Comme pour chaque saison il faut une moisson, nos responsables politiques se sont démenés pour nous en assurer une, et comme c'est leur première année de légitimité, ils ont veillé à ce que cette moisson soit au parfum de la Révolution. Celle de 2012 était, donc, le fruit d'une année fructueuse où furent cultivées toutes sortes de semences allant des produits du terroir aux produits exotiques qui s'avèrent, en définitive, plus productifs. Le «Wahabisme» est, incontestablement, l'importation la plus réussie, puisqu'il trouve, dans notre pays, un sol fertile pour croître et s'épanouir. En l'espace de quelques mois, il réussit à s'acclimater et devient un produit local à part entière. Sa production est tellement abondante qu'on en exporte à des pays qui connaissent une pénurie en la matière tels que la Syrie et à d'autres qui ont besoin de renforts comme le Mali. Dorénavant, « Al Qaïda » devrait compter avec sa « base tunisienne » pour réaliser ses projets dans la région et ailleurs, son savoir-faire dans ce domaine est une sorte de label. Des fortunes diverses Les bienfaits du gouvernement béni se vérifient, en fait, partout, tout le monde est touché par sa bénédiction, sans doute, avec des fortunes diverses, et cela grâce à l'amélioration spectaculaire du taux de croissance. Les uns ont gagné des titres de noblesse comme les « Djihadistes des ligues» baptisés la «conscience de la Révolution», ou bien les «Salafistes» qu'on choie avec l'appellation mignonne et pleine d'affection « nos enfants ». D'autres ont reçu des promesses comme les chômeurs dont le nombre croît du jour au lendemain. Ils sont, donc, appelés à maîtriser cette croissance anarchique pour que les autorités puissent arrêter un plan d'intervention. Une fois ces conditions seront remplies, leur problème sera exposé devant les instances étrangères qui devraient se démener pour régler l'affaire, parce que notre ministère de l'emploi n'est pas chargé de trouver des emplois, il est préoccupé par les objectifs de la Révolution. La même remarque s'adresse aux malades dont le nombre devient galopant, ce qui donne une fausse impression faisant croire à une carence en médicaments dont la responsabilité est jetée, comme toujours, sur le gouvernement. Silence ! On tourne... Des promesses, on en a dispensé, aussi, aux blessés de la Révolution qui, eux également, devraient se discipliner et ne plus accuser les autorités de les avoir oubliés. Elle ne peut pas intervenir, maintenant, parce que leur liste n'est pas encore définitive. Il faut attendre qu'on lui ajoute ceux de Menzel Bouzaïane, de Sfax, de Siliana, du 9 Avril... et les suivants. Donc, ils devraient patienter quelque temps qui pourrait être court ou long, tout dépendrait des événements. Les familles des martyrs sont, aussi, invités à attendre, et qu'ils arrêtent de se plaindre. Le gouvernement ne pourrait pas s'occuper, à la fois, des morts et des vivants. Quand il serait débarrassé de ces derniers, là, il pourrait s'occuper des premiers, il a besoin de calme pour travailler. La désinvolture Face à cette misère des masses, les responsables politiques se permettent le grand luxe. Les budgets des trois présidences sont augmentés de quelques millions et un ministre se permet de dilapider le trésor public en dépensant des millions pour ses loisirs. Le comble de cette désinvolture c'est la revue à la hausse des primes de nos chers représentants par le président de l'ANC: la décision du tribunal administratif relative à la suspension de ces primes est contournée, et nos députés vont pouvoir en bénéficier. C'est le seul type de bataille qu'ils mènent à bien et qu'ils s'obstinent à remporter, il y va de leur dignité, la perdre risquerait de porter atteinte à leur légitimité. Mustapha Ben Jaâfar va, enfin, décréter cette augmentation comme le stipule l'article 78 de la loi des finances en dépit de son inconstitutionnalité comme l'ont démontré certains juristes. Le plus grand spectacle du pays Excepté quelques députés très limité en nombre, tous les autres ont applaudi cette mesure comme celle se rapportant à la retraite. Il est clair que l'argent les unit, d'ailleurs, quand il s'agit d'en délibérer, ils le font à huis clos ne serait-ce que pour écarter le mauvais œil des envieux qui les jalouseraient, et là ils ne risquent pas de se disputer. Ils ne le font que devant les caméras pour donner l'impression qu'ils remplissent bien la fonction pour laquelle ils étaient élus, agissant, ainsi, à la manière de l'ouvrier qui se démène lorsque son chef se manifeste et reprend sa pause intermittente quand celui-ci sera parti. On vu comment ils sympathisent dans les coulisses, on dirait qu'ils sont tous du même parti. On ne demande pas qu'ils se battent à coups de poing, mais, tout simplement, un peu de conséquence, leur allure dément l'acharnement qu'ils manifestent dans la défense de leurs positions au cours des assemblées générales télévisées. Pendant que les citoyens souffrent le martyr à cause de la cherté de la vie et que les régions déshéritées s'enfoncent davantage dans le gouffre de la misère, eux, ils mènent la belle vie. Pauvre peuple ! Combien tu es naïf ! Tu crois vraiment que les députés que tu as élus vont défendre tes intérêts et sacrifier leur « kif » ?