42 mille articles recensés et répertoriés, dont 12 000 ont fait l'objet d'une expertise Une vente aux enchères ouverte même aux clans Ben Ali et Trabelsi De l'or, des diamants et des émeraudes à profusion. Des voitures sorties tout droit d'un rêve. Des bibelots puant le luxe et le faste. Le regard est d'abord frappé et aveuglé par tant de lumière, d'éclat et de scintillement ostentatoires. Un étalage pompeux d'une kyrielle d'œuvres d'art, de bijoutiers et d'artisans subjuguent le regard. Foire ou caverne d'Ali Baba, on ne sait trop le dire. Etant donné que l'on ignore la provenance de toutes ces merveilles qui appartenaient aux anciens détendeurs du pouvoir, et qui, malgré leur apparat époustouflant, portent en elles un arrière-gout d'amertume, de maudits et du pêché. La caverne d'Ali Baba et des 40 voleurs en vente Voilà à quoi ressemble en gros l'expo-vente des biens confisqués aux Ben Ali et Trabelsi. Une caverne d'Ali Baba jonchée de merveilles qui agressent le regard du Tunisien moyen ou pauvre. Une caverne dont l'entrée est payante. A raison de 30d, le citoyen tunisien pourra voir ce qui lui a été, indirectement, volé de la caisse de l'Etat. Des biens qui l'ont condamné à la misère. Après une série infinie d'expertises exclusivement faites par des Tunisiens, ces joyaux ont été classifiés et soumis aux regards et aux portes-monnaies des plus offrants. Pour l'instant, il s'agit surtout des hommes d'affaires tunisiens et des richissimes hommes d'affaires du Golfe. Ils ont entamé leurs demandes d'acquisition de ces «merveilles» depuis des mois déjà. Il est à noter que l'espace conçu pour l'expo-vente n'était pas assez grand pour accueillir tous les biens trouvés dans le Palais Sidi Dhrif. Uniquement 22 voitures de luxe sont exposées pour l'instant. Des Porsche, des Lamborghini, des Aston Martin, des Mercedes, Rolls Royce ou encore une limousine à couper le souffle de par leur beauté et leur prix exorbitant. Outre l'espace consacré aux véhicules luxueux, des quads et motos ont été exposés et deux grandes salles rappelant les grands musées et les galeries à l'ancienne, étaient parsemées d'une large panoplie de bibelots d'un luxe et d'un gout inouïs ! Quant aux bijoux, une bonne partie étaient exposés. L'on pouvait lire l'émerveillement et la frustration des quelques personnes présentes. Pierres précieuses, émeraudes et diamants entrelacés pour donner vie à de véritables joyaux époustouflants. Des montres Rolex incrustés de diamants, des stylos en or et sertis d'emeraudes. Un luxe qui donne la nausée et cause la perdition de l'être et des sens. Ce faste aurait été tout à fait ordinaire s'il était en possession de n'importe qu'elle famille présidentielle. Or, il était bien celui d'une famille mafieuse qui a raflé tous les biens d'un peuple entier : dignité, équité, justice, mobilier, terrains et tout ce qui est source d'argent et de gain. En errant dans cet espace, une image s'impose et s'oppose à tout ce luxe ostentatoire et agressif. L'image d'un pays fatigué des rebondissements et soubresauts mercantilistes de par le passé et idéologiques et politiques aujourd'hui. L'image d'un peuple dont la souffrante demeure dans sa misère et s'engloutit encore dans son mal. On nous annonce, les yeux illuminés : «Vous savez tous les gains iront dans la caisse du budget de l'Etat ! C'est pour le bien du peuple ! Pour le développement des régions. C'est une somme colossale de 22 millions de dinars ! Tout se fera dans la totale transparence.». On aimerait bien y croire. On vendra aux enchères les biens dont l'origine était arrachée à la chair du Tunisien. Show must go on ! Melek LAKDAR
Officiellement qualifiée d'évènement exceptionnel et d'occasion unique pour les collectionneurs, l'exposition vente consacrée aux biens confisqués appartenant à la famille de l'ancien président Ben Ali, a été inaugurée, samedi matin 22 décembre, à l'espace Cléopâtre dans la zone touristique de Gammarth, par le chef du gouvernement, Hamadi Jébali, entouré de plusieurs ministres et d'un grand nombre d'invités. La manifestation ouvre ses portes au public aujourd'hui dimanche 23 décembre et se poursuivra pendant un mois avec la possibilité de la prolonger au-delà de cette durée afin de permettre la vente des biens qui ne seront pas acquis, entre temps. Les recettes provenant de cette exposition vont alimenter les caisses de l'Etat tunisien en vue de financer des projets de développement. Des cartes postales officielles sous forme de calendriers de poche de 2013, illustrant les produits exposés abondent de slogans en arabe , dans ce sens, tels que '' avec une voiture, tu peux fournir des cars pour ceux qui traversent les rivières'' ou encore ‘'grâce à un lustre de luxe, tu illumines les nuits d'un village oublié''. D'après des estimations officielles, les revenus pourraient atteindre 90 millions de dinars, ce qui permettra de réaliser, au total, des recettes de l'ordre de 1200 millions de dinars à partir de la vente des biens confisqués y compris les parts confisquées en faveur de l'Etat dans les sociétés et entreprises économiques de la famille de l'ancien président, comme prévu dans le cadre de la loi de finances complémentaires de 2012. Découvertes inédites Les gens, en Tunisie et dans d'autres pays, ont eu, déjà, l'occasion de mesurer la vie luxueuse de la famille du président déchu, à travers quelques reportages de la Télévision nationale. Cette exposition vente des biens confisqués leur permet des découvertes bien plus inédites. Les produits présentés comportent, entre autres, près de 30 voitures d'élégance, de confort et de luxe, de grandes marques, regroupés dans un pavillon bien aménagé couvrant 1000 mètres carrés. Elles sont toutes très coûteuses et le prix de l'une des voitures en particulier, à l'état neuf, atteint 3 millions de dinars ou trois milliards de millimes. Outre ces voitures luxueuses, l'exposition propose aux acheteurs des collections de bijoux de grande valeur dont des colliers en or sertis de diamant et d'émeraudes, outre des montres en or , des bagues. Parmi les autres articles exposés a la vente figurent des tapis en soie de diverses tailles, des meubles de valeur, des services et des vases en cristal, de la porcelaine, des effets vestimentaires et articles de maroquinerie signés, des tableaux et objets d'art de toutes sortes, de fins et jolis bibelots de décor. L'espace Cléopâtre où se tient l'exposition est un joyau d'architecture. Il s'agit d'un palais luxueux édifié par Bel Hassen Trabelsi, le gendre tristement connu de Ben Ali, exilé actuellement au Canada, pour abriter un casino et comme les nombreux casinos thématisés, dans le monde, selon un concept de décoration propre, le casino auquel avait rêvé Bel Hassen Trabelsi est décoré par des motifs empruntés totalement aux hiéroglyphes de l'Egypte pharaonique. Mais, la vanité est illusoire. Aussi, le chef du gouvernement a jugé bon de déclarer , à cette occasion, à la presse, que cette exposition, outre sa contribution à l'alimentation des caisses de l'Etat, doit inciter les gouvernants arabes actuels et futurs à tirer les enseignements qui s'imposent et se persuader qu'un bien mal acquis ne profite jamais.