Taux de suivi satisfaisant selon l'UGTT ; un échec selon la version officielle Comme prévu, le secteur de la santé à Sfax a observé hier une grève dans le cadre du cycle de grèves tournantes, décrétées samedi dernier par la commission administrative de l'UGTT régionale. Le taux de suivi par les agents est jugé satisfaisant par la partie syndicale qui le situe aux alentours de 65%, prenant appui sur la participation jugée massive des syndicalistes et des adhérents à la réunion au siège de l'UGTT régionale, à l'issue du sit-in observé au CHU, suivi d'une marche vers ledit siège. Ce taux d'adhésion au mot d'ordre de grève est par contre situé à un niveau largement inférieur par les sources officielles. Pour récapituler disons que ces sources en minimisent l'impact sur le fonctionnement des services, affirmant qu'aussi bien les services internes, les laboratoires que le bloc opératoire ont fonctionné normalement et que seules les consultations externes ont connu des perturbations assez importantes, réduisant de moitié leur capacité de fonctionnement. Les services touchés par la grève sont ceux des maladies infectieuses, d'endocrinologie, de néphrologie, de maladies cardio-vasculaires, et d'ophtalmologie relevant des deux CHU.
D'après une source syndicale, pour juger du taux de ralliement du mot d'ordre de grève, il faut tenir compte du nombre d'agents rattachés aux services qui fournissent des prestations urgentes aux malades lesquels agents n'ont pas quitté leurs postes sur instruction de l'UGTT.
Statistiques officielles définitives
La direction régionale de la santé à Sfax a établi les statistiques officielles relatives à la grève. Ces statistiques se présentent comme suit : taux de suivi général à l'échelle du gouvernorat (11.4%), au CHU Hédi Chakr ( 15%), au CHU habib Bourguiba (03%), à Skhira( 76%), à kerkennah ( 65%), à Menzel Chaker ( 19%), au groupement de la santé de base ( 07%), enfin, à Jébéniana et Mahrès (00%).
Cas du CHU Hédi Chaker
De son côté, Jamel Hakim, directeur général du CHU Hédi Chaker, avance des chiffres qu'il dit bien révélateurs du degré de suivi de la grève, affirmant que seuls 139 agents de son établissement sur les 1461 agents que compte l'EPS se sont joints aux grévistes. Parmi les 139 cités, certains, tout comme les dix régisseurs de l'établissement n'ont pas été présents à leur poste par peur des représailles, dans la mesure où « les membres du bureau syndical ont exercé une forte pression sur le personnel et brandi la menace de riposte sévère en cas de désobéissance au mot d'ordre de grève ». Quant au très faible de taux de participation au mouvement de grève, jamel Hakim l'interprète comme un signe de désaveu dudit bureau du personnel, comme en témoigne la constitution d'un front adverse qui a recueilli environs 600 signatures exigeant la dissolution de l'actuel bureau, « adepte de terreur et de violences physiques et verbales dans ses relations avec les agents de la santé »
Services gratuits
Toujours selon notre interlocuteur, le CHU Hédi Chaker a fonctionné à plein rendement fournissant les prestations requises aussi bien dans les services de consultation interne que dans les services de consultation externe. Il a affirmé que toutes les consultations externes ont accueilli les malades et que même les services internes ont été mobilisés pour leur fournir les prestations nécessaires à titre gratuit étant donné la défaillance des dix régisseurs de l'établissement, absents dit-il par crainte des représailles des membres du bureau syndical des agents de la santé, qui auraient exercé une pression sur les agents et brandi la menace de ripostes sévères. Ainsi toujours d'après le directeur du CHU, tous les malades ont été servis grâcieusement en soins ambulatoires, en consultation externe, en examens bilogiques et en explorations radiologiques.
Issue de compromis en vue ?
Une note gaie, cependant : le déblocage de la situation est enfin envisageable dans la mesure où les contacts et les démarches entreprises par les différentes parties en conflit révèlent leur disposition à entreprendre un dialogue dont on espère un dénouement de la crise. En effet, une réunion est prévue cet après-midi au siège du ministère des Affaires sociales pour trouver une issue honorable à ce conflit qui empoisonne les rapports entre les différentes parties.