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A qui profite l'automédication ?
Santé
Publié dans Le Temps le 25 - 10 - 2008

Tous les Tunisiens peuvent facilement acquérir des médicaments chez le pharmacien sans pour autant passer par un médecin. Pourtant, selon la réglementation en vigueur, les médicaments sont soumis à une prescription médicale, du fait que tout médicament est un produit industriel pouvant contenir des substances susceptibles
de présenter des effets indésirables s'il est utilisé sans surveillance médicale ou sans respect des consignes contenues dans la notice d'emploi. Si une ordonnance médicale est exigée pour certains médicaments, notamment les antibiotiques ou ceux administrés aux maladies chroniques, une prescription médicale est pourtant facultative pour d'autres médicaments dont la toxicité est jugée modérée et qui ne présentent pas un grand danger en cas d'une utilisation prolongée ou en cas de surdosage, comme par exemple les antitussifs, les anti-inflammatoires, les anti-diarrhéiques ou les antalgiques... Mais quand et comment peut-on recourir à la médication ? Serait-il plus pratique de pouvoir soigner ses petits maux sans se rendre chez un praticien ? A quels risques s'expose-t-on en pratiquant l'automédication ?
En effet, l'automédication est devenue une pratique très courante dans les ménages tunisiens pour diverses raisons. D'abord, c'est une source d'économie pour certains qui peuvent épargner le prix d'une consultation chez un praticien, jugeant souvent qu'une maladie anodine (rhume, diarrhée, constipation, mal de tête...) ne nécessite pas toujours de visite médicale. Ensuite, certains patients refusent, par principe ou par pudeur, de se rendre à un cabinet médical, à un hôpital ou à une clinique, refusant d'exposer leur corps ou leurs symptômes aux médecins. Il y a également ceux qui préfèrent réutiliser des médicaments conservés à la maison que le médecin leur a prescrits auparavant, surtout quand il s'agit de la même maladie à traiter. Une autre cause réside dans le fait que certaines personnes affiliées à une assurance-maladie (CNAM ou autres...), ayant atteint le plafond autorisé, n'ont plus droit au remboursement. Alors, ils ont recours à l'automédication.

Inversion des rôles
Dans plusieurs pays européens, cette automédication est très développée et ni les caisses d'assurance-maladie ni l'Etat n'interviennent pour en limiter l'usage. Au contraire, ces derniers jouent souvent sur l'automédication dans la mesure où un grand nombre de ces médicaments achetés sans prescription médicale favorise la promotion des médicaments génériques et contribuent par conséquent à la réduction du coût de la médication pour la sécurité sociale et l'Etat. C'est ainsi que ces produits pharmaceutiques à prescription médicale facultative (qu'on appelle aussi médication par conseil officinal) se vendent dans ces pays en grandes quantités dans les grandes surfaces et font même l'objet de publicité, puisqu'ils ne sont pas tous remboursés par les caisses d'assurance-maladie. Chez nous, heureusement que la propagande des médicaments est interdite par la loi et un grand nombre de ces médicaments restent remboursables. Ainsi, quiconque peut se les procurer chez le pharmacien, à tout moment et sans prescription médicale préalable ; la consultation d'un praticien étant souvent jugée par certains non nécessaire, surtout quand il s'agit de pathologies bénignes (grippe, rhume, toux, entorse, surmenage, anorexie passagère...). La logique veut qu'on s'adresse d'abord au médecin pour un diagnostic et une prescription médicale, puis au pharmacien pour se procurer les médicaments prescrits. Mais, chez la plupart des gens de chez nous, l'usage est inverse : en cas de maladie, certains vont chez le pharmacien d'abord et puis chez le praticien pour obtenir une ordonnance des médicaments déjà achetés et consommés.
Le pire est que certains utilisateurs des médicaments sans ordonnance médicale ne suivent pas scrupuleusement les conseils du pharmacien ou ceux indiqués dans la notice. Parfois même cette automédication ne se limite pas aux seuls médicaments dits sans grand risque, mais s'étend aux antibiotiques et aux autres médicaments destinés aux maladies spécifiques. Certaines gens se font tout simplement conseiller par l'un des proches pour faire soigner une angine grave ou une chute de tension ou encore une pneumonie aiguë, ignorant toujours qu'un antibiotique n'agit pas de la même façon chez tous les patients atteints de la même maladie et que s'il a marché à merveille chez un parent ou un voisin, il n'en est pas toujours ainsi chez d'autres. Et dire qu'il y a des gens qui peuvent se procurer des antibiotiques chez le pharmacien sans présenter d'ordonnance médicale ! Alors qu'il est interdit aux officines de délivrer ce genre de médicament sans prescription médicale !
80% des personnes rencontrées déclarent avoir utilisé des médicaments sans avoir recours à une consultation chez un médecin. Ahmed préfère s'adresser directement au pharmacien en cas d'un problème de santé : « Franchement, j'ai recours souvent à l'automédication. Pour la même maladie, j'ai toujours acheté les mêmes médicaments et ça marche. Dans bien des cas, les conseils du pharmacien suffisent ! Mais pour mes enfants qui sont encore très jeunes, je préfère voir un médecin ; ils ont peut-être besoin d'un antibiotique et les antibiotiques ne doivent jamais être pris en automédication. » D'autres préfèrent garder des médicaments achetés antérieurement suite à une prescription médicale mais qui n'ont pas été totalement consommés. Jamel est catégorique là-dessus : « A quoi bon aller chez le médecin pour la même maladie ? J'ai toujours conservé les médicaments servant à guérir telle ou telle maladie, en cas de besoin, je les utilise, tant qu'ils ne sont pas périmés ; c'est mieux de les jeter à la poubelle ! Les médicaments sont de plus en plus chers ! » D'autres encore comptent désormais sur la technologie moderne pour se faire soigner : il existe actuellement des logiciels médicaux à la portée de tout le monde qui peuvent déterminer le diagnostic et prescrire les remèdes nécessaires à chaque cas. De même qu'il y a sur Internet des consultations à distance, capables de se développer dans les années à venir. Hichem, souffrant d'une sinusite chronique, utilise souvent des sites médicaux sur Internet : « Depuis que j'ai trouvé sur Internet les mêmes types de médicaments que mon médecin, spécialiste en ORL, m'a toujours prescrits, je n'ai plus besoin d'aller chez lui pour me soulager ; je m'adresse directement au pharmacien pour avoir mes médicaments ! » Viendra-t-il un jour où les hommes n'auront plus besoin de se déplacer pour aller consulter un médecin ou demander le conseil d'un pharmacien et qu'il suffira d'un clic pour établir un diagnostic à partir des symptômes personnels fournis à l'ordinateur ? Espérons que non ! Autrement, si tout le monde se met à l'automédication, les facultés de médecine et de pharmacie n'auront qu'à fermer leurs portes !
Hechmi KHALLADI
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Témoignages
Nous avons également contacté des personnes du domaine (un dentiste, un généraliste et une pharmacienne) qui ont bien voulu nous donner leur avis sur le sujet.

**T. Rhaiem, chirurgien dentiste :
« Seul le diagnostic établi par le médecin peut déterminer le type du médicament à administrer »
« Il y a toujours des risques dans l'automédication. A toute pathologie, sa propre médication. Parfois, un patient vient me dire qu'il a utilisé un antibiotique, alors que son cas ne demande qu'un analgésique et inversement. Seul le diagnostic établi par le médecin peut déterminer le type du médicament à administrer. C'est pour cette raison qu'en cas de soins dentaires, les personnes diabétiques ou cardiaques doivent le signaler à leur dentiste pour qu'il leur prescrive le traitement adéquat. »

**R. B. A, généraliste :
« Certains patients prennent n'importe quoi pour n'importe quelle maladie »
«Certains patients ne viennent consulter un médecin qu'après avoir essayé des médicaments, mêmes des antibiotiques inutilement. Pourtant, on distingue plusieurs familles d'antibiotiques selon leur mode d'action, or, certains patients prennent n'importe quoi pour n'importe quelle maladie. Et c'est grave pour la santé ! Lorsqu'on prend plusieurs médicaments ensemble, qui peut nous dire si l'un ou l'autre est contre-indiqué ou si leur absorption en même temps est déconseillé ! Il y a pourtant des gens qui, même pour des maux bénins, viennent consulter un médecin pour se rassurer. »
** M. Larbi, pharmacien :
« La responsabilisation des pharmaciens est nécessaire »
« L'automédication, ça existe partout dans le monde. Un pharmacien peut délivrer certains médicaments sans ordonnance, ceux qu'on appelle médicaments par conseil officinal et qui sont d'ailleurs fixés sur une liste. Mais on doit demander au client de quoi il souffre et souvent on lui recommande un médicament autre que celui qu'il vient chercher. La responsabilisation des pharmaciens est donc nécessaire ! Il reste qu'en cas de doute, on conseille au client d'aller consulter le médecin. De même, il est interdit à un pharmacien de changer un pansement ou faire une suture à un blessé ; le cas échéant, c'est l'infirmier qui s'en charge.»


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