Aboubakr a tenu bon de mater les apostats et il est arrivé à ses fins grâce à sa foi inébranlable et par fidélité au Prophète dont il était le successeur et par respect à sa volonté. Cependant certains historiens arabes affirment qu'à un moment, certains compagnons du Prophète se sont opposés à l'idée de tuer les apostats, car parmi ces derniers il y avait ceux qui n'étaient viscéralement contre l'Islam mais plutôt contre Aboubakr.
Omar Ibn Al Khattab lui avait dit en effet : « Comment ose-t-on tuer ceux qui croient au monothéisme et qui ont prononcé : LA ILA ILLA ALLAH (Il n'y de Dieu qu'ALLAH), surtout que le Prophète Mohamed a toujours dit : J'ai reçu l'ordre d'ALLAH de combattre les Quoraïchites jusqu'à ce qu'ils se résignent à dire : LA ILAHA ILLALLAH. Ils deviendront dès lors nos protégés et nous serons les garants de leur sécurité ainsi que de celle de leurs familles de leur honneur et de leurs biens ! »
Mais Aboubakr a tenu bon et n'a pas suivi l'avis de Omar Ibn Al Khattab.
Dans son ouvrage « Ashaïkhane » le penseur et homme de lettres égyptien Tahan Hussein, estime que cette version n'est pas très digne de foi.
Il faut dire que Omar Ibn Al Khattab, surnommé le tranchant, s'est opposé également au traité de paix de Houdeïba passé entre le Prophète et les polythéistes de Quoraïch. Ce serait pour cette raison que Aboubakr ne l'a pas suivi dans son avis consistant à ne pas combattre les apostats.
En réalité ces apostats n'ont pas renoncé à l'Islam, après s'être convertis de leur propre gré, mais ils refusaient d'accomplir certaines obligations dont notamment la Zakkat, qui est un impôt obligatoire sur le revenu, et parmi les cinq piliers de l'Islam qui sont : Achahada (Il n'y a de Dieu qu'ALLAH et Mohamed est son Messager et Prophète). La prière, la Zakkat, le jeûne et pèlerinage pour ceux qui le peuvent tant sur le plan matériel que physique.
Pour Aboubakr, les apostats (Murtad) ne sont pas seulement ceux qui ont renoncé à la religion musulmane après s'être convertis, mais également ceux qui refusent d'appliquer les rîtes obligatoires tels qu'énoncés par Mohamed à travers la Sainte Parole de Dieu.
Aboubakr savait à l'avance que la bataille qu'il a livrée à l'encontre des apostats allait se solder par des pertes humaines parmi les musulmans.
Il était convaincu que ces musulmans qui se sacrifient par obéïssance aux commandements de Dieu seront des martyrs qui iront au Paradis et sa foi était inébranlable.
Aussi avait-il tenu à appliquer les commandements de Dieu, tels qu'ils lui ont été transmis par le Prophète Mohamed dont il était le compagnon fidèle et auquel il faisait une confiance aveugle.
Taha Hussein souligne dans son ouvrage précité que la personnalité de Aboubakr était quelque peu contradictoire. D'une part il n'était pas dur de caractère et était de ce fait enclin à pardonner par la clémence étant parmi les attributs d'Allah.
Mais d'autre part il s'est montré dur et intraitable devant les apostats et a tenu à les combattre sans pitié et les hommes qu'il a chargés de cette mission l'ont suivi et lui ont obéi à la lettre c'était peut être dû au fait qu'étant devenu Calife et successeur du Prophète, il ne voulait pas faillir à ses obligations en tant responsable de tous les musulmans.