Le renouvellement des délégations spéciales a fait couler beaucoup d'encre. Certains partis opposent un niet catégorique pour la répartition partisane et proposent d'associer toutes les catégories de la société civile sans considération partisane et sans référence aux résultats des élections du 23 octobre. C'est dans ce cadre que s'inscrit le point de presse organisé hier à Nabeul en présence des partis, des représentants de la société civile et des ex Présidents des délégations spéciales. Prenant la parole, Moncef Khemiri du Front populaire a fait remarquer que l'installation de ces nouvelles délégations se fait à un rythme rapide du fait que la Troïka au pouvoir continuerait ainsi d'étendre sa mainmise sur les postes clés de l'administration, de la diplomatie, de l'information. Il serait difficile au nouveau consul d'observer la neutralité requise dans la perspective des élections législatives et présidentielles prévues l'an prochain.« Nous dénonçons ces nominations partisanes qui confirment une confusion manifeste Parti-Etat et met en garde contre cette dangereuse dérive qui rappelle les heures les plus sombres du RCD et de la dictature du régime déchu. Nous invitons les autorités locales et régionales à jouer pleinement son rôle de garant de la neutralité de l'administration et des rouages de l'Etat » Lui succédant, Jihane Limam du parti El Massar a estimé que le parti au pouvoir ne cesse de mettre sa main mise sur l'administration. D'intérêt public par excellence, donc requérant par définition neutralité et globalité, les délégations spéciales, sont censées échapper aux tractations politiques et aux manœuvres partisanes. Il s'agit là incontestablement d'un impair commis par la Troïka, contre le bon sens et la nature de la tâche. Nous refusons l'exclusion de la société civile. Nous sommes pour une démocratie participative. Hichem Bel hadj Hémida du parti El Jamhouri a évoqué plusieurs questions cruciales telles que l'impartialité de l'administration, l'islamisation des délégations spéciales et les pressions exercées sur l'administration par la Troïka qui ne reflètent pas la volonté d'assainir le climat politique. En effet dit –il par son enjeu social et culturel, la municipalité exige un savoir-faire, une expertise, une expérience. Ahmed Bettaieb représentant de la société civile a évoqué le processus démocratique effectué depuis sept mois pour choisir une délégation représentative de toute la société et des partis. Seulement dit –il la Troika a refusé le consensus. Elle ne compte pas s'arrêter là. Avec l'appui du pouvoir en place, ce mouvement essaie de rafler tous les postes dans les conseils municipaux de Nabeul, Hammamet, Siliman, Takelsa et Kélibia et là j'appelle à la neutralité de l'administration qui doit se tenir éloignée de toute propagande partisane. Fethi Gueddiche de la ligue régionale de défense des droits de l'homme a dénoncé la violence politique qui sévit dans le pays et envers la délégation de Hammamet et a plaidé en faveur de la dissolution des ligues de protection de la révolution qui transgressent la loi et agressent citoyens et les politiciens. Ces pratiques sont d'un autre temps, les Tunisiens sont décidés à les jeter, à les rejeter, s'opposant désormais à toute involution par la main mise, la convoitise et la dissimulation du pouvoir par le pouvoir et le non-droit.
Mener le processus démocratique à bon port
Plusieurs partis ont critiqué l'attachement du pouvoir à mettre la main sur les institutions de l'Etat et à conditionner le dialogue national par l'exclusion de certains partis politiques.Ils ont appelé à instaurer une feuille de route consensuelle. C'est le cas de Mohamed Hédi Afif de l'UGTT de Nabeul qui a appelé au consensus qui constitue une formule magique pour transcender la bipolarisation et faire mener le processus démocratique à bon port. Nous soutenons les 24 délégations en exercice et nous sommes contre la main mise du pouvoir sur cette institution. Nous sommes pour une République respectueuse de la cité et du citoyen. Après l'écoute des interventions des ex Présidents des délégations de Nabeul et de Hammamet et celle de l'actuelle délégation de Kélibia, les médias se sont demandés sur ce retard des partis à organiser une telle conférence qui n'a fait qu'exposer leurs doléances au lieu d'élaborer une feuille de route à suivre dans l'avenir. Jihane Liman et Moncef Khemiri ont répondu que cette initiative vise à éclairer l'opinion publique et à engager un débat pour unifier les vues. Quant aux perspectives de cette initiative, elle est ouverte à tous les partis et aux représentants de la société civile. C'est un premier pas de sensibilisation et d'information en attendant d'autres mesures plus efficaces en vue d'arriver à un consensus qui demeure la condition sine qua non pour garantir la réussite de la démocratie locale. Certains partis et représentants de la société civile ont émis le vœu d'être impliqués dans cette initiative. C'est le cas du parti du MDS, des représentants des délégations de Soliman et Takelsa et du Collectif Inter-Associatif Démocratique de Hammamet qui regroupe huit ONGs locales et comme nous le précise un de ses membres Dr Salem Sahli : « L'évènement est une bonne chose en soi et l'initiative est louable. Mais là où le bât blesse, c'est la non association des acteurs associatifs locaux dans le montage de ce projet. Pire encore, les ONGs conviées à cette réunion se comptent sur les doigts d'une seule main. Dommage, c'est vraiment dommage! Loin de moi l'idée de remettre en question la «noblesse» de l'engagement politique au sein des partis politiques, mais il aurait été plus judicieux et certainement plus productif d'associer les associations à cette conférence de presse. D'autant plus que le thème en débat concerne les affaires municipales et donc a trait à la démocratie locale et la citoyenneté qui sont les champs de prédilection des associations. Non, les partis politiques préfèrent rester entre eux, ils ne viennent solliciter les ONGs que lorsqu'ils ont besoin de leurs signatures. Cela me conforte dans mon choix de demeurer indépendant. Ne dit-on pas qu'un homme de parti est une partie d'un homme? . Et la société civile semble avoir été sacrifiée. Ses militants pensaient servir la bonne cause en se mobilisant massivement contre la confiscation des pouvoirs et en faveur d'une nouvelle légitimité consensuelle. Ils réalisent aujourd'hui qu'ils ont oublié plusieurs défenseurs de cette démocratie locale ».