L'Aïd est à nos portes. Chaque tunisien pense à son mouton et se retrouve ainsi contraint, comme à l'accoutumée, à débourser de l'argent fou pour se payer son bélier. Il n'en demeure pas moins que la spéculation menace la filière et empêche beaucoup de tunisiens à la bourse modeste de célébrer l'Aïd El Adha selon la tradition.On estime à plus de 1 million de têtes de cheptel prêts à l'abattage pour le sacrifice de l'Aïd El Adha cette année. Cependant, à défaut de réglementation régissant cette profession, la spéculation s'érige en règle. Une virée du côté des grandes places de la capitale, de Hammam-Lif, Soliman, Nabeul, Enfida nous permet de constater que le prix d'une bête moyenne oscille, à quelques jours de ce cérémonial, entre 400 et 700 dinars.
Le mouton de l'Aïd sera plus cher de 10% qu'en 2011. Selon l'Union tunisienne de l'agriculture et de la Pêche (Utap), cette augmentation est due au prix de l'alimentation animale qui a connu une forte hausse cette année. Mais la cause de ces augmentations vertigineuses est, selon les spécialistes en la matière, la spéculation tous azimuts qui marque généralement cette période et l'intérêt accordé par ces éleveurs... improvisés. Un petit agneau ne se vend pas moins de 350 dinars . C'est le prix! A prendre ou à laisse. Le citoyen moyen, au porte-monnaie déjà siphonné par un mois de dépenses inconsidérées, se retrouve démuni, à tous points de vue, devant les prix affichés par les marchands de moutons venus de la basse steppe .Accompagnés par leurs enfants, des parents sillonnent les souks pour trouver les bonnes occasions. « Cher, Cher le mouton de cette année » lance une dame. Les gens regardent, bavardent et n'achètent pas. Les citoyens cherchent méticuleusement les endroits où l'on peut espérer une bonne affaire. Jusqu'à quand vont-ils encore nous saigner ? », dira une ménagère dans tous ses états au niveau du marché de Tunis. Après le poisson qui est devenu intouchable, le mouton, devient un produit de luxe. Rogne et grogne chez de nombreux citoyens et pères de famille qui s'indignent face à ces tableaux de prix dont l'agressivité crève déjà le plafond. »Ce que nous voyons relève tout simplement de l'inconcevable et Dieu punira tous les auteurs de pareilles spéculations. Ces prix donnent une tournure plus poignante pour les petites bourses : « je gagne 400 dinars par mois. Je ne peux pas me permettre d'acheter un mouton « fait remarquer une vieille dame, qui ajoute c'est impossible car j'ai une famille à faire nourrir » Autre temps, autres mœurs : «Aujourd'hui, le mouton est inabordable estime de son côté Ali qui aime, comme il le fait remarquer, aller du côté de Kairouan , faire une bonne affaire et acheter moins cher . Maintenant, je ne sais pas ce qui se passe, non seulement le mouton est cher mais il se fait rare».Bref les spéculateurs Les maquignons ne vous laissent pas placer un seul mot en levant la barre très haut. Les acheteurs ne se bousculent pas trop, à quelques jours de l'Aïd. Les prix proposés ont réussi à refroidir leurs ardeurs. Nombre vont renoncer cette année au mouton pour se rabattre sur un peu de viande. Du côté du ministère de l'agriculture on signale qu'il ne faut pas céder à la psychose et que l'augmentation n'a jamais dépassé les 5% cette année. Il y a un léger manque estimé à 45 mille têtes. Le ministère du commerce compte importer 10 mille moutons dont 16 mille seront servis cette semaine. Bref, plusieurs familles ne sont pas encore chaudes pour acheter. Elles espèrent que les prix subiront un quelconque fléchissement pour finalement fêter leur Aïd dans la joie