Les deux années passées auraient normalement dû être celles de la société civile. Celle-ci de par son impartialité est la mieux placée pour prendre en main plusieurs dossiers brûlants et se faire l'avocat des laissés pour compte. Les partis au pouvoir et ceux dans l'opposition sont depuis le 23 octobre à couteaux tirés sur toutes les questions, même celles sans véritables enjeux. Et en on devra rien attendre d'eux avec leurs discours redondants indigents, et qui ne font qu'ajouter à la misère du paysage politique devenue le théâtre des fanfaronnades par excellence. On nous débite depuis le mois de janvier 2011 et ressasse les mêmes insipidités sans que l'on s'avise à changer de posture pour au moins offrir autre chose qui pourrait un tant soit peu servir de scenarii susceptibles de sortir le pays de l'état d'embourbement dans lequel il patauge et donner aux Tunisiens cette lueur d'espoir dont ils ont cruellement besoin à un moment où les problèmes s'accumulent et se compliquent à n'en plus finir. Désespéré des politiques, le Tunisien espérait de voir la société civile avec ses nombreuses organisations prendre une autre dimension que celle dont elle nous a habituée. Inefficace voire impotente, cette société civile déçoit encore plus d'autant qu'elle donne l'impression d'être atteinte elle aussi par la médiocrité qui est le signe des politiques quelles que soient leur appartenance ou leur idéologie. Nos organisations, toutes activités confondues, brillent par leur absence effective dans les moments où nous en avons le plus besoin. Au lieu de s'inscrire dans une logique de créativité et d'action les menant sur les terrains des faits elles se contentent de protestations et d'appels à travers des communiqués d'usage où les mêmes termes sont utilisés au point de devenir usés. Cette période de totale liberté de penser et d'agir dans le cadre légal que garantit et autorise la loi leur permet d'être d'un grand apport pour servir le pays. Prendre en mains certains dossiers à caractère social, assister les habitants en manque des moyens, enquêter sur les anomalies, dresser des bilans et proposer des solutions concrètes et réalisables ne serait pas de trop. Au contraire cela pourrait donner matière à réflexion aux décideurs et faire renaître de l'espoir parmi la population qui a besoin d'encadrement et d'aide à plus d'un niveau. La société civile de par son essence doit être l'âme de la citoyenneté dans son acceptation la plus large et doit agir en conséquence. Les tribunes de presse et les plateaux des chaînes de télévision ne peuvent en aucun se substituer à l'action. Ils peuvent la seconder mais point la remplacer. Car à l'évidence et par ces temps d'incertitudes, le rôle de la société civile peut être déterminant et encore plus efficace que celui de la gent politique obnubilée par les luttes partisanes et la quête de positionnement sur l'échiquier politique. Par cette inanité affligeante la société civile dans toutes ses composantes a raté une réelle occasion historique d'être à l'avant-garde des préoccupations et des aspirations du peuple tunisien. Dommage de voir aujourd'hui le pays dans un véritable désarroi et que l'on ne trouve point de repère à même de lui redonner le moindre espoir dans un futur rassurant.