La teneur des travaux du dernier Conseil central de la Voie Démocratique et Sociale (VDS), la situation dans le pays et les relations avec les autres partis ont été les faits saillants évoqués lors de la conférence de presse fort suivie tenue hier à Tunis au siège de la VDS. Le Conseil central est la plus haute instance entre deux congrès. Samir Taïeb porte parole d'Al Massar dira que la plus importante décision prise par ce Conseil tient à la tenue du congrès constitutif de ce parti au mois d'octobre prochain. A titre de rappel ce nouveau parti est la création d'Ettajdid, du Parti du Travail Tunisien (PTT) et des indépendants de l'ancien Pôle Démocrate Moderniste (PDM). « Il ne suffit pas que trois directions de partis décident de créer un nouveau parti pour qu'il se crée de lui-même.
Le travail va se poursuivre pour assurer le succès pour le nouveau né », affirme le porte-parole. C'est un nouveau né au service du pays, ouvert aux autres qui partagent le même souci celui de sauvegarder le modèle tunisien. « Nous refusons toutes les solutions qui tirent en arrière », prévient-il. Le dialogue avec ceux qui partagent la vision et la position de défense du modèle tunisien, se poursuit. Il en est ainsi pour le Parti Républicain (PR) et le parti Nida Tounes qui sera traité comme les autres partis.
La situation générale dans le pays a été traitée. « En plus des crises connues, la dernière est à caractère constitutionnel. Elle résulte non pas d'un différend entre le pouvoir et les dits comploteurs, mais à l'intérieur même de la Troïka. C'est un litige relatif aux prérogatives et les compétences des deux têtes de l'Exécutif. Cette crise confirme ce que nous avons déjà dit sur la tendance hégémonique du Gouvernement. Cette tendance est allée plus loin que les autres partis en dehors de la Troïka. Les problèmes sont à l'intérieur de la Troïka. Le navire est sans commandant », affirme Samir Taïeb. Un secrétaire d'Etat annonce l'ouverture des frontières alors qu'un ministre dément. Le dernier Conseil central a insisté sur la question des libertés. Le Doyen de la Faculté des Lettres et des Humanités, Habib Kasdaghli comparaît en procès aujourd'hui. « Le Gouvernement et le Mouvement Ennahdha ne peuvent concevoir les libertés », assure Samir Taïeb.
Ahmed Brahim, président de la VDS pense que la crise actuelle est le résultat logique de la loi fondamentale d'organisation provisoire des pouvoirs. « Nous avons tiré la sonnette d'alarme dès le début. On ne nous a pas écoutés. Chacun agit individuellement, ce qui déteint fâcheusement sur la situation pour finalement donner une image négative sur la Tunisie post-révolution, une Tunisie des pulsions individuelles. Les différends et tiraillements ne sont pas seulement entre les deux têtes de l'Exécutif. Ils sont aussi entre un ministre et un secrétaire d'Etat. », dit-il. Ahmed Brahim déplore que l'Assemblée Nationale Constituante soit tenue à l'écart. « Il faut en finir de la traiter comme une chambre d'enregistrement.
La solution se trouve dans le dialogue national, qui doit être continu. Nous avons proposé la création d'une Instance nationale de dialogue. Dans ce cadre, nous soutenons l'initiative de dialogue lancée par l'Union Générale Tunisienne de Travail (UGTT). Jusqu'à quand va-t-on attendre l'établissement d'une feuille de route ? A quand la création d'une Instance indépendante des élections ? Jusqu'à quand retarder la justice transitionnelle ? Le dossier des blessés de la Révolution traîne en longueur. Les partis politiques ont été invités à trois jours du démarrage des travaux de la conférence nationale sur l'emploi, pour l'ouverture et la clôture. » Il y a un refus de dialogue.
Abdeljelil Bédoui, vice-président de la VDS qualifie la situation de dramatique. Il l'explique par la mentalité prédominante chez ceux qui détiennent le pouvoir. L'autorité actuelle considère que la légitimité électorale est un titre de propriété et que l'ANC est l'instance de conservation foncière qui enregistre les titres de propriété ». Il repose la question de la relation entre intérêt national et légitimité électorale. « Lorsque l'intérêt national est en danger, que vaut la légitimité électorale ? Les gouvernants traitent le pays pareil à un partage de butin. La Révolution, signifie pour eux une conquête dont il doive tirer profit. Pour dépasser cette situation dangereuse, il faut recourir à la légitimité consensuelle », affirme Abdejlil Bédoui.
Concernant, les membres de la VDS qui ont rejoint le parti Nida Tounes, Ahmed Brahim, pense que c'est leur droit. Al Massar poursuivra son chemin en organisant son congrès, tout en entreprenant l'action de rapprochement avec les forces démocratiques. Samir Taïeb précise que les rencontres avec le Parti Républicain sont pratiquement hebdomadaires.
Tout en refusant l'idée de fusion au sein d'autres partis, Al Massar opte plutôt pour la création d'un front politique civil qui défende le modèle tunisien. C'est un front qui a l'ambition de ne pas être uniquement électoral. Il s'agit d'asseoir un équilibre au sein du paysage politique. Il faut éviter qu'il y ait remise en cause du modèle tunisien de société.
Concernant, le passeport diplomatique délivré à Rached Ghannouchi, Ahmed Brahim, dira qu'il se trouve être le seul en dehors de l'ANC à en disposer. Hamma Hammami et Chokri Bellaïd dont les partis sont représentés au sein de l'ANC n'ont pas eu ce privilège d'obtenir un passeport diplomatique.