Référendum interne pour le choix du nom du parti Des mesures financières et sociales urgentes à prendre «Moncef Marzouki devrait se confondre en excuses au peuple», déclare Mohamed Kilani
Les travaux du deuxième congrès du Parti Socialiste de Gauche (PSG) tenus samedi et dimanche derniers à Tunis enregistrèrent des discussions profondes, parfois tendues mais, tout de même, fort instructives. Elles ont permis de débattre de plusieurs questions d'actualité brûlante.
La principale conclusion dont on peut tirer est l'engagement résolu pour la formation d'un front pour la sauvegarde de la République.
Après la séance d'ouverture marquée par l'intervention du secrétaire général du parti, et des représentants de partis amis, comme Nida Tounès, la Voie Démocratique et Sociale Al-Massar, le Parti du Travail Patriote Démocrate, les débats ont duré deux journées. Dans une déclaration au « Temps », Mohamed Kilani, secrétaire général du PSG, a affirmé, hier, que la décision est prise par le parti pour aller de l'avant dans la constitution d'un front démocratique unifié ouvert à toutes les forces républicaines qu'elles soient de gauche ou libérales. Ce front en plus de Nida Tounès, du Parti Républicain, de la Voie Démocratique et Sociale plus connue sous le nom Al Massar, intègre aussi le Front de Gauche déjà constitué de 12 partis d'obédiences différentes de gauche dite radicale, modérée, verts et panarabe. Il a été convenu d'un programme de sauvetage économique et social, tout en clarifiant la nouvelle étape transitoire. Des discussions ont concerné la vie interne du parti, comme le règlement intérieur. « Certains problèmes organisationnels ont été passés en revue », dit-il. La dénomination du parti a été à l'ordre du jour. Faut-il s'en tenir aux deux qualificatifs Socialiste et Gauche, ou se limiter tout simplement à la dénomination Socialiste ? De grandes discussions ont concerné ce point. Des divergences eurent lieu amenant, certains à proposer de garder l'ancienne dénomination. D'autres, plus concis préfèrent se limiter à la dénomination Parti Socialiste. Comme les régions n'étaient pas toutes représentées, le congrès n'ayant pas été électif, il a été décidé de recourir à un référendum qui départagerait les frères antagonistes à l'intérieur du parti et ce, dans un délai de deux mois. Les militants auront à choisir eux mêmes la dénomination de leur parti. Une première au sein de la Gauche tunisienne. « Tous les militants participeront à ce référendum, afin que chaque membre sente que sa voix est entendue », précise Mohamed Kilani. Il ajoute que « les débats ont été filmés et enregistrés. Ils ont été très poussés. Dans les prochains jours, un CD sera édité, pour l'histoire. Les décisions avaient été prises après longues discussions pratiquement à l'unanimité. C'est une des rares expériences démocratiques que j'ai eu à vivre. Il y a eu des moments de grande tension. Ils ont été dépassés par les intervenants eux-mêmes de façon naturelle».
Après ce congrès, Mohamed Kilani, pense que la principale mission à accomplir est l'action pour la formation de ce front uni, la préparation des listes communes et la mise en place de la machine électorale. « C'est la première urgence sur le plan politique », dit-il.
Les congressistes se sont penchés sur les questions économiques et sociales. « Deux urgences s'imposent. La première consiste à agir pour prendre des mesures financières permettant de mettre un terme à la dégradation de la situation économique du pays et la pression consécutive à la crise économique européenne et les implications des perturbations et arrêts de la machine économique depuis le 17 décembre à nos jours. Des mesures urgentes sont à entreprendre pour juguler la dégradation et engager la relance économique. La deuxième nécessité urgente concerne les mesures sociales à envisager. Le peuple tunisien ne peut attendre encore plus. Dans toutes les Révolutions, l'Etat est appelé à protéger les couches populaires », précise-t-il. Des mesures salvatrices sont à prendre en faveur des régions déshéritées afin d'alléger leurs souffrances.
A propos de la position du président provisoire Moncef Marzouki, fustigeant « les tentatives d'Ennahdha de mettre la main sur les rouages de l'Etat », Mohamed Kilani a affirmé : « Moncef Marzouki devrait présenter des excuses au peuple parce qu'il a facilité à Ennahdha la prise du pouvoir. Nous lui avons déjà dit que si Ennahdha arrive au pouvoir, elle s'y accrochera. Après l'étape de propagande et l'arrivée au pouvoir, ils (les Nahdhaouis) passent à sa consolidation pour islamiser l'Etat et la société. Chaque fois qu'on le lui disait, il nous attaquait et nous disait que nous ne voulons pas que le Gouvernement travaille. Il doit s'excuser. Le 23 octobre prochain, il doit rappeler au Gouvernement et aux autres instances que leur mission est finie ».