Des traits, des couleurs, des émotions... Un ensemble de choses qui font que la peinture soit une forme d'expression à part entière et une ouverture sur l'autre. C'est le thème choisi par l'Association des artistes plasticiens du Cap Bon qui organise du 1er au 15 décembre, la 15ème session du salon d'arts plastiques du Cap Bon au centre culturel Néapolis. Comme nous le précise Najoua Koulak, Présidente de cette association, l'initiative ambitionne de créer un espace d'échange et de création artistique dans la ville et se veut une contribution à la dynamique culturelle et artistique qu'elle connaît depuis quelques années. C'es une opportunité pour nombre d'artistes de la ville, qui travaillaient dans l'ombre, d'exposer, de faire valoir leurs œuvres et de découvrir leur talent et potentiel. Les 53 œuvres qui puisent leurs traits artistiques dans différentes écoles d'art et mouvements artistiques, illustrent à bien des égards le talent et la créativité intense de ces peintres passionnés d'art et de création. A travers les différents styles exposés, les visiteurs peuvent avoir une idée sur les courants qui ont façonné la peinture au Cap Bon. Abstraction, expressionnisme, figuration, sculpture... chacun des peintres laissera son empreinte et dévoilera une part de son identité plastique pour le plaisir du public.
A travers cette exposition intitulée " Ouvertures", Zoubeida Chamari Daghfous expose son rêve brouillé. Elle maîtrise à la perfection cette technique du collage et de l'acrylique qui lui permet d'aller au bout de sa passion pour le trait fin et les couleurs superposées et intimement travaillées. Le noir domine dans son œuvre qui s'ouvre sur des couleurs vertes à travers des chemins et des fenêtres porteurs d'espoir. Chez Dalenda Abdelatif, la thématique orientale tient une place particulière dans son art. Ses nouvelles sources d'inspiration puisent essentiellement dans l'architecture des portes de Dar Chaabane. Elle n'aime pas peindre les portes telles qu'elles sont, mais telles qu'elle les sent... et ce, sans craindre d'aboutir à des représentations insolites. Elle en est au stade de recherche, avec pour fil conducteur la création d'une forme de représentation strictement personnelle. Autre artiste, autre démarche; Alia Kateb opte dans son travail pour les techniques de l'acrylique et du collage. On y décèle une certaine sensibilité dans le choix des tons et des textures. Sa démarche artistique se consacre à la couleur, privilégiant l'abstraction pour donner libre cours à l'imagination et la rêverie lyrique. Dans son œuvre, la Médina, elle nous transmet sa chaleur et son savoir-faire très personnalisé. Alia est toujours en quête de formes, de volumes, d'ombres et de lumière, explorant ainsi la couleur sous toutes ses formes.
Le style de Mariam Garaali est tout à fait original. Sa toile mêle à la fois le dessin pour la recherche de la force du trait et la peinture qui lui confère une liberté de décomposer et de recomposer à sa guise des formes, des couleurs et des pensées traduisant un message de liberté et d'ouverture. Olfa Daoud s'intéresse aux formes baignées dans des couleurs vives. Et dans un effort de synthèse, elle a recours au dépouillement. Elle reste fidèle, avec beaucoup de sensibilité, à la courbe et à l'expression plastique abstraite. Le bleu, le vert et le jaune dominent son travail car ils symbolisent le ciel et la terre, donc la nature, l'espoir et la vie. L'art de la céramique est placé quant à lui sous les feux des projecteurs avec la participation d'une dizaine de jeunes céramistes : Lina Boukadida excelle avec son tableau « un cri pour la belle vie » qui révèle une recherche plastique profondément ancrée dans un cheminement de pensée.
Hend Boudhina, Ali Batrouni, Olfa Ben Aissia, Rihab Chehida, Mohamed Fenina et Karima Refai et autres ont présenté un autre art, des œuvres diverses, de techniques multiples, mêlant collage et acrylique. Dans un style plus féerique, imaginaire, sujets fantasques, le tout étant très coloré, leurs toiles ne vous laisseront pas indifférents. La sculpture sur cuivre était au rendez-vous avec Mourad Habli ; son œuvre étant forte et sans complaisance. Selon l'artiste Tahar Ajroudi, elle ne peut que toucher l'œil et l'émotion. Elle est audacieuse et ose aller jusqu' au bout de son désir et voir naître sous ses mains, des mois durant, ces formes avec lesquelles elle vous capte. La sculpture engage l'artiste à se fondre dans son art. Les photographies de Nada Nasr, Jaleleddine Belkaid, Nabil Zaouali et Marwen Trabelsi traduisent des émotions, mais aussi, des questionnements ou des peurs.
L'argile et le pinceau étaient également au rendez-vous avec ces pots et ces vases du céramiste Boujemaa Trabelsi qui a essayé de superposer des formes en leur créant des espaces spécifiques. Karima Dachraoui s'est illustrée quant à elle, par l'art des masques qui lui donne la possibilité d'utiliser ensemble, argile et couleurs. La matière est ici consistance, chaleur, tendance, caresse et rythme. Ses masques illustrant l'être et l'autre mobilisent plus que le regard. Hbyba Harrabi céramiste plasticienne a pu façonner avec finesse, des objets en poterie qui prennent des formes et des motifs singuliers leur conférant ainsi particularité et originalité. Elle a réussi à insuffler une énergie nouvelle, à amener l'art de la céramique contemporaine à un niveau artistique hors du commun. les autres céramistes Majdi Abdelli, Nour Bellalouna, Fahd Tahri, Amel Ben Fradj et Sabrine Gani ont eu le mérite de veiller à perpétuer, d'une part, un savoir-faire plus que séculier menacé de déperdition et à préserver, d'autre part, le patrimoine culturel traditionnel sans oublier leur grand hommage au grand regretté Abderazak Sahli