La Révolution du 14 janvier de la Liberté et la Dignité a été déclenchée par les sans –emploi pour crier leur colère contre l'absence d'horizons. La question de l'emploi est fondamentale pour garantir les équilibres sociaux dans le pays. Une stratégie d'emploi sera proposée le 17 décembre prochain par le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi. Le mécontentement des chômeurs ne sait guère estompé. L'Union des Diplômés Chômeurs (UDC) prépare une riposte nationale de protestation qu'elle compte organiser le 29 septembre courant. Salem Ayari, coordinateur de l'UDC a déclaré au Temps que « rien de concret ni de satisfaisant n'a été fait dans le dossier de l'emploi, surtout au niveau des concours dans la fonction publique. Deux concours ont été lancés par le ministère de l'Education à la fin du mois d'août, sans critères justes ni mécanismes de contrôle ». Ces 2 concours concernent le recrutement de 1500 professeurs d'enseignement secondaire et 1000 instituteurs. Notre interlocuteur pense que les critères actuels excluent ceux qui ont connu le vrai chômage ainsi que les éléments brillants parmi les nouveaux diplômés. L'UDC s'est battue pour la transparence et la mise en place de mécanismes de contrôle. Elle a proposé la mise sur pied d'une instance de contrôle pour tous les concours où siègeront les associations de chômeurs. Cette proposition a été rejetée.
Concernant la promesse du Gouvernement de recruter 25 mille chômeurs, l'UDC précise qu'il s'agit là de recrutements faits sans contrôle. « Dans les régions intérieures, les recrutements se font en liaison avec les appartenances politiques. La proportion de corruption dans le secteur de l'emploi a doublé. Pour nous le Gouvernement agit de façon unilatérale, sans stratégie claire pour traiter la question du chômage », précise le coordinateur de l'UDC. Par ailleurs, l'association décrie les lois exceptionnelles. Elle a proposé par écrit que les mesures exceptionnelles soient prioritairement orientées vers la catégorie la plus touchée par le chômage, ceux qui sont âgés de plus de 30 ans. Ils représentent environ 68000 diplômés chômeurs. Salem Ayari, pense qu'avec une réelle volonté, le problème de cette catégorie pourra être résolu en deux ans.
Quant au programme d'encouragement à l'emploi, qui doit prendre la place de la prime Amel, il est considéré comme « un programme qui complique la situation et ne fait qu'aggraver le fléau du chômage en l'éternisant. Il n'a aucun apport qui puisse être cité. Au lieu d'agir pour créer de l'emploi, il ressuscite d'anciens mécanismes qui n'avaient pas résolu le problème ».
En plus de ses propositions concernant la Fonction publique, l'UDC s'intéresse au secteur privé et aux conditions de s'installer pour son propre compte par les diplômés.
Concernant le secteur privé l'UDC pense qu'il peut jouer un rôle fondamental dans la construction d'une économie nationale qui diminue la proportion de chômage. L'Union propose de faire fonctionner la taxation croissante en fonction du niveau des revenus, de lier les avantages, surtout fiscaux, accordés par l'Etat au secteur privé en fonction de la participation des entreprises privées dans la création d'emplois durables. Le gouvernement doit subventionner les secteurs à haute employabilité et où les emplois sont permanents. L'évasion fiscale doit être combattue. La protection des produits tunisiens de la concurrence étrangère est recommandée. L'UDC milite pour l'encouragement de l'initiative privée des diplômés. « Il faut que l'initiative privée soit faite sur des bases saines et crée de véritables emplois », affirme Salem Ayari.
Dans ce cadre l'UDC propose de simplifier les procédures administratives, de ne plus demander des fonds propres au jeune diplômé, de choisir des projets rentables et étudiés en fonction du marché, de former et suivre le jeune promoteur dans toutes les étapes d'avancement de son projet, de constituer une banque de données et d'idées de projets, de procéder au recouvrement des crédit après que les projets aient commencé à générer des revenus...
Le 29 septembre l'association compte sensibiliser les pouvoirs publics, les partis politiques et l'opinion publique à ses revendications.