Sit-in dans les bureaux de l'emploi le 11 décembre pour appeler à démettre le ministre de l'Emploi La question du chômage n'est pas essentiellement le propre de la Tunisie. Elle taraude aussi bien l'Europe, les USA et d'autres pays. Toutefois, dans notre pays, ce fléau au même titre que les disparités régionales ont été à l'origine du mécontentement général qui avait déclenché la Révolution du 14 janvier et évincé le régime dictatorial qui se complaisait dans la corruption. Bientôt deux ans après la Révolution, les sans emplois résignés à leur propre sort, demeurent dans l'attente interminable d'une solution salvatrice. L'Union des Diplômés Chômeurs (UDC) réagit aux chiffres avancés par les autorités et s'apprête à organiser des actions de nature à faire entendre leur voix.
Salem Ayari, coordinateur de l'Union des Diplômés Chômeurs affirme dans une déclaration au Temps que « la situation de l'emploi en Tunisie n'a pas connu d'évolution positive. Il n'y a pas de clarté. Les nominations se font à tord et à travers. Le premier ministère monopolise les nominations. Les concours se font sans aucun contrôle ». Le coordinateur déplore qu'il n'y ait pas eu de solutions aux véritables chômeurs dont l'âge varie entre 30 et 40 ans. Les concours sont organisés pour ceux qui sont âgés de 45 ans et plus dans l'enseignement et ailleurs, sans la moindre garantie de rendement. « D'ailleurs un grand nombre des bénéficiaires de ces concours travaillent ailleurs et ont déjà leurs sources de revenus », dit-il. A propos des 25 mille emplois dans la Fonction publique, notre interlocuteur précise qu'ils se répartissent entre 6 mille pour les diplômés du Supérieur, 9 mille pour les bénéficiaires de l'amnistie générale et le reste pour les non diplômés du Supérieur. Dans la marée des 315 mille diplômés du Supérieur et autres, presque 700.000, c'est une goutte dans l'océan. Les déclarations d'Abdelwahab Mâatar, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, inquiètent de plus en plus les militants de l'UDC. « Chaque jour, il nous donne un chiffre sur l'emploi. Il passe de 65.000 à 120.000. Ce sont des chiffres imaginaires qui n'ont aucun rapport avec la réalité. Les chiffres et les déclarations se confondent et se contredisent. D'une part, ils invoquent des difficultés d'investissement prétextant la situation sécuritaire et les sit-in. De l'autre, ils se targuent de succès dans les créations d'emplois », dit-il. Salem Ayari, déplore les déclarations avilissantes du ministre de l'Emploi prétendant que « les chômeurs ne veulent pas travailler et ont la mentalité d'assisté ». A propos de la proposition du ministre de l'Emploi aux jeunes diplômés de participer à la collecte des olives pour avoir la priorité de l'emploi dans le secteur privé, l'UDC considère qu'il s'agit là d'une « mascarade ». Il rappelle qu'un chef d'entreprise opérant dans le secteur privé, recrute selon le Curriculum Vitae du candidat, ses compétences et ses qualifications. Il ne peut pas l'embaucher en fonction de sa participation ou non à la campagne de collecte des olives. Pour nombreux observateurs, la cueillette des olives n'est pas la panacée pour les diplômés chômeurs. Ils peuvent s'y adonner d'une façon spontanée. Ce n'est pas une affaire de pouvoirs publics.
L'UDC va-t-elle entreprendre des actions pour faire entendre la voix de ses adhérents ? Salem Ayari, nous informe que le 11 décembre prochain, dans tous les gouvernorats et les différents bureaux d'emploi, des sit-in seront observés au cours desquels des appels seront lancés pour la démission du ministre de l'Emploi de ses fonctions. D'autres revendications sont formulées par l'UDC, appelant à la création d'une Instance Nationale Indépendante pour le contrôle des recrutements dans la fonction publique. Elle sera composée par des représentants du Premier ministère, du ministère de la Réforme administrative, le ministère de l'Emploi, celui des Affaires sociales, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et l'Union des Diplômés Chômeurs (UDC) et d'autres associations. Des instances indépendantes de contrôle doivent être installées dans les régions pour étudier les cas spécifiques et barrer la voie au favoritisme.
Par ailleurs, l'UDC s'active dans le cadre de la préparation du Forum Social Mondial qui doit se tenir en Tunisie à partir du 23 mars 2013. Plusieurs pays vont participer aux travaux de ce Forum. L'UDC compte organiser à Menzel Bouzeyane, plusieurs conférences et activités en hommage au premier martyr de la Révolution tombé à Menzel Bouzayane. Rappelons que l'UDC avait été créée en 2006. Elle regroupe les diplômés chômeurs pour en constituer un groupe de pression et de propositions. Elle est représentée dans tout le pays. Elle a déjà organisé plusieurs manifestations. La dernière en date a été tenue le 29 septembre à l'avenue Habib Bourguiba à Tunis. Une autre manifestation organisée le 7 avril avait été violemment réprimée. Les prochaines actions porteront-elles leur fruit ?