« Après le 23 octobre, il y aura le 24 octobre ». C'est ainsi qu'ironisait le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice Transitionnelle Samir Dilou. Il voulait certainement minimiser l'impact de cette journée présentée comme celle de tous les dangers et qui marque le premier anniversaire des premières élections libres, démocratiques et transparentes de l'histoire du pays, mais qui signifie, au moins du point de vue de plusieurs partis de l'opposition, la fin de la légitimité électorale et l'urgence de son remplacement par une légitimité consensuelle. D'où la crainte et la hantise perceptibles, depuis quelque temps, de voir le pays basculer dans la violence en ce 23 octobre 2012. Une crainte et une hantise légitimées par l'atmosphère délétère qui règne dans le pays et qui va crescendo provoquée par les discours haineux et les déclarations incendiaires de quelques acteurs politiques incitant à la violence et instituant le rejet de l'autre comme base de l'action politique dans la Tunisie postrévolutionnaire. Mais, Samir Dilou a bien raison. Après le 23, il y aura le 24. La journée d'hier s'est passée quasiment dans le calme et les manifestations n'ont pas causé les dérapages tant redoutés. Le peuple tunisien fait preuve ainsi de sa grande maturité et de son sens de la responsabilité ainsi que de son refus de tomber dans les pièges de la provocation et des calculs électoralistes étriqués. Il adresse également des messages clairs à toute la classe politique, ceux qui gouvernent et ceux qui sont dans l'opposition pour qu'ils mettent leurs différends en sourdine, qu'ils accordent leurs violons sur une feuille de route et des objectifs, aptes à faire prévaloir l'intérêt suprême de la nation et réaliser les objectifs de la Révolution.