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"Je ne jamais vu ça de ma vie !"
Spectacle de Gad Elmaleh à Carthage
Publié dans Le Temps le 03 - 08 - 2007

Finalement la date est arrivée et tout le monde s'est déplacé en masse, les sketchs appris par coeur, mais aussi les mimiques et le déhanchement. Incontournable Gad, c'est le cas de le dire, Gad tout-puissant, mobilisation tous azimuts pour le seul spectacle attendu de toute la programmation de la quarante-troisième session du Festival international de Carthage.
Gad Elmaleh pouvait-il espérer un public aussi nombreux - et le mot est très, très faible !
De mémoire d'homme, jamais l'amphithéâtre de Carthage n'a été aussi bondé. De la folie, un engouement aussi phénoménal dépasse toute imagination ! Au risque de se perdre dans des descriptions exagérées et qui ne pourraient jamais faire le poids, bornons-nous à rapporter ce que Gad lui-même a dit en entrant sur scène : "Mouch normal !" Il y avait du monde partout, les spectateurs étaient collés serrés, certains ont préféré regarder le spectacle en grimpant sur les arbres, les rochers dont personne ne s'approche d'habitude ont été envahis ; accroupis, les uns assis sur les genoux des autres ; à croire même qu'il y a eu plus de spectateurs que l'amphithéâtre n'en supporte d'habitude !
L'événement tant attendu depuis des années, la production a su quand l'inviter, la direction du festival où le programmer, et Gad Elmaleh quand répondre affirmativement ; ainsi, une triple réussite fait le bonheur de tout le monde, ou presque, puisque nous savons tous qu'il n'y avait pas assez de billets pour satisfaire tous les demandeurs et rassasier leur soif de rires. Depuis des années, Gad Elmaleh est le seul à exercer un phénomène de masse sur la population tunisienne, toutes catégories confondues, parvenant à dilater la rate de tout se beau monde, sans que monsieur sache vraiment la fréquence à laquelle ses DVD (convertis en Divx, en réalité, mais ça, il ne le sait pas) sont piratés (aussi bien par téléchargement que gravure) et regardés. Mais le soir du mercredi 1er août, Gad Elmaleh a eu la preuve que le public tunisien est insurpassable.
Fièvre générale des heures avant le coup d'envoi, et les spectateurs qui continuaient à affluer pour dénicher une place à l'étroit entre deux personnes, un rocher où se surélever ou une branche d'arbre où s'accrocher. Les lumières éteintes, les spectateurs sortaient leurs mobiles pour éclairer par mille feux bleus et blancs la traversée des yeux azur éberlués de voir autant de monde n'attendant que lui. Le public n'avait d'yeux et d'écrans que pour Gad, le déhanchement de Gad, les mimiques de Gad, les sautillements de Gad, les grimaces de Gad, la guitare de Gad ! "Je crois que je n'ai jamais vu ça de ma vie !" a-t-il déclaré devant cette foule noire agitée et au bord de l'hystérie, n'attendant que des répliques pareilles pour se lancer dans un hurlement collectif en agitant les bras, oubliant par moments que le pauvre Gad, tout puissant est-il, n'avait pas assez d'yeux pour les voir tous. Trois jours plus tôt, en concert à Suisse, Gad Elmaleh croyait n'avoir jamais vécu un moment aussi fort devant des spectateurs suisses tellement nombreux... il ne savait pas ce que c'était que la mythique scène de Carthage - et les mythiques ex-Carthaginois.
Il ne savait pas par quoi commencer, ni à quoi s'attendre, alors en se lançant avec sa guitare, quelle fut sa surprise quand dix mille spectateurs (beaucoup plus, indubitablement) ont entonné avec lui les paroles : "Petit oiseau si tu n'as pas d'ailes, tu peux pas voler..." Gad, qui croyait faire plaisir au public tunisien en interprétant des extraits de son précédent spectacle, "L'autre c'est moi", n'imaginait certainement pas que les spectateurs avaient poussé les limites de leur "fanatisme" jusqu'à apprendre par coeur les paroles de cette chanson incontournable. Mais pas seulement : "Mouch normal" a-t-il dit quand le public s'est mis à répéter avec lui les paroles de ses sketchs.
Pour être courtois, probablement, il a préféré manifester son étonnement face à ces dix mille voix qui jouaient avec lui le sketch, mais quelques-uns se sont dit dès le début que c'était grillé et qu'ils ne pourraient pas digérer convenablement leur spectacle, alors que Gad ne pourrait pas bien faire son travail, celui pour lequel il s'est fait attendre (et désirer) depuis des années. Mais comme un pro, ou en pro pour être plus correct, il a continué son spectacle avec maestria, en enchaînant les sketchs et les improvisations. Ainsi avons-nous eu droit à des extraits de "L'autre c'est moi" (stand-up), agrémentés de scènes de son "sketch-up" "Papa est en haut", dont la première mondiale a eu lieu le 15 juillet dernier au Canada. C'est vrai que nous aurions préféré qu'il nous joue un spectacle sinon entièrement, du moins majoritairement inédit, mais ç'aurait été inapproprié, selon l'organisation, de jouer un tout nouveau one-man-show pour son premier spectacle en Tunisie.
Et puisque Gad va à DisneyLand avec son petit, voulant au passage avoir un autographe de Mickey (il est possible de prévoir la réaction du cartoon à la vie du papa star), le blond est téléporté avec son fils dans le parc d'attractions ; et c'est ainsi que s'est enchaîné le spectacle, des scènes reliées les unes aux autres par des transitions recherchées, et qui versaient parfois dans l'improvisation, alors que c'était bien calculé. On a rencontré le fils de Gad, sa mère (archétype de la mère juive), il nous a fait rire sur le langage SMS (il a parlé également des chiffres en Tunisie qui traduisent les consonnes en arabe), sur le bafouillage d'un grand chanteur qui interprète soi-disant une bonne chanson - en jouant au piano, s'il vous plaît ! Nous avons revu sa parodie des comédies musicales (accompagné intégralement par le public, à l'évidence - disons aussi que c'est une manifestation on ne peut plus explicite de la volonté de Gad de se mettre sérieusement à chanter !), les différents personnages qu'il peut y avoir dans une boîte de nuit, et puis les Australopithèques (un code pour identifier les hommes complètement bourrés) et les chaussures qui lui reviennent à la figure quand il les lance dans la chambre en rentrant.
"Un pied total !" a-t-il dit, sur une scène immense (qui lui a donné envie de "gambader"), en osmose avec un public hilare, dont la majorité a passé outre le fait que les sketchs soient prévisibles. Sinon ce détail, et le public auquel il était impossible de demander de se calmer un peu pour profiter collectivement de ce moment rare, notre pied aurait été total.


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