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A la tête du mouton... ou plutôt du client !
La frénésie de l'Aïd
Publié dans Le Temps le 21 - 11 - 2009

Le compte à rebours a déjà commencé. Ce sera le vendredi prochain, selon le calendrier lunaire. Aux entrées des villes, sur les terrains vagues, les éleveurs, ou plutôt les marchands (vendeurs et revendeurs) de moutons se font les maîtres des lieux. Où qu'ils soient à Tunis ou dans les banlieues, ils font la pluie et le beau temps durant ces jours qui précèdent l'Aïd :
ils vous tiennent le même langage, ils ont les mêmes stratagèmes pour leurrer les clients et ils ont l'art de jauger leurs marchandises et surtout leurs clients avant d'en fixer le prix. Le temps est révolu où plus on s'éloigne de la capitale, moins le mouton est cher ! Aujourd'hui, que vous soyez à El Mourouj, à la Manouba, à Hammam-Lif ou à la Mornaguia, le tarif est le même ou presque : depuis l'avènement du téléphone portable, ces commerçants se communiquent l'état du marché, le flux des clients, les prix en cours et échangent tous les renseignements concernant chacune des " rahbas ", ces souks de moutons qui s'implantent un peu partout. Ils sont unanimes et solidaires en matière de ventes, sachant habilement faire bourse commune et décider du prix comme bon leur semble. Qu'il y ait un manque ou un excédent dans le cheptel, les prix tendent toujours vers la hausse, c'est que ce marché ne dépend pas de la seule loi de l'offre et de la demande, mais plusieurs facteurs entrent en jeu lors des transactions accomplies dans ce marché juteux.

Au souk des moutons
On ne badine pas avec le mouton de l'Aïd. Chacun selon son budget, tout le monde aura son mouton vaille que vaille. C'est qu'on ne lésine pas sur les dépenses pour avoir son propre mouton. Plus qu'un sacrifice, ce dernier est devenu le symbole de fierté et d'appartenance à un niveau de vie ou à une classe sociale déterminés. Certaines gens le choisissent lourd, gros et cornu pour s'en vanter devant les voisins !
Il y a des familles qui y ont déjà pensé juste après la fin de la fête de l'Aïd El Fitr. D'autres l'ont déjà acquis depuis des semaines pour échapper aux spéculations qui s'opèrent à l'approche du jour J. Ceux qui ne l'ont pas encore acheté, c'est le moment. Les Tunisiens accordent une grande importance à cette fête du sacrifice à laquelle ils se préparent activement. C'est encore une fête où d'énormes dépenses sont effectuées par les ménages ; car il ne s'agit pas seulement d'achat d'un mouton mais d'autres provisions qui lui sont afférentes : la paille pour nourrir la bête, du charbon pour le " méchoui ", les honoraires de l'égorgeur, les légumes pour la préparation du " osbane ", l'acquisition de nouveaux ustensiles de cuisine et d'autres produits électroménagers en relation directe avec la circonstance. Cette énergie au niveau des dépenses fait le bonheur des magasins, mais également des banques qui accordent des prêts pour l'achat d'un mouton. D'autres s'endettent auprès de leurs proches ou amis pour célébrer cette fête comme il se doit, traduisant ainsi dans les faits le proverbe qui dit : "Quand on aime, on ne compte pas".

Jérémiades
Un dynamisme économique se crée à l'occasion de cette fête et des milliers de point de vente s'installent dans la nature exposant aux plus offrants leurs marchandises, car dans ce genre de marché il est souvent inutile de se fier à la loi de l'offre et de la demande. " Pour se faire une idée sur les prix, nous annonça un citoyen en train de tâter un mouton, il faut bien chercher dans plusieurs endroits ; je connais bien les arguments de ces spéculateurs. Dès que vous voulez discuter le prix, ils vous parlent du prix de revient, du transport, des aléas climatiques et d'autres justifications peu convaincantes. Même si on parle à la radio et dans les journaux que le nombre de têtes d'ovins est assez suffisant, ces vendeurs trouvent toujours le moyen d'écouler leurs marchandises. C'est l'intermédiation et la spéculation qui font flamber les prix ! Et chaque année, c'est la même chanson ! C'est pour ça que moi, avant d'acheter, je prends mon temps et je fais le tour dans plusieurs points de vente ! " Nombreux sont les citoyens qui suivent cette méthode, c'est pour cette raison qu'on trouve beaucoup de mouvement et d'animation dans toutes les " rahbas " (souk des moutons) où le nombre de transactions reste plus ou moins faible à une semaine de l'Aïd. Malgré cela, les marchands ne lâchent pas prise : " La majorité des gens viennent pour se renseigner sur les différents prix, nous déclara l'un de ces vendeurs, souvent les mêmes personnes reviennent deux ou trois jours de suite me demander le prix du même mouton et vont chez d'autres vendeurs pour comparer les prix avant de se décider. Cependant, il y a des clients qui, dès la première visite au souk, rentrent avec leur mouton ! je vous assure que notre marge bénéficiaire n'est pas très grande : il suffit que je trouve 10 ou 15 dinars de bénéfice pour une tête pour conclure le marché avec l'acheteur ! Je ne suis ni agriculteur ni éleveur, mais j'ai des charges à acquitter : la nourriture des bêtes, la taxe municipale, le transport... " En effet, le marché du mouton reste toujours un espace très fertile pour ces intermédiaires et ces spéculateurs qui recourent à des pratiques illicites pour gonfler les prix, sans se soucier du budget des ménages. Pas mal de vendeurs (ou revendeurs) ne gardent pas le même endroit ; ils se déplacent d'un lieu à un autre grâce à leurs 404 bâchées ( ou celles qui leur ressemblent) dès qu'ils apprennent, via le téléphone portable, que tel ou tel endroit est plus favorable à leur commerce ! Bref, au souk des moutons, il faut être assez habile et astucieux au marchandage pour pouvoir grignoter quelques dinars et acheter soi-disant à bon prix !

Et l'achat au kilo
Ce nouveau mode introduit depuis quelques années en Tunisie pour contrecarrer les spéculations et toutes sortes d'arnaque qui peuvent survenir dans les souks des moutons. Même les grandes surfaces sont entrées en jeu en proposant des moutons au kilo. Bientôt on entendra parler d'un souk électronique du mouton sur le net ! Pourquoi pas ! Tous les moyens sont bons pour mettre fin au monopole de ces intermédiaires, dit " Guechara ", qui accaparent le marché et fixent les prix à la tête du client. Plusieurs points de vente sont ouverts sur tout le territoire en appliquant des prix abordables, étant donné que les moutons sont directement livrés par des éleveurs d'ovins. Les prix pratiqués varient entre 170 et 220 dinars pour un petit mouton et entre 250 et 310 dinars pour un " barkous ", sachant que le prix d'un kilo a été fixé à 5,600 dinars pour les moutons dépassant les 40 kg et 5,900 dinars pour les moutons pesant moins de 40 kg. Cependant, à une semaine de l'Aïd, le flux des gens vers ces points de vente reste encore faible. Ces points de vente, organisés par la société " Ellohoum ", assurent plus de 5000 têtes ovines dans le Grand Tunis et le nombre pourrait augmenter en fonction de la demande. Cependant, à une semaine de l'Aïd, le flux des gens vers ces points de vente reste encore faible. C'est que certaines gens n'apprécient pas ce mode d'achat, préférant la " rahba " et le marchandage avec les vendeurs, comme ce père de famille qu'on a rencontré dans un souk de moutons de la banlieue sud : " je n'ai jamais acheté mon mouton au kilo ! On dit qu'on donne à ces bêtes de la nourriture trop salée pour qu'elles boivent beaucoup d'eau et ainsi elles seront plus lourdes lors de la pesée ! Alors je m'en méfie ! Et puis, il n'y a pas trop de différence entre les deux modes de vente. Je fais le tour dans plusieurs souks et je fais des comparaisons des prix avant de me décider. Et je préfère en acheter un ou deux jours avant l'Aïd, il y a de fortes chances que les prix baissent !" Bref, chacun trouvera forcément son compte quelque part. Et que la fête commence !


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