Les événements dramatiques du vendredi 14 marqueront pour longtemps la vie politique et sociale en Tunisie et continueront à hanter l'esprit des Tunisiens et à alimenter leurs peurs et leurs incertitudes. Cette violence implacable, ils ne la connaissent qu'à travers les écrans de télévision et dans des contrées à des années lumière de la civilisation et de la modernité. Elle est aujourd'hui tout près d'eux, dans leurs villes et leurs rues. Une nouvelle réalité, en fait sinistre, il est vrai mais à laquelle ils sont obligés de s'adapter sans pour autant sombrer dans le pessimisme et se résigner à accepter le fait accompli et succomber au diktat d'une minorité « égarée ». Car il s'agit de la Tunisie, pays de la modération, de l'ouverture, de la convivialité et de l'Islam tolérant. Jamais elle ne déviera sur la voie de l'extrémisme et de l'intégrisme religieux. La révolution est venue pour instaurer la démocratie, la liberté, la justice et pour consolider les acquis du peuple tunisien gagnés à travers son combat le long de son histoire trois fois millénaire. A-t-elle mal tourné comme veulent l'insinuer les esprits malintentionnés ? La montée des mouvements islamistes et leur accession au pouvoir sont-ils un accident de l'histoire ? Ce n'est pas évident, car le parti islamiste qui domine le gouvernement aujourd'hui s'est engagé a respecter les libertés individuelles, à protéger les droits des femmes et des minorités et les droits humains universellement reconnus. Un langage qui cache d'autres visées, disent leurs détracteurs. Comme preuve, son laxisme envers les salafistes dont il se servirait comme carte électorale et un moyen de pression pour accaparer le pouvoir et imposer son modèle de société. Les événements leur donnent peut-être raison, mais l'attaque de l'ambassade américaine et le courroux de Washington, tonnent comme un signal d'alarme imposant au gouvernement une position claire et une action efficace et rigoureuse. Le message semble avoir été reçu. Espérons que l'aile dure d'Ennahdha restera à l'écart de tout ce qui pourrait envenimer la scène politique à l'approche de la date fatidique du 23 octobre et des échéances électorales cruciales.