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Le lynchage de Lobna Jribi
Pour la parité au sein du Conseil de l'ISIE
Publié dans Le Temps le 25 - 11 - 2012

Beaucoup d'encre a coulé, une kyrielle permanente d'intox, d'accusations et de préjugés ont assailli l'élue Lobna Jeribi et ébranlé son image de femme de droits. Celle qui s'est fortement indignée contre la non insertion du terme «universels» en matière des droits de l'Homme, s'est retrouvée, bon gré mal gré, à l'épicentre d'un lynchage médiatique hallucinant et d'une récupération politique grandiose.
Chacun s'en donne à cœur joie et les langues se délièrent pour taxer cette élue de tous les noms. Les multiples interprétations versent toutes dans le même jargon : celui de la perfidie. Traitée de traitre, de malhonnête et de vipère, Lobna Jrbi se voit décerner tous les épithètes d'un être machiavélique. Elle a fauté, OUI mais s'est excusée et a expliqué vainement ce qui s'est réellement produit. Rien n'y fait, elle est fatalement accusée.
Pour en avoir le cœur net et pour rendre à César ce qui appartient à César et avoir l'avis de tous les concernés dans cette malheureuse affaire, Le Temps a contacté les trois protagonistes.
Lobna Jribi (élue à l'ANC, représentante du parti Ettakattol)
Le Temps : Durant une semaine, l'histoire de la fraude de vote a fait le tour des médias et a suscité beaucoup d'indignation chez les citoyens. Trop d'intox ont été propagés. Pourriez-vous nous donner votre version à vous ?
Lobna Jribi : C'est regrettable ce qui s'es passé. J'ai avoué ce que je considère comme un dépassement et non une erreur. Mais une campagne entière contre ma personne et mon parti a été lancée. Trop d'intox et de canulars ont été propagés à travers les médias salissant ma réputation. A la Watania 1, durant le Journal, ils ont passé une vidéo présentant une élue qui appuyait sur le boitier du vote électronique. Ce n'était pas moi ! C'est l'une des élues du groupe parlementaire démocratique ! Elle n'est même pas assise à mon siège ! J'ai, d'ailleurs, signalé cette vidéo et j'ai contacté la direction de ladite chaîne pour leur faire comprendre que c'est inadmissible de me faire passer pour quelqu'un d'autre. Cette vidéo a amplifié l'incident et a terni à mon image auprès de l'opinion publique.
Effectivement, au journal télévisé de ladite chaîne, on a annoncé que vous avez voté à la place de deux élus qui étaient absents à ce moment-là, alors que l'un d'eux, Jalel Bouzid était bien présent ce jour-là et a reconnu vous avoir demandé gentiment de bien vouloir appuyer sur son boitier étant donné qu'il était à la première rangée, donc un peu loin de son siège. Pourriez-vous nous relater les faits tels que cela s'est passé ?
Voici ce qui s'est réellement passé. Durant la séance plénière sur l'ISIE, mon collègue Jalel Bouzid, dont le siège est juste à ma gauche, a avancé d'une rangée, c'est-à-dire devant moi, pour discuter avec le président du groupe parlementaire sur les amendements. A chaque fois, qu'il fallait voter, il devait se retourner à son boitier. Il était plus pratique pour lui que je le fasse à sa place puisque son boitier est juste à ma gauche. Sinon, pour ce qui est de la vidéo utilisée durant le journal, je m'étonne de l'élue du groupe parlementaire démocratique qui n'a pas demandé à éclaircir l'opinion publique en déclarant que c'était bien elle et non pas moi qu'on a filmée ! Je tiens, notamment, à dire que c'est une pratique assez souvent utilisée au sein de l'ANC. On est amené à bouger de nos sièges et à débattre avec nos collègues et parfois nos boitiers sont loin de nous, on demande alors au collègue qui est juste à côté d'appuyer à notre place !
Qu'en est-il du vote que vous avez effectué à la place de Noureddine Mrabti ?
C'est là où je reconnais mon dépassement parce que cet élu n'était pas présent physiquement. J'ai agi en suivant mon émotion et je n'avais aucune mauvaise foi ou arrière pensée en le faisant. Mon désir que le principe de parité soit respecté dans la composition du conseil de l'ISIE était plus fort que tout. D'autant plus que, même si ça n'excuse pas mon acte, je savais pertinemment que mon collègue qui était absent, allait voter pour la parité, vu qu'on en a parlé depuis quelque temps. J'étais si frustrée par l'absence de ces élus dont le vote aurait changé le résultat final que j'ai agi, à l'instant-même sans trop réfléchir. Le fait que ce soit une pratique soulignée et signalée par plusieurs élus, ne minimise pas le dépassement. D'ailleurs, je pense être la seule à avoir présenté mes excuses. Le règlement intérieur ne mentionne pas clairement l'interdiction aux élus de se déplacer.
Comment y remédier aujourd'hui ? Sachant que vous êtes un fervent défenseur des droits de l'Homme et que ce dépassement a pris une tournure quasi-dramatique?
Tout sera résolu. Je me suis excusée auprès du peuple. J'ai agi sous le coup de l'émotion et non pour tramer un quelconque mal pour qui que se soit. Au sein de l'assemblée, courant la semaine prochaine, tous les élus vont avoir des puces électroniques personnelles, on évitera, ainsi, ce genre de dépassement. Il faut, notamment, revoir le règlement intérieur quant à la nouvelle méthode de vote. Ce qui est fort regrettable c'est que j'ai été la victime d'une campagne extraordinaire de lynchage médiatique et que l'histoire ait été récupérée politiquement parlant. On a cherché à salir et à mon image et à celle de mon parti. Mes valeurs et les valeurs universelles pour lesquelles je me bats, en termes de droit de l'Homme universels, de l'égalité entre femme et homme et des libertés individuelles ont concouru, indirectement, à l'ébranlement de ma réputation aux yeux des citoyens. C'est pourquoi que je tiens à rappeler que je n'ai agi que sous le coup de mon ardent désir que le principe de parité soit respecté et non pour nuire à qui que se soit.
Pour avoir les différents sons de cloches, Le Temps a contacté les deux élus en question. Voici ce qu'ils nous ont déclarés : Jalel Bouzid : «C'est moi qui ai demandé à Lobna Jribi d'appuyer sur le boitier à ma place.»
«Ce jour-là, je me suis déplacé de mon siège et me suis mis à côté du président du groupe parlementaire qui était à la première rangée. Je devais discuter avec lui sur les amendements. Comme je devais voter, au lieu de faire le tour à chaque fois, j'ai demandé gentiment à ma collègue Lobna Jribi d'appuyer sur le boitier de vote à ma place puisque mon siège avoisine le sien. Il n'y a donc pas eu exaction ! Je tiens à dire que c'est faisable et qu'on le fait très souvent puisqu'on est amené à se déplacer très souvent de nos sièges. On demande à nos collègues d'appuyer sur le boitier à notre place ! Il n'y a pas pourquoi la cibler elle spécialement !»
Noureddine Mrabti : «Je suis pour la parité. Lobna Jribi a agi de bonne foi. L'erreur est humaine.»
«J'étais absent au moment du vote. Je m'étais déplacé à la prison de Mornaguia avec la Commission des Droits et des Libertés. Par principe, j'étais à mille pour cent pour le vote de la parité au sein du Conseil de l'ISIE. On en a parlé, Lobna et moi il y a quelque temps et elle connait ma position. Certes, je ne lui ai pas demandé de voter à ma place mais elle était sûr de ma position et a pris l'initiative. Ce que j'en déduis, après toute cette campagne menée contre elle, nous sommes humains. Elle s'est excusée. Je ne lui en veux pas. Elle l'a fait par amour pour les droits de la femme à la parité. Il n'y avait aucune arrière pensée.»
Afin d'avoir l'avis d'un spécialiste de la Constitution, Le Temps a contacté M. Kaïs Saïd pour connaître ce qu'en dit la loi constitutionnelle en cas de dépassement ou de vote par procuration.
Kaïs Saïd, professeur de Droit constitutionnel «La loi constitutionnelle n'a pas prévu de sanction dans ce genre de dépassement.»
«Selon l'article 94 du Règlement intérieur de l'ANC, le vote est personnel. Le vote par procuration est strictement interdit et n'est point accepté. Le texte est explicite. Même si Lobna Jribi a été sollicitée par son collègue pour appuyer sur le boitier à sa place, de point de vue de la loi, elle aurait dû refuser et respecter l'article 94 pour lequel elle-même a voté. Néanmoins, aucune conséquence juridique n'a été prévue en cas de fraude ou de dépassement. Or, ce qui est plus regrettable, c'est que l'ANC n'a déjà pas bonne presse chez l'opinion publique et ce genre de dépassements ou d'erreurs ternissent encore à l'image de l'Assemblée. La loi constitutionnelle n'a pas mentionné de sanction. Ce qui devrait être fait peut-être c'est quand ceci arrive, l'élu peut être rappelé à l'ordre par le président de l'ANC afin de ne pas récidiver. C'est dommage qu'elle ait commis cela, parce que tout un chacun sait parfaitement qu'elle n'était pas de mauvaise foi.»


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