La grève générale du 13 décembre, acte II. Maintenant on est arrivé au dénouement de cette pièce qui se joue entre deux forces hégémoniques où le citoyen le contribuable y est un simple figurant. La grève a été annulée et les temps sont maintenant aux distributions de blâmes et satisfécits. Ennahdha choisit cette fois de baisser le ton après l'avoir monté d'un cran durant la semaine dernière dans des déclarations pour le moins détonantes et tonitruantes de son leader. Rached Ghannouchi laisse comprendre, dans un communiqué rendu public jeudi soir, que l'annulation de la grève est un acte courageux du bureau exécutif de l'UGTT. Et si cet acte l'agrandit aux yeux du leader nahdhaoui cette décision semble avoir provoqué un tollé au sein de la centrale syndicale comme par ailleurs dans la rue tunisienne qui s'indigne du rôle de premier plan que jouera désormais lesdites «Ligues de protection de la révolution » qui font la loi... sans foi ni loi. Retour sur l'évènement marquant de la semaine. « C'est une pièce de théâtre de mauvais goût » s'indigne un citoyen qui attendait avec impatience l'annonce du maintien de la grève générale le 13 décembre. Il n'était pas le seul, en fait, à avoir perçu la grève générale comme étant une actualité ayant tourné au vaudeville. Ce serait le cas des organisations et des associations internationales, des artistes qui ont afflué pour soutenir les militants de l'UGTT croyant en son rôle primordial sur la scène nationale. Du côté de Montplaisir, la partie nahdhaouie semble se délecter du résultat des négociations entre le gouvernement et l'UGTT. Le bureau exécutif qui décide d'annuler la grève générale et le justifie par le risque de débordement sécuritaire et la montée de violence qui peut s'ensuivre a été favorablement perçue par les nahdhaouies qui se félicitent « de ce sens de responsabilité d'une partie de l'élite tunisienne et du peuple » Dans un autre passage le communiqué du parti de Rached Ghannouchi gratifie d'un langage d'approbation les parties qui sont intervenues pour trouver un terrain d'entente dans le dialogue gouvernement/UGTT, entre personnalités nationales, partis politiques et militants des droits de l'homme, etc. Le communiqué pour le moins conciliateur rappelle que le parti Ennahdha favorise le dialogue et l'esprit de partenariat. Le même parti s'est lancé pourtant au cours de la semaine écoulée dans une campagne de dénigrement contre les militants syndicalistes. Le ton s'est atténué et c'est tant mieux. Mais est-ce que cela résoudra pour autant le problème pour lequel la grève a été décidée dans un premier temps ? Contre lesdites «ligues de protection de la Révolution» Ce ne serait pas le cas pour bon nombre de Tunisiens qui croient dur comme fer que la violence perpétrée contre l'UGTT et ses militants par ces dites ligues de protection de la révolution doit obligatoirement mener à leur dissolution. « Les attaques du 4 décembre n'étaient que la goutte qui a fait déborder le vase. » rappellerait le Secrétaire général de la centrale syndicale Houcine Abbassi lors du point de presse où il a énuméré la série d'agressions dont était victimes l'UGTT et ses représentations régionales depuis la tenue de son Congrès à Tabarka. Les militants syndicalistes montrent du doigt lesdites « Ligues de protection de la Révolution » qui seraient les auteurs des violences perpétrées contre l'Ittihad. Et si ce dernier a opté pour la voie du dialogue en créant une commission pour revenir sur les faits et nommer par leurs noms les agresseurs, la société civile du moins quelques uns de ses représentants ont choisi de passer à l'acte en saisissant la justice. Une mise en demeure a été signée par un collectif d'avocats représentants d'une vingtaine d'associations et d'ONG, au Secrétaire général du gouvernement l'appelant « à engager les procédures judiciaires qu'il faut pour dissoudre les ligues de protection de la Révolution ». Pour l'instant le parti Ennahdha appelle les Tunisiens à vivre entièrement ce qu'ils appellent le mois de la Révolution qu'ils fixent du 17 décembre au 14 janvier. Les temps sont aux divertissements ... et à la « diversion » murmureront les esprits grincheux... en attendant de hausser le ton et de pousser les vociférations d'indignation « Malheur à vous ! »