Les urgences des hôpitaux souffrent depuis longtemps de plusieurs maux qui exigent des réformes radicales et non des solutions illusoires. En effet, les problèmes monstres qui y règnent tels que l'encombrement, le manque de personnel et de matériel, la mauvaise organisation, le retard de prise en charge, les agressions du personnel et j'en passe, ne sont pas prêts à être résolus à court ou à moyen terme. Le patient, fuyant la situation délicate des établissements hospitaliers, préfère se rabattre sur les urgences du secteur privé en espérant trouver une meilleure prise en charge, rapide et de qualité, qui soulagerait ses maux, malgré l'écart énorme du coût des prestations. Hélas, ceci n'est pas toujours vrai et la mésaventure qu'a vécue une consœur aux urgences de la clinique El Amen à Gafsa dans la nuit du samedi 16/12/12 vient confirmer mes dires. La doctoresse qui s'est trouvée dans la situation d'une patiente ce soir-là, ayant été victime d'une intoxication au monoxyde de carbone, une intoxication fréquente et mortelle, qui a été à l'origine d'un état de coma, a été amenée par sa famille aux urgences de la clinique. A l'arrivée, elle reprit peu à peu conscience ; elle avait par ailleurs une cyanose des extrémités et une fréquence cardiaque accélérée. Du fait qu'elle manquait d'oxygène, elle avait demandé qu'on le lui administre en urgence. L'infirmier lui répondit : « il faudrait d'abord qu'on vous inscrive et que le médecin de garde vienne par la suite vous voir pour la prescription thérapeutique». Autrement dit, rien n'urge. Si on demande à être soigné, la garantie de paiement est primordiale et passe avant le pronostic vital. Drôle de logique qui est la négation de tout sens d'humanisme envers les malades et qui est l'expression de non assistance à personne en danger. L'infirmier est normalement autorisé à administrer de l'oxygène dans une situation d'urgence et cet acte implique la vérification de ce dernier par le médecin dans les moments qui suivent. La réponse et l'attitude de l'infirmier étaient choquantes aussi bien pour la patiente que pour ses parents. Ces derniers lui ont dit qu'ils étaient prêts à porter plainte si un malheur arrivait à leur fille. Avec arrogance, il répondit : « allez-y, déposez cette plainte ». Une fois arrivé, le médecin de garde s'est mis à discuter avec la malade du diagnostic étiologique de l'intoxication alors que l'origine était évidente et que, quelque soit la nature du gaz en cause, une oxygénothérapie était indiquée dans son cas. Comme traitement, elle a eu un antalgique par voie intraveineuse et un tranquillisant par voie intramusculaire, tous les deux n'ayant aucune place dans la prise en charge thérapeutique. Par ailleurs, le médecin qui manquait de patience, voulait terminer l'interrogatoire au plus vite. Devant la propre insistance de la malade, elle a bénéficié enfin de l'oxygène. Ces comportements condamnables ont la peau dure ; il semble qu'ils se soient incrustés à jamais dans les mentalités, aussi bien dans nos établissements sanitaires publics que privés. A quand un changement salvateur ? Cependant, ce genre de défaillance a en partie une « atténuante » vu que l'erreur est humaine et nul n'est à l'abri d'une faute quelconque du métier aussi dur et ingrat que celui du personnel médical et paramédical. Cela ne veut point dire que ce type d'attitude soit défendable. Faisons tous l'effort d'en minimiser les dégâts sur la santé physique et morale du citoyen.