Aux lendemains du mois de Ramadhan, on s'attendait à ce que les prix connaissent une accalmie après la frénésie consommatrice qui a marqué cette période. Une inflation galopante qui touche particulièrement l'alimentation, mais aussi divers domaines que nous avons tenté de réunir dans une liste exhaustive, mais qui s'allonge de jour en jour...
Votre portefeuille se souvient encore des prix des produits alimentaires, et en particulier des fruits et légumes qui s'étaient envolés, pour atteindre des niveaux préoccupants. Un petit tour dans nos marchés nous a permis de constater que rien n'a changé et que les prix continuent à flirter avec les sommets qu'ils ont connus durant Ramadhan.
Côté fournitures scolaires, les cartables varient entre 20 et 30 Dinars, avec pour ceux qui possèdent des roues, des pointes à 56,900 Dinars pour les filles et 66,900 Dinars pour les garçons. Les crayons, stylos et autres feutres démarrent à deux Dinars pour atteindre des sommets inabordables par les citoyens aux revenus modestes, à plus de 15 Dinars. Les tabliers standard, c'est-à-dire moches et mal coupés démarrent à 12 Dinars et atteignent plus de 20 Dinars.
Il faut ajouter à tout cela la récente augmentation des prix des hydrocarbures, qui a pour conséquences une importante hausse du prix des transports sous toutes leurs formes. Les transporteurs de marchandises, style 404 bâchée et Isuzu ont déjà répercuté cette augmentation sur leurs tarifs et les louages vont certainement les imiter, suivis par les taxis et autres bus et métro. Un engrenage dont le simple citoyen va payer le prix, comme toujours...
Les raisons avancées par les responsables de ce secteur ne varient pas : la contrebande qui, d'après un responsable au ministère du Commerce « lèse l'économie tunisienne, notamment avec le transfert illicite de marchandises subventionnées par l'Etat vers des pays voisins. » Un aveu d'impuissance qui laisse perplexe quant à la surveillance de nos frontières...
Autre argument, éternellement avancé : « les intermédiaires qui exploitent les agriculteurs et les citoyens en se sucrant sur leurs dos. Les « habbatas » sont donc une puissante catégorie de citoyens qui défient la loi en toute impunité. Et si on veut bien croire qu'au temps du régime de Ben Ali ils bénéficiaient de protections occultes, on peut légitimement se demander pourquoi on n'applique pas la loi à leur encontre.
Il faut aussi se poser la question de l'utilité des brigades économiques, ces dizaines de fonctionnaires payés par nos impôts et qui ne font pas leur travail correctement, quand ils le font ! Ils passent plus de temps dans leurs bureaux climatisés que sur les marchés pour freiner la cupidité de certains commerçants.
Un juriste rappelle que dans « le code pénal les articles 139 et 140, la manipulation des prix est considérée comme un crime, dont l'auteur peut subir de lourdes peines. Or dans la réalité qu'on pratique des amendes trop faibles, qui commencent à 20 Dinars pour atteindre mille dinars. Des sommes rarement atteintes... Il y a aussi la fermeture temporaire des locaux commerciaux, (avec ces fameuses affiches rouges qui signalent ce fait au public), mais qui n'est plus pratiquées pour des raisons inconnues...
Notons enfin le stockage à des fins spéculatives, afin que les prix ne varient jamais et restent à un haut niveau. A notre connaissance, aucun contrôle n'est effectué pour freiner cette pratique douteuse des entrepôts frigorifiques, alors que ce type de comportement contribue à la hausse artificielle des prix...
Tous ces éléments réunis, font que le citoyen tunisien vit dans le stress et les fins de mois difficiles. Car un père de famille qui ne peut pas satisfaire les besoins élémentaires de sa famille n'est pas un homme équilibré et risque d'avoir un comportement agressif vis-à-vis de ses proches. D'où les conflits liés aux difficultés matérielles que connaissent de nombreux couples...