La destruction de mausolées musulmans en Libye est un nouveau signe de la menace galopante de l'extrémisme religieux qui s'installe, s'étend et prend de l'ampleur dans les pays du printemps arabe, ceux qui ont chassé leurs dictateurs du pouvoir, pour installer la démocratie et respirer l'air de la liberté et de la dignité. Et pourtant, l'avenir s'annonçait sous de bons auspices. La volonté des peuples s'est exprimée en toute clarté par l'organisation d'élections libres, transparentes et démocratiques qui ont porté au pouvoir les partis les plus réprimés du temps de la dictature, mais, les plus structurés, les plus organisés et les plus infiltrés dans les classes moyennes ou démunies. La Révolution marque, donc, le retour en force des islamistes modérés et dans leur sillage, les extrémistes religieux, ceux qui s'affichent, aujourd'hui, au grand jour, font étalage de démonstrations de force, veulent imposer leur doctrine et sèment le désordre et l'anarchie : Auraient-ils agi de la même façon si un gouvernement non-islamiste était aux commandes ? Il est difficile de répondre, mais, ce qui est sûr, c'est qu'ils sont sécurisés à l'ombre de régimes qui ne leur sont pas complètement hostiles et qui trouvent des explications à leurs agissements encouragés par un laxisme qui leur procure un sentiment d'impunité. En Egypte et en Tunisie, il y a les institutions de l'Etat, comme il y a la société civile et l'opposition libérale, mais, en Libye, où il n'y a rien de cela et où les armes pullulent, le danger risque d'être destructeur.