La table ronde qui a été organisée dernièrement à la suite du projet de réforme du Haut Comité des Droits de l'Homme, a remis en cause la nécessité de l'existence d'un tel organisme public à côté de la Ligue Tunisienne des Droits une ONG qui est passée qui en disent long sur son efficacité et sur le rôle de médiation que cet organisme doit nécessairement jouer. En effet il ne faut surtout pas qu'un tel organisme public, ait pour objectif pour paralyser l'action des ONG dont notamment la LTDH, comme ce fut le cas sous le régime de Ben Ali. En fait, la notion de droits de l'Homme est inhérente à la nature de l'être humain, et abstraction faite de sa race ou de sa condition sociale. On affirme qu'elle existait depuis le règne de Cyrus le Grand en Perse au 6ème siècle avant JC. C'est ce que certains juristes ont appelé les droits naturels, sans lesquels aucun être humain ne peut jouir pleinement et surtout librement de son existence. Omar Ibn Al khattab, deuxième calife de l'Islam s'est exclamé : « A quel titre, faites-vous un esclave, d'un être que sa mère a mis au monde, libre ? » Ces droits contribuent d'une manière générale à préserver la liberté de l'être humain. Une liberté pondérée qui tienne compte de l'existence de l'autre, afin d'éviter que la loi de la jungle ne l'emporte sur celle de la paix, la sécurité et la justice. Le combat pour les droits de l'Homme est en fait un combat de tous ceux qui sont épris de liberté et de justice. Un homme libre doit être un homme juste afin d'éviter des abus de tout genre. En Tunisie, la lutte contre toute entrave à la liberté a commencé depuis l'ère carthaginoise où voilà plus de 2500 ans le pays a été doté d'une constitution, et a continué toujours avec la même ferveur que ce soit durant les régimes des monarques beylicaux, l'ère coloniale, ou depuis l'avènement de l'indépendance, sous Bourguiba puis Ben Ali. Ce fut toujours grâce au peuple, que les gouvernants s'étaient trouvés à chaque fois acculés à répondre à cette lutte continue, par des réalisations, dans ce sens, fussent-elles pour la forme, les autorités de l'époque ayant été au fond d'elles-mêmes réticentes à permettre toute notion de liberté sous quelque forme que ce soit. La constitution de 1861, sous M'hamed Bey, n'a jamais été appliquée, bien qu'elle ait inspiré tous les mouvements de lutte pour la libération du pays, dont notamment le parti du Destour. Quant à la constitution de 1959, elle a été le fruit de la Constituante de 1957, qui a contribué à l'abolition du régime monarchique. Elle était présidée par le leader Bourguiba, proclamé président de la République, et était composée, dans sa majorité de tous ses compagnons de lutte, férue de liberté et décidée à doter le pays d'une constitution digne d'un pays libre et démocratique. Les principes de liberté d'expression et les doits fondamentaux de l'Homme y étaient consacrés. Bien sûr les réserves qui y sont émises, sont sous le couvert de la loi appelées à instituer les limites à ces principes afin d'éviter des empiètements ou des abus. Cependant, et avec le temps, les principes de liberté et de droits publicsénoncés dans cette constitution, étaient restés lettre morte. L'atteinte aux droits de l'Homme dans leur ensemble, était pratiquée à travers l'attitude d'un Etat qui se réclamait pourtant de la démocratie. Afin de noyer le poisson, des institutions des droits de l'Homme étaient créées, mais dont le rôle était subordonné aux directives qu'elles recevaient de l'exécutif,et qui par conséquent n'avaient aucune liberté d'action ni aucune initiative dans le sens de la défense et de la préservation des droits publiques. Parmi ces institutions, le Comité Supérieur des Droits de l'Homme, a été créé en 1991 par décret présidentiel, afin « d'assister le président de la République en vue de consolider et de promouvoir les droits de l'homme ». La face cachée de ce comité avait pour but de faire écran à la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme, première association en Tunisie, voire dans le monde arabe, fondée en 1976, et légalisée en 1977 par Bourguiba. La ligue tunisienne des droits de l'Homme qui fut présidée entre autres par Moncef Marzouki en mars 1989, a commencé à subir des turbulences dès les années 1990, le comité supérieur des droits de l'Homme qui au fond avait aidé à l'intimidation croissante que menait l'Etat vis-à-vis de la LTDH et de toutes les organisations de défense des droits et des libertés. Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme, a fait remarquer au cours de la table ronde précitée que le Haut Comité, doit désormais répondre aux critères d'indépendance, de transparence et d'objectivité. Cette organisation doit être à cet effet, indépendante du pouvoir exécutif dans sa composition et dans sa fonction, a-t-il encore précisé. Le secrétaire général du bureau tunisien d'Amnisty International a quant à lui estimé qu'une telle organisation constitue « un leurre pour induire en erreur l'opinion publique » A méditer, afin de ne pas retomber dans les pratiques de l'ancien régime, où une telle organisation avait plutôt un rôle de façade, pour l'opinion publique nationale et internationale.