«L'Etat est le seul garant et protecteur des libertés » parce qu'il doit être le seul détenteur de la puissance publique : la police, l'armée et l'administration. Le Premier ministre, M. Hamadi Jebali l'a laissé entendre dans son discours introductif à la discussion du Budget 2013, mais a-t-il les moyens de l'imposer à tous les acteurs politiques y compris à ceux de sa propre famille idéologique ! Je lisais hier matin, quelque part que M. Abbou, ancien ministre démissionnaire et secrétaire général du CPR, présiderait une réunion d'une « Ligue de protection de la Révolution » à la cité populaire « Ettadhamen »... Et où, s'il vous plaît.... Eh bien, tout simplement, au siège de la Municipalité de la localité ! Si la nouvelle se confirme, voilà l'amère réalité : l'Etat n'est plus la propriété des citoyens dans leur ensemble, mais un instrument de mobilisation d'un méga-parti au détriment de tous les autres. Allez demander à M. Taïeb Baccouche, de Nida Tounès, ou M. Issam Chebbi, d'El Joumhouri... il vous diront ce qu'ils en pensent ! Par conséquent, il est grand temps de redéfinir les vocations des structures de l'Etat et des institutions après la confusion de l'Etat-Parti des années passées. Quant aux « Associations » et « Ligues » de protection de la Révolution, elles font l'objet d'une contestation toute à fait légitime parce qu'elles peuvent se substituer à l'Etat lui-même dans sa fonction essentielle : Le maintien de l'ordre et la protection de la sûreté de citoyens. Par ailleurs, si des autorités « officielles » cautionnent ces « ligues » et en font la « conscience » de la Nation (Dhamir el Oumma), qui empêcherait d'autres « autorités » demain de créer leurs propres « ligues » de défense de ce qu'ils considèrent être la « vraie Révolution » contre les ligues précitées. La « libanisation », qualificatif du pays des cèdres et la guerre civile de 1975 dans ce pays merveilleux, qu'est le Liban, a été le résultat de ce genre de comportements irresponsables et imprévisibles. Résultat, plus de 100.000 morts. Attention, ne jouons pas avec le « feu »... Les hommes de loi respectables et militants des droits et des libertés publiques et privées ont mieux à faire, pour consolider l'Etat de droit et la démocratie. Ce passage introductif m'amène à ce qui constitue aujourd'hui, un nouveau défi à toutes les familles politiques et pas seulement au gouvernement : La sécurité de notre territoire et ses frontières. En effet, petit à petit, on commence à nous familiariser avec ces groupes armés islamistes jihadistes et radicaux qu'on croyait appartenir à d'autres sphères et d'autres espaces que les nôtres. Au départ, il ont élu domicile et « transit » à travers les voies de communication saharienne et maintenant ils installent de véritables bases « relais » capables d'opérer en Tunisie même à partir des hauteurs de Kasserine, Thala et Jendouba. Le ministre de l'Intérieur, M. Ali Laârayedh a bien raison de prendre la chose au sérieux et de s'inquiéter sans aller, bien sûr, jusqu'à l'exagération excessive du phénomène. La situation est sous contrôle sécuritaire et c'est tant mieux. Mais, de tout temps depuis Rome, les meilleurs gardiens des frontières sont les habitants eux-mêmes. C'est pour cela qu'il faut, et d'urgence, planifier le développement régional de ces contrées frontalières. Il faut reconnaître que l'Etat national tunisien de l'indépendance n'a pas fait grand chose à ce niveau, non pas faute d'atouts de ces régions qui ont une spécificité productive importante, mais par manque de volonté politique. Il faut dire aussi que le tissu social tunisien était beaucoup plus homogène à l'époque qu'il ne l'est aujourd'hui, et que la question n'avait pas l'urgence de ce moment. Les différentiations sociales et le manque d'infrastructure sont flagrants dans les gouvernorats frontaliers. C'est pour cela qu'il faut planifier et agir en même temps... parce que le temps presse et il faut immuniser les populations qui vivent un haut degré de précarité, contre les appels à l'enrôlement et au « recrutement » de ces groupes terroristes fortement endoctrinés. Des jihadistes tunisiens en Afghanistan, en Irak, et maintenant en Syrie, sont recrutés par les cellules internationales du terrorisme parce que ces jeunes n'ont plus rien à perdre et deviennent une proie facile aux tentations d'affirmation du « soi » qui leur sont proposées par les chefs prédicateurs, les seigneurs de la guerre. C'est pour ces raisons qu'il faut un grand sursaut de solidarité nationale et même internationale des amis de la Tunisie, pour circonscrire le phénomène et l'empêcher de s'étendre. La classe politique tunisienne doit s'en rendre compte pour préserver l'unité nationale contre le terrorisme. Pour cela, il faut que la différentiation politique et idéologique soit canalisée par les institutions, les loris et surtout les élections transparentes et honnêtes. Les formations politiques qui veulent aujourd'hui par tous les moyens enflammer le débat politique et pratiquer l'exclusion pour garder le pouvoir illégitimement et indéfiniment ne font que pousser les jeunes « désespérés » et désoeuvrés vers l'extrême à savoir les circuits parallèles aux institutions. La concurrence politique doit se faire entre formations légales et attachées à la loi plus qu'au pouvoir lui-même. Les « acteurs » eux-mêmes, se doivent d'éviter l'extrémisme dans la parole et dans les actes. Le monde nouveau a relégué l'idéologie extrême aux archives de l'Histoire. C'est ce qui fait la réussite de la Chine populaire aujourd'hui. A nous de cesser d'offrir notre pays si cher et si beau capable de prospérité, de stabilité et d'amour, à « l'expérimentation » ! « We Ma yendeblik illa Dhafrek... we ma ybkilek illa chafrek... » ! Soyons différents mais, soyons solidaires et raisonnables !