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Moubarak ou la tentation monarchique
Egypte: Moubarak ou la tentation monarchique
Publié dans Le Temps le 02 - 04 - 2007

Comme si le dispositif constitutionnel et politique visant à permettre une passation de pouvoir de Hosni Moubarak, bientôt 79 ans, dont 26 à la tête de l'Etat, à son fils Gamal, 43 ans, leader du Parti national démocratique (PND, au pouvoir), n'était pas déjà suffisamment cadenassé, le raïs égyptien a cru devoir y rajouter un énième tour de vis.
C'est là, en tout cas, l'objectif principal - quoique inavoué - du référendum organisé le 26 mars dans le pays de Ramsès II, dans la quasi-indifférence d'un électorat qui ne voit plus vraiment d'utilité aux urnes.

Encore une fois, l'amendement constitutionnel est passé comme une lettre à la poste. Il a suffi de quelques bulletins dans les urnes pour que le tour fût joué. D'ailleurs, le suspense était mince et la mobilisation faible, trop faible. Et pour cause: les électeurs égyptiens n'ont pas pu mesurer la portée des amendements proposés, compte tenu du court délai qui a séparé l'approbation des modifications constitutionnelles par le Majlis Echaâb (Assemblée du peuple, parlement) et la consultation populaire, soit moins de sept jours entre le 19 et le 26 mars. Selon d'autres analystes, les Egyptiens ont retenu la leçon des deux référendums constitutionnels proposé en 1980 par feu Anouar Al-Sadate et en 2005 par le même Moubarak, et dont les résultats étaient presque connus d'avance.
Quoi qu'il en soit, trois électeurs sur quatre ont exprimé leur désaffection en s'abstenant de se rendre aux urnes. On peut estimer qu'un certain nombre d'entreux l'ont fait en réponse aux appels au boycottage lancés par les partis de l'opposition.

Les absents - et abstentionnistes - ont-ils tort ?
Résultat des courses: dans leurs reportages en direct des grandes villes comme Le Caire, Alexandrie et Port-Saïd, les chaînes satellitaires arabes ont montré des bureaux de vote quasiment déserts. Ahmed Ezz, l'un des responsables de la campagne du PND, justifie le fait que trois électeurs sur quatre ne se soient pas exprimés par le nombre trop faible des bureaux de vote (9900).
Par ailleurs, selon les organisations non gouvernementales (ONG) et les témoignages recueillis par les journalistes sur place, de nombreuses irrégularités ont entaché le scrutin. «Une fraude flagrante a marqué les dernières heures du référendum», a ainsi indiqué le centre Hicham Moubarak pour les droits de l'homme, qui a relevé trois phases dans le vote: d'abord une très faible affluence, évaluée par l'Organisation égyptienne des droits de l'homme (OEDH), une groupe indépendant, «autour de 5 %» et les Frères musulmans, principal mouvement d'opposition, à 9 %, malgré les appels réitérés du président égyptien et de son fils Gamal, invitant les Egyptiens à participer au référendum, puis l'acheminement en bus par le PND (au pouvoir) d'électeurs et, enfin, le «bourrage des urnes» pour atteindre un taux de participation plus ou moins décent. Ce qui a fait dire à Moustapha Kamel el-Sayed, professeur de sciences politiques à l'Université américaine au Caire, que le dernier «scrutin n'a pas de légitimité, faute de consensus».
L'organisation professionnelle des juges a dénoncé, pour sa part, des résultats entachés de fraude. «Les juges se lavent les mains des résultats du référendum», a ainsi déclaré Ahmed Sabr, porte-parole du Club des juges. Selon ce dernier, les juges, qui avaient déjà supervisé le référendum de 2005, ont été empêchés de faire leur travail, la tâche étant rendue impossible par le grand nombre de bureaux de vote à surveiller et l'ingérence des autorités qui ont «publié des instructions interdisant aux juges de se déplacer».
Malgré le taux d'abstention très élevé - puisque, de l'aveu même des autorités, seulement 27,1 % des plus de 35 millions d'Egyptiens inscrits sur les listes électorales ont participé au référendum, chiffre avancé par le ministre de la justice Mamdouh El-Marei dans un discours à la télévision égyptienne -, les 34 amendements constitutionnels ont été adoptés sans coup férir avec 75,9 % des suffrages exprimés, selon les résultats officiels annoncés le 27 mars. Au grand dam de l'opposition, islamiste et autres, des défenseurs des droits de l'homme et de quelques observateurs occidentaux dont les voix furent cependant trop timides pour être un tant soit peu audibles.
C'est qu'en Egypte, pas moins qu'ailleurs dans ce Grand Moyen Orient qui rechigne à se réformer - au grand désespoir du président Bush -, les résultats des référendums viennent souvent répondre aux espoirs de ceux qui les organisent.
De même, les gens, à l'intérieur comme à l'extérieur, finissent par ne plus y réagir, par lassitude, résignation, mépris ou les trois à la fois. C'est ce que les analystes politique arabes appellent «ouzouf» (abandon, indifférence, laisser-faire...)

Des «réformes» sur la voie de la démocratie, affirme le raïs
Pour le PND, cependant, qui les a présentés, les derniers amendements sont des «réformes» sur la voie de la démocratie. Ainsi, quarante-huit heures avant le début de la consultation, le chef du parti au pouvoir, le président Moubarak, avait-il plaidé pour les volets les plus controversés de cette série d'amendements, qui prévoient notamment une extension des pouvoirs de surveillance des communications privées, une limitation du contrôle judiciaire des élections et un pouvoir discrétionnaire de dissolution du Parlement accordé au président. «J'ai appris (...) les dangers de mêler la religion à la politique et la politique à la religion. Les amendements constitutionnels (...) devraient prévenir toute incursion dans la religion et toute atteinte à l'unité de ce pays», avait souligné Moubarak, estimant que l'Egypte se doit d'écarter les dangers du sectarisme et du terrorisme.
L'idée maîtresse de cette modification institutionnelle - l'interdiction des activités politiques fondées sur la religion - est de fournir aux autorités les moyens d'interdire les Frères musulmans, qui ont obtenu un cinquième des élus au Parlement en 2005.
Lors d'une adresse télévisée à la nation environ une heure après l'annonce des chiffres, le président Moubarak s'est montré très satisfait du résultat et a déclaré que «le peuple est le vrai vainqueur de ce référendum». Pour lui, les amendements «donneront une impulsion à l'activité des partis», «protégeront la nation du danger du terrorisme» et en finiront avec «le commerce de la religion et les activités politiques illégales».

C'est un revers pour la démocratie, répond l'opposition unie
Les ONG des droits de l'homme estiment, pour leur part, que cette réforme et ce scrutin, convoqué à la hâte, constituent des revers pour la démocratie. Amnesty International y a vu la «plus grande érosion des droits de l'homme» depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence, décrété après l'assassinat du président Sadate, en 1981. Les Etats-Unis - principal soutien au régime égyptien en place - n'ont pas manqué d'exprimer leur inquiétude.
En route pour l'Egypte, le 24 mars, le chef du département d'Etat, Mme Condoleeza Rice, a ainsi fait part de son «espoir que (le référendum) soit un processus qui donne la parole à tous les Egyptiens», mais s'est «inquiétée» du «danger de voir cet espoir déçu».
Ce «service minimum», qui s'apparente à un blanc seing, s'explique par le souci de la Maison Blanche de conserver le soutien du Caire dans sa politique irakienne, quitte à mettre en sourdine ses exigences antérieures de réformes démocratiques en Egypte. Cela n'a pas empêché Le Caire d'y voir une ingérence insupportable dans ses affaires. Le ministre égyptien des Affaires étrangères égyptien, Ahmed Aboul Gheit, a d'ailleurs vivement réagi aux critiques de Mme Rice, déclarant qu'«en dépit de ses relations amicales et stratégiques avec les Etats-Unis, l'Egypte ne peut accepter l'ingérence dans ses affaires d'aucun de ses amis». Le président Moubarak a prévenu, de son côté, qu'il ne céderait à aucune «pression», fut-elle amicale.
De plus en plus unie contre le régime, l'opposition a vu dans le dernier amendement une accentuation du verrouillage de la vie politique et des atteintes aux libertés publiques et à la vie privée, au nom de la lutte contre le terrorisme.
Interdits mais tolérés et contrôlant un cinquième des sièges du Parlement sous l'étiquette d'«indépendants» (88), les Frères musulmans n'ont pas manqué de faire entendre leur opposition à l'amendement constitutionnel, se considérant, à juste titre, visés par l'interdiction de «tout parti» et «toute activité politique» sur une base religieuse. Selon Mohamed Habib, numéro deux du mouvement, les résultats du référendum ont été «truqués à 100 %». «Aucun Egyptien sain d'esprit ne peut accepter ces résultats officiels», a assuré Abdel Halim Kandil, un des dirigeants du mouvement d'opposition Kefaya.
Les Frères musulmans, autant que les autres mouvements de l'opposition - comme les partis libéraux al-Wafd et al-Ghad, dont le leader Ayman Nour est en prison, Tagammou (marxiste) et al-Karama (nassérien) - ont d'autant plus raison de rejeter les nouvelles dispositions de la constitution qu'ils seraient tous dans l'impossibilité de présenter un candidat à la prochaine présidentielle, prévue pour 2011, contre le candidat du PND. Ce dernier pourrait être, selon toute vraisemblance, Gamal Moubarak, après un passage comme premier ministre.
Reste que le dernier tour de vis constitutionnel pourrait avoir, pour le régime, des conséquences moins heureuses. Car en verrouillant davantage la scène politique sous prétexte de fermer la voie aux islamistes, le régime de Moubarak pourrait susciter des sentiments de colère chez certains de ses opposants islamistes, qui pourraient alors, par dépit ou par désespoir, succomber à nouveau aux sirènes de la violence politique.
Ce n'est pas là, on s'en doute, la meilleure façon pour lutter contre la montée du jihadisme en Egypte et dans toute la région.

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Principaux articles amendés
L'article 5, amendé, interdit les partis politiques ou toute activité politique avec «une référence ou une base religieuse».
L'article 88, amendé, remplace la supervision de «chaque urne par un magistrat» prévue par la Constitution par une «haute commission indépendante» chargée de suivre le processus électoral dans son ensemble.
L'article 136, amendé, stipule que le président n'a plus besoin de l'approbation populaire par le biais d'un référendum avant de dissoudre le Parlement.
L'article 179, amendé, permet aux autorités d'arrêter des suspects, de fouiller leur domicile, de surveiller leur correspondance et de mettre leurs communications sur écoutes sans mandat judiciaire. Il accorde au président le droit de faire juger les crimes de terrorisme par «tout organe judiciaire reconnu par la Constitution ou cité par la loi». Il peut ainsi soustraire à la justice ordinaire les personnes soupçonnées de terrorisme et les déférer devant des tribunaux militaires et d'exception.


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