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29 - Yong Ki Kwon : voir Kaboul et mourir...
Notre feuilleton - Le Jihad des convertis
Publié dans Le Temps le 11 - 02 - 2007

Yong Ki Kwon est un Nord-Coréen, naturalisé américain. Né chrétien mais converti à l'islam, à l'âge de 19 ans, il a été arrêté en 2003 et jugé dans le cadre du procès du «groupe jihadiste de Virginie», près de Washington D.C. Condamné à 11 ans et demi de prison pour son soutien aux Talibans afghans après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, sa peine a été commuée à 38 mois, après qu'il eut collaboré activement avec les enquêteurs, notamment en livrant des informations précieuses sur les réseaux jihadistes aux Etats-Unis et sur son leader spirituel Ali Al-Timimi.
Libéré en février dernier, Kwon est revenu vivre à Fairfax, en Virginie du nord, aux environs de Washington D.C. où résident ses parents.
Kwon fait partie de ces dizaines de convertis à l'islam ayant succombé aux sirènes du jihad international. Américains, Australiens, Jamaïcains, Français, Allemands, Belges... Nés de parents chrétiens, juifs ou athées... Fraîchement convertis à l'islam le plus rigoriste par des imams extrémistes, ils ont gagné les camps d'entraînement de Bosnie et d'Afghanistan, où ils ont acquis une solide formation militaire, avant de devenir des «petits soldats du jihad» contre l'Occident mécréant. Certains sont morts dans les montagnes de Tora Bora ou en Irak. D'autres ont été arrêtés dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, jugés et écroués. Leurs parcours, qui se ressemblent en plusieurs points, peuvent être résumés en deux formules: quête désespérée de soi et folie destructrice.

Le 7 novembre 2003, deux membres du «réseau jihadiste de Virginie», ont été condamnés à 11 ans et demi de prison chacun. Leur peine aurait pu être plus lourde, comme l'avais du reste demandé l'accusation, mais la juge de la Cour fédérale américaine Leonie M. Brinkema s'était montrée plutôt clémente, prenant en considération le fait que les deux accusés avaient accepté, trois mois auparavant, de plaider coupables de soutien aux Talibans afghans après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 et qu'ils s'étaient engagés à aider l'enquête du gouvernement américain sur ces attentats.
Les deux accusés sont Khwaja Mahmood Hassan et Yong Ki Kwon. Le troisième, Donald Surratt, a été condamné, quant à lui, à 4 ans de prison pour détention illégale d'armes et liens avec un réseau jihadiste. Sa peine a été moins lourde, parce que, contrairement aux deux premiers, il n'avait pas effectué de voyage au Pakistan ni reçu une formation militaire dans un camp d'entraînement terroriste dans ce pays.

Formation militaire dans un camp de Lashkar-e-Taiba

Lors de son procès, Kwon a avoué avoir reçu une formation militaire en vue d'aller combattre les forces américaines qui ont envahi l'Afghanistan en vue de destituer le régime des Talibans. Le procureur général, qui a plaidé pour une peine plus sévère, a argué du fait que l'accusé avait reçu une formation militaire chez un groupe terroriste allié des Talibans et que cela constituait, en soi, un soutien militaire à l'ennemi. La juge de la Cour fédérale a cependant rejeté cet argument, en expliquant que l'effort de formation consenti par l'accusé ne pouvait sérieusement constituer un acte militaire. Elle a aussi expliqué que Kwon avait plutôt «utilisé des ressources» qu'«il ne les a fournies», notant au passage que le jeune homme n'avait fourni ni argent ni équipements aux Talibans.
Aujourd'hui âgé de 30 ans, Kwon est un sud coréen naturalisé américain. Diplômé de Virginia Tech, il a quitté les Etats-Unis neuf jours après les attaques terroristes du 11 septembre 2001 pour le Pakistan, où il reçut un entraînement militaire dans un camp de Lashkar-e-Taiba, que les Etats-Unis ont placé, en décembre 2001, dans leur liste des groupes terroristes.
Kwon ne s'est certes jamais vraiment battu aux côtés des Talibans en Afghanistan. Cela n'empêche pas qu'il en a eu, un moment, la ferme intention. De même, le «réseau jihadiste de Virginie» est-il né au cours d'une réunion dans son appartement de Fairfax, une banlieue de Washington D.C., dans le district fédéral de Columbia. Cela s'est passé le 16 septembre 2001, soit un mois après que le Sud-Coréen eut obtenu la nationalité américaine et cinq jours après les attentats de triste mémoire.
En ce 16 septembre 2001, Kwon et plusieurs de ses camarades se sont engagés, en effet, solennellement, à répondre à l'appel au jihad lancé par leur guide spirituel Ali Al-Timimi. Ils ont suivi, dans les jours suivants, une formation préliminaire au maniement des armes dans les forêts proches de Fairfax, avant de partir en Afghanistan avec la ferme intention de combattre les forces américaines aux côtés des Talibans.
C'est le cas, en tout cas, de Kwon qui, le 20 septembre 2001, a pris un vol à destination de Karachi, au Pakistan. Son jihad, il l'a commencé dans les montagnes pakistanaises, dans un camp de Lashkar-e-Taiba, où il reçut une formation accélérée de combattant, censée lui permettre de combattre aux côtés des Talibans, en Afghanistan.
Kwon a profité de son séjour dans ce camp pour améliorer ses compétences en matière de maniement des armes semi-automatiques. Il s'est familiarisé aussi avec les techniques de lancement des grenades. Mais il n'a pas pu joindre l'Afghanistan, et ce n'est pas faute de l'avoir ardemment désiré. Il était simplement arrivé trop tard sur le champ de bataille. La guerre avait déjà éclaté et la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan était fermée. En fait, les forces américaines ont déjà pris le contrôle de l'Afghanistan, lorsque Kwon a achevé sa formation. Ses mentors lui ont alors proposé une autre option, moins glorieuse, certes, mais tout aussi utile: retourner aux Etats-Unis pour réunir les renseignements nécessaires au jihad.

Un jeune homme sous influence

Né à parents chrétiens, Kwon s'est converti à l'islam en 1997. Il a écouté Al-Timimi pour la première fois en 1997, à Chicago, au cours d'une conférence de l'Islamic Assembly of North America (l'Assemblée islamique de l'Amérique du Nord). Il a ensuite suivi les cours que le théologien donnait régulièrement dans sa maison, en Virginie du Nord.
Al-Timimi était connu au sein de la communauté musulmane à travers ses prêches enregistrés sur des bandes audio et vidéo et ses cours diffusés sur Internet. Il faisait partie aussi du conseil de rédaction d'''Assirat Al-Mustaqueem'', un magazine international de langue arabe publié à Pittsburgh entre 1991 et 2000. Ce magazine a souvent appelé au jihad contre les Chrétiens et les Juifs. Il a souvent aussi chanté les louanges d'Oussama Ben Laden, des Talibans d'Afghanistan et du rebelle tchétchène Shamil Basayev.
Kwon expliquera, plus tard, aux enquêteurs qu'il a grandi dans l'admiration et le respect de cet homme, dont il continué à suivre les cours donnés à la mosquée Dar Al Arqam à Falls Church, en Virginie du Nord. Al-Tamimi y parlait, entre autres sujets, de la purification des âmes et du nouvel ordre du monde selon l'islam. Il y parlait aussi de jihad.
C'est en marge de ces cours que Kwon fit connaissance avec un groupe de jeunes musulmans, tous gagnés aux idées extrémistes du cheikh. Pour préparer le jihad, le groupe a commencé à s'entraîner au maniement des armes dans les campagnes et les forêts environnantes. Il comptait deux vétérans de l'US Army et plusieurs ingénieurs, qui se réunissaient régulièrement, depuis le début de 2000, et parlaient continuellement de jihad.
Après les attentats du 11-Septembre, le jihad est devenu la préoccupation principale de Kwon et de ses camarades. «L'Enfer russe», une vidéo montrant des rebelles tchétchènes exécutant un prisonnier de guerre russe, était la vidéo jihadiste la plus regardée et discutée au sein du groupe. «Ces vidéos nous ont beaucoup affectés. Il nous ont aussi inspirés», a expliqué Kwon au cours du procès. Le martyr était l'autre thème favori des apprentis jihadistes de Virginie qu'il fréquentait assidûment.
«Le jihad est quelque chose auquel aspire tout musulman», a expliqué Kwon, en réponse à des questions des jurés, neuf hommes et cinq femmes, et d'ajouter : «Nous en avons parlé [avec les autres membres du groupe de Virginie]. Je ne sais pas si nous étions réalistes, mais nous en avons parlé, parce que c'était un acte très noble». Il expliquera aussi au tribunal que ses camarades étaient tous prêts à prendre des armes, s'il en était besoin, pour défendre l'islam. Ils ont commencé à s'entraîner au tir et à faire des manoeuvres militaires dans les champs. Al-Timimi n'a jamais pris part à leurs jeux dangereux, mais il était au courant de leur activité et les y encourageait. Kwon racontera aussi aux enquêteurs que le soir du 11 septembre 2001, il s'est rendu à la mosquée où il a rencontré Al-Timimi. Ce dernier a qualifié les attaques terroristes de «punition divine de l'Amérique», alors qu'un autre théologien, présent dans la mosquée, les avait fermement condamnées. «Cette nuit là, en quittant la mosquée, Al-Timimi m'a demandé de réunir quelques frères et d'élaborer un plan pour faire face à d'éventuels actes d'hostilité envers les Musulmans aux Etats-Unis», a raconté aussi Kwon.
A l'en croire, Al-Tamimi avait dit aux membres du groupe que l'effort de diffuser l'Islam aux Etats-Unis était fini et que d'autres options étaient ouvertes. Les apprentis jihadis étaient alors incités à quitter les Etats-Unis pour rejoindre les moujahidines préparant la défense de l'Afghanistan contre une invasion américaine annoncée.
Kwon, qui a largement coopéré à l'enquête sur les réseaux jihadistes aux Etats-Unis, n'a pas tardé à être récompensé par la justice américaine. C'est ainsi que la juge Leonie M. Brinkema a décidé de réduire sa peine à 38 mois et celle de son co-accusé Khwaja Mahmood Hasan à 37. C'est, en tout cas, ce qu'a rapporté le ''Washington Post'' du 25 février dernier. Considérant le temps que les deux hommes ont déjà passé en prison et leur bon comportement durant leur détention, Kwon et Hasan ont été libérés en février dernier. Quant à leur leader spirituel, Al-Timimi, qu'ils ont accablé par leurs témoignages respectifs, il a été reconnu coupable par la Cour fédérale américaine d'Alexandria et condamné, en 2005, à la prison à vie.
Source:
- Terry Frieden:"Three sentenced in Virginia jihad case'', www.cnn.com, 7 novembre 2003.
- Jeffrey Imm:"Witness testifies against Al-Timimi", ''http://pittsburghlive.com'', mis en ligne sur le site ''www.jihadwatch.org'', le 11 avril 2005.
- Jerry Markon:"Prosecutors Said Pair Had Contributed Greatly to Federal Investigation of Terrorism Cases", Washington Post, 25 février 2006.
Demain: 30 - Seifullah Chapman


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