Le Parti communiste ouvrier de Tunisie (PCOT) change de dénomination. L'adjectif «communiste» vient de sauter et la formation fondée en 1986 par des marxistes léninistes réunis autour de Hamma Hammami est désormais baptisée « le Parti des Travailleurs» (Hizb El Ommal en arabe). La nouvelle a été annoncée hier lors d'une conférence de presse par le secrétaire général du parti interdit sous le règne de Ben Ali et légalisé au lendemain de la révolution. «Après de longues consultations à l'intérieur des structures du parti ainsi que ses sympathisants et ses amis, nous avons décidé d'opter pour l'appellation le Parti des Travailleurs », a déclaré Hamma Hammami. Et d'ajouter : « cette décision a été prise dans le but de s'approcher davantage des couches populaires lesquelles sont porteuses de préjugés aussi négatifs sur le communisme. Ces préjugés et ces idées reçues sont liés à des questions religieuses et identitaires ». Auprès de larges franges de la société, le terme communisme renvoie, en effet, à l'athéisme. Durant la dernière campagne électorale, Hamma Hammami avait d'ailleurs tout fait pour lutter contre ce cliché réducteur dans lequel ces franges enferment le parti. «Communistes ne veut nullement dire athées. Nous avons parmi nos militants des hadjs (pèlerins) et des imams», répétait le chef historique du parti, à chaque apparition médiatique.
La question du changement de la dénomination avait déjà été discutée en juillet 2011, lors du dernier congrès national du parti. Aucune décision n'avait été prise à l'époque, les militants ayant plaidé pour un débat plus profond à ce propos.
Front de gauche
D'autre part, Mamma Hammami a fait état de l'avancement des concertations visant à créer un front regroupant les partis de gauche capable de faire avorter les tentatives de confiscation de la révolution menées par des forces rétrogrades, appelant au passage à dépasser les obstacles qui freinent le regroupement des forces de gauche et des partis progressistes. Le premier noyau de cette alliance évoquée par le secrétaire général du parti des travailleurs compte déjà neuf partis, dont le Parti des Travailleurs, le Mouvement Baâth et le Mouvement des Patriotes Démocrates (MOPAD, Al-Watad), le parti de l'Avant-garde arabe et démocratique (Attaliâa), le Mouvement du Peuple et le Parti du Travail patriotique et Démocratique (PTPD). Baptisé le «Front populaire du 14 janvier », cette coalition entend peser de tout son poids sur l'échiquier politique national lors des prochaines élections et constituer une troisième voie crédible, aux côtés de la droite à vocation religieuse représentée par Ennahdha et ses alliés et la droite libérale, incarnée par le mouvement Nidaâ Tounes.
En ce qui concerne la situation politique actuelle, M. Hammami a dénoncé « les perturbations et les tiraillements perceptibles au niveau du pouvoir exécutif » et «les blocages des réformes touchant aux secteurs stratégiques comme la sécurité, la magistrature et les médias». Il a également estimé, dans ce même chapitre que « la troïka au pouvoir actuellement est incapable de réaliser les objectifs de la révolution ».