Certains vivent avec, au détriment de leur vie sociale, en choisissant de vivre dans l'ombre pour éviter ‘'l'angoisse de prendre la parole en public'', voire même de ‘'répondre au téléphone'' ou de ‘'faire soi-même ses courses''... Le quotidien d'un bègue ne peut être raconté que par une personne atteinte du bégaiement. Et si l'on veut en guérir, il faut commencer par s'assumer, et assumer son « incapacité orale ». C'est chose faite et cette fois, c'est un Tunisien, Abdallah Frikha qui a dépassé le cap du bégaiement en suivant plusieurs stages en France. Le jeune homme importe la méthode en Tunisie et nous en parle. Il va sans dire que le bégaiement est un handicap social. Reste à employer les moyens qu'il faut pour le vaincre. Le terme est défini dans le dictionnaire médical comme étant « des répétitions et des blocages au cours de l'émission du langage. Le bégaiement ne doit pas confondre avec le bredouillage (parole indistincte) et le balbutiement (parole mal articulée). Il peut être clonique : répétition plus ou moins prolongée du même phonème, en général le premier mot. Il est aussi tonique : blocage de l'émission s'accompagnant de mouvements parasites de la face, des membres, du corps entier, de difficultés respiratoires, de rougeur du visage avec sueurs etc... » Le bégaiement concerne 1% de la population mondiale selon l'OMS. Un chiffre voué à la hausse, et sera au moins multiplié par trois dans les pays émergeants, selon la même source. « La prise en charge du bégaiement a démontré l'incapacité des méthodes utilisés à le surpasser. Cela est d'autant plus vrai en France et au Maghreb. » commente Abdallah Frikha, un ancien bègue ayant surpassé son « incapacité orale » après avoir suivi des stages en France chez Ivan Impocco à l'Institut international d'élimination du bégaiement. La méthode IEB fait son entrée en Tunisie « Et si l'orthophonie et la psychiatrie ont montré leurs limites pour mettre fin à cette expérience si pénible de rebuter sur les mots, la méthode IEB a fait ses preuves en France et fait son entrée en Tunisie », nous explique Abdallah Frikha qui continue « Depuis sa fondation jusqu'au dernier stage de Sfax, plus de 3600 personnes ont suivi le stage en France à l'Institut d'Elimination du bégaiement. Plus de 30 Tunisiens ont essayé cette méthode en Tunisie. Cela a permis à bon nombre de personnes de prendre leurs destins en mains et changer leurs vies pour le mieux. », commente notre interlocuteur qui est aujourd'hui ingénieur et directeur d'une PME. Mais qu'est-ce que la méthode IEB ? Il s'agit en fait d'une abréviation de l'''Institut international d'Elimination du bégaiement'', où l'on expérimente la méthode prônée par Ivan Impocco, un spécialiste français dont le nom sonne fort dans le domaine de l'élimination du bégaiement. La méthode qui consiste à comprendre le mécanisme du bégaiement, l'élimine en s'attaquant aux causes de cette « incapacité orale ». Elle associe des techniques «mécaniques» (contraction musculaire à chaque syllabe émise, gestion de la respiration, absence d'articulation) et comportementales (posture, regard, refus de la pression du temps, conditionnement psychologique). « On commence par donner confiance en les capacités du bègue, ne serait-ce qu'en qualifiant autrement son bégaiement par ‘'incapacité orale''. Le bègue commence à prendre conscience du fait qu'il ‘'n'arrive pas toujours à dire ce qu'il veut'' et que depuis 1985 des milliers de jeunes ont pu s'en sortir grâce à cette nouvelle méthode expérimentale.» Abdallah Frikha nous informe qu'il est actuellement au quatrième stage qu'il organise en Tunisie. Chose qui épargnera aux personnes intéressées les coûts et les difficultés du déplacement en France (visas, transport, hébergement). Cette fois le stage aura lieu dans un hôtel à Sfax du 15 au 18 décembre et sera suivi par un stage destiné aux enfants de moins d e12 ans du 19 au 21 du mois en cours sur les mêmes lieux.