• L'union des Diplômés chômeurs (UDC) tient à être un interlocuteur principal dans tout ce qui intéresse l'emploi • Tous les courants politiques existent à l'UDC • Un procès sera intenté contre Ali Lâarayedh L'Union des Diplômés Chômeurs (UDC) avait organisé samedi 7 avril courant un rassemblement à la place Mohamed Ali avec l'intention de manifester sur l'avenue Habib Bourguiba. Comme prévisible, les manifestants ont eu leur part d'attaques violentes de la part des agents de l'ordre auxquels se sont mêlés des intrus civils. Lors d'une conférence de presse tenue hier, Salem Ayari, coordinateur de l'association, précise que « toutes les voies pacifiques de lutte ont été épuisées concernant le dossier de l'emploi ». Des rapports ont été adressés à tous les ministères. A l'exception de deux ministères, aucun ministère n'a répondu. N'ayant pas d'autres recours, ils ne pouvaient compter que sur leurs propres moyens, pourtant très limités, les adhérents de l'UDC, estimés à 10.000 membres, se sont décidés à organiser des conférences régionales avec différentes composantes de la société civile sur la question de l'emploi dans la fonction publique, le secteur privé et la création de projets par les jeunes promoteurs. Une synthèse de trente pages contenant des propositions alternatives aux pratiques du Gouvernement a été élaborée et déposée dans le bureau d'ordre du ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle. Sans résultat. Trois ou quatre réunions avec des représentants du ministère de l'Emploi ont eu lieu. Ils ont pris connaissance des données préparées par l'association, sans en tenir compte. « Les mêmes erreurs du passé vont se reproduire. Les concours de 2011, ont enregistré beaucoup de favoritisme », rappelle le coordinateur. Il ajoute que le ministre de l'Emploi a organisé des conférences par zones qui durent à peine 6h, sans la participation de tous les spécialistes ». C'était une tentative de saboter les séminaires de concertation sur l'emploi organisés par l'UDC. Pour les concours de la Compagnie de Phosphate de Gafsa (CPG), l'association n'a pas été passive en avançant des propositions tout en exprimant son avis. En vain. « Les considérations régionalistes et politiques persistent », dit-il. L'association n'a cessé de rappeler à plusieurs reprises, que le dossier de l'emploi est d'une importance capitale. « Il y a une malhonnête volonté non avouée qui vise à dévier du processus révolutionnaire et détourner ainsi l'attention des citoyens de leurs problèmes fondamentaux. Ils veulent entraîner les citoyens à s'entretuer, avec l'intention de gagner du temps. Très peu de choses ont été proposées pour l'emploi, dans le premier budget de 2012 », avance le coordinateur. Dans le budget complémentaire, on parle de la création de 100 mille emplois dont 25 mille dans la fonction publique et 75 mille dans le secteur privé. Salem Ayari, ne mâche pas ses mots. « Ce sont des chimères et des illusions ». Dans la fonction publique, déjà 10 mille emplois se résument à de simples remplacements de fonctionnaires partis à la retraite. Quant au secteur privé, il vit un blocage total. Les opérateurs privés n'investissent pas, préfèrent les solutions genre SIVP, tiennent à sauvegarder leurs avantages et à vendre des chimères. Le dossier principal de la Révolution est celui de l'emploi que le gouvernement n'est pas en train de traiter. « Les causes ayant entraîné la chute de Ben Ali, sont encore là », dit-il. Concernant la violence perpétrée samedi dernier, les membres du bureau national de l'UDC, démentent les propos du porte-parole officiel du ministère de l'Intérieur qui avait affirmé que les manifestants avaient des armes blanches. Il n'y a eu aucune agression contre des agents de l'ordre. L'UDC est composée de diplômés, futurs cadres du pays qui ne préconisent pas la violence. Les images et les différentes vidéos le prouvent. Ce sont les forces de l'ordre avec des civils barbus qui violentaient les manifestants. Plus de 30 victimes ont été dénombrées. Les dossiers sont en cours de constitution. Un procès sera intenté contre le ministre de l'Intérieur. Taoufik Soltani, membre de l'UDC a été enrôlé de force dans l'armée alors qu'il souffre d'une double fracture. Dans des régimes démocratiques les violences enregistrées les 7 et 9 avril, auraient engendré des démissions. En Tunisie, il n'y a même pas eu des excuses. Des discussions sont en cours pour décider de nouvelles actions de lutte pour que l'UDC, «devienne un interlocuteur principal dans le dossier de l'emploi », dit Salem Ayari. Il considère que l'UDC, doit participer au traitement des dossiers des concours. Il précise que l'association n'est pas seulement une force de combat. Elle est aussi une force de propositions. Concernant l'interdiction de manifester à l'avenue Habib Bourguiba, il considère qu'elle n'est pas légale. Elle n'a pas été publiée au JORT, pour qu'on puisse la remettre en cause auprès des tribunaux compétents. C'est un simple communiqué qui n'a aucune assise juridique. Quant à la décision du ministère de l'Intérieur de faire machine arrière et d'autoriser les manifestions dans l'avenue Habib Bourguiba, Salem Ayari pense que « c'est un piège ». D'autres moyens seront utilisés pour violenter les citoyens. Il rappelle que le 7 avril, certains scandaient « Ennahdha ne tombera pas ». Ceux qui ont exercé la violence sont fondamentalement des despotes et ne changeront pas d'attitude. Salem Ayari, rejette la critique selon laquelle l'UDC est très politisée. Il rappelle qu'à peine 2% des adhérents sont politisés. Toutes les tendances existent au sein de l'association, y compris des militants de la Troïka, des islamistes, des militants d'Ettakatol, du CPR….Les décisions de l'UDC sont prises de façon indépendante. Il est normal de s'adresser au pouvoir en place, quel qu'il soit, pour faire passer les revendications des diplômés sans emploi. L'indépendance de l'association, n'exclut pas son caractère progressiste.