unis suivis par la suite par les pays de l'Alliance atlantique. L'Irak fut évacué par les Américains, l'Afghanistan le sera en 2014, mais aucun des objectifs n'a pu être réalisé. C'est dire l'urgence d'une concertation à l'échelle internationale et une action commune de la part de tous les Etats pour en finir avec cette anomalie qui gangrène le monde, envenime le présent et hypothèque l'avenir de pays entiers.