M.Iyadh Ben Achour a toujours brillé par son franc parler et ses analyses pertinentes. Connu pour sa probité intellectuelle, il a su garder ses distances vis-à-vis des partis politiques pour avoir cette indépendance qui lui permet de formuler ses critiques. Il ne s'est jamais départi de cette ligne, lui qu'on peut classer comme un libéral mais comme un démocrate convaincu. Mercredi dernier il était l'invité d'une chaîne de télévision pour parler politique et notamment de la Constitution. Sans fard ni fioriture il a donné son point de vue étayant le tout par des preuves matérielles incontestables. Le président de la défunte Instance supérieure de la révolution, n'a pas caché son étonnement voire son indignation devant la lenteur qui caractérise les travaux de l'A.N.C dans la rédaction de la Constitution, sans omettre de rappeler que tous les partis sauf un se sont engagés à finir ce travail une année après les élections qui ont eu lieu le 23 octobre 2011. Il a son explication à cela et elle est celle-là même qu'on retrouve sur presque toutes les langues : les constituants «font tout pour demeurer le plus longtemps possible là où ils sont » ! Parlant de la Constitution dans sa première mouture et qui est encore sujette à des amendements, il n'a pas manqué de relever les contradictions entre les articles d'où il en déduit que nos constituants sont ignorants de la chose constitutionnelle. Son reproche devient pertinent quand il affirme que la Tunisie regorge de spécialistes en la matière et qu'on retrouve plusieurs d'entre-eux exerçant même à l'étranger. Pourquoi n'a-t-on pas fait appel à ces compétences ? Cette question trouve sa réponse dans l'esprit partisan qui règne au sein de l'A.N.C dominée par trois partis qui, en dépit des protestations persévèrent sur la voie qu'ils se sont tracée partant de la majorité confortable dont ils disposent au sein de cette assemblé. Certes il y a le travail des commissions, mais celles-ci ne peuvent présenter que des projets d'articles qui demeurent sujets à des amendements en plénière et soumis au vote qui pourrait faire tomber tout le travail fait au sein de ces mêmes commissions. Sur le fond, Iyadh Ben Achour ne mâche pas ses mots et ne cache pas son amertume voire sa colère, car il est sûr que la Tunisie aura à l'issue de tout ce temps une très mauvaise constitution qui fera la risée de tout le monde ! attendons pour voir ! Parlant de la situation dans le pays, Iyadh Ben Achour ne s'est pas fait prié pour crier toute sa colère affirmant que la Tunisie méritait mieux que cela. Par la faute de qui ? De ceux qui sont aujourd'hui au pouvoir et qui ont tourné le dos aux revendications de la population pour ne s'occuper que de leurs sièges et comment ne pas les quitter. Tant d'affirmations qui méritent réflexions, surtout quand elles émanent d'un personnage qu'on ne peut soupçonner de la moindre complaisance envers un quelconque parti politique et qui jouit d'un grand crédit pour le travail accompli par quelconque parti, politique et qui jouit d'un grand crédit pour le travail accompli par l'Instance qu'il a présidée où toute la Tunisie y était et où la démocratie réelle était exercée. Tous Les décrets préparés et proposés par cette instance l'étaient après des débats francs et parfois houleux mais où personne ne s'était senti exclu, et étaient le fruit souvent d'un consensus entre les différents courants politiques et idéologiques. Jamais l'homme ne s'était rangé en faveur d'une partie au détriment d'une autre, ce qui donne au constat fait toute sa crédibilité et le bien fondé qu'il mérite, d'autant qu'il n'hésite à pas à voir dans tout des prémices annonciatrices d'une nouvelle dictature ! L'alerte est sonnée, aux Tunisiens d'en saisir la portée !