Intervenant en même temps que le déclenchement de l'intervention militaire de la France au Mali, la rencontre sur la coordination sécuritaire entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye ayant, dans la ville libyenne de Ghédamès, les chefs de gouvernements de ces trois pays, respectivement, Hamadi Jébali, Abdelmalek Sellal et Ali Zeiden, a été accueillie, avec, satisfaction, partout, et à tous les niveaux officiel et populaire. Bien que le premier ministre algérien ait déclaré, à l'issue de la réunion, que cette rencontre tripartite au niveau des exécutifs tunisien, algérien et libyen, a été rendue nécessaire par la guerre déclenchée au Mali, avec des participations étrangères au Continent, contre les organisations islamistes fondamentalistes qui occupent le Nord de ce pays africain ami, les commentateurs estiment qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire. Pourtant, l'Algérie qui a été le premier pays au monde à avoir à combattre durant plus de dix ans et au prix fort, le fondamentalisme militariste, ou terrorisme, devant une passivité quasi générale, défend une solution politique de la crise malienne. ‘'Cette crise rend nécessaire une coordination entre nos armées et nos services de renseignements afin d'empêcher tout ce qui peut porter atteinte à notre sécurité, avait-il précisé. Besoin pressant Il faut reconnaitre que le besoin de coordination en matière sécuritaire entre les trois pays était pressant bien avant ces développements. De nombreuses rencontres et discussions bilatérales sur la coopération et la coordination sécuritaires entre ces trois pays avaient eu lieu, avant la rencontre de Ghédamès qui avait été, autrefois, un des principaux carrefours des échanges commerciaux entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire subsaharienne. On en signale, en particulier, les entretiens tuniso-algériens lors de la visite effectuée, le 25 décembre 2012, en Tunisie, par le ministre algérien de l'intérieur, Daho Ould Kablia. Plusieurs décisions en matière de coordination sécuritaire entre les trois pays, annoncées, à l'issue de la réunion de Ghédamés, avaient été proposées, à l'occasion du séjour de Mr Ould Kablia, en Tunisie, comme le développement socioéconomique des zones frontières ou encore la création de points de contrôle commun et l'organisation de patrouilles conjointes le long des frontières. Début décembre 2012, le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jébali, rendit visite en Algérie où fit, également un séjour, en septembre, le chef du gouvernement libyen, Ali Zeiden. Aggravation des menaces Entretemps, sur fond de préparatifs de guerre contre ‘'les jihadistes'' du Mali qui semblaient la chercher en multipliant les profanations des mausolées religieux et les velléités d'expansion, les frontières tuniso-algériennes, tuniso- libyennes, et algéro- libyennes, devenues une véritable passoire suite aux évènements survenus en Tunisie et en Libye, étaient livrées aux contrebandiers et trafiquants en tous genres. Mais voilà qu'en plus des produits ordinaires, de la drogue et des armes, le trafic s'est étendu, dernièrement, à l'accompagnement des terroristes et des jihadistes extrémistes. Le groupe armé intercepté, 6 décembre 2012, en Tunisie, dans le gouvernorat de Jendouba, près des frontières tuniso-algériennes, était chargé de faire passer, clandestinement, des jihadistes libyens en Algérie, via la Tunisie. Aussi, les activités de fabrication et de contrebande de papiers officiels falsifiés se sont accrues. Dernièrement, selon des chaines de télévision algériennes, un réseau de criminels spécialisé dans ce genre d'activités entre la Tunisie et l'Algérie a été démantelé en Algérie. Le trafic traditionnel comme le trafic des stupéfiants ou des carabines de chasse a pris des proportions énormes. Les quantités portent sur des tonnes. Ainsi, en Algérie également, la garde nationale a saisi dernièrement trois tonnes de hashish traité et plus de 4000 carabines de chasse destinées à la contrebande. Vendredi 21 décembre, le ministre tunisien de l'intérieur, Ali Lâarayedh, avait annoncé que les jihadistes militaristes liés au réseau d'A L Qaida dans le Maghreb islamique ‘'Aqmi'' cherchaient à créer une branche et une base militaires permanentes en Tunisie, dans la région de Kasserine, près des frontières tuniso-algériennes. Prévenir au lieu de guérir Les menaces d'avoir à connaitre le sort du Mali existent. La réunion de Ghédamès a pour objectif principalement de les prévenir et de les juguler. Il s'agit de prévenir le mal au lieu d'avoir à le guérir. Déjà, en l'absence de branches jihadistes armées, la Tunisie connait des profanations répétées des mausolées religieux dont la toute récente est l'incendie du mausolée du saint Sidi Bou Said, dans la fameuse station balnéaire et touristique qui porte son nom, dans la banlieue nord de Tunis. Au moment où les Occidentaux, longtemps la cible directe des menaces ‘'terroristes'' provenant de l'étranger, s'en sont débarrassées, en portant la guerre contre ‘'le terrorisme'' dans ce qu'ils estiment être ses pays d'origine, certains hommes politiques influents sur la scène tunisienne et proches des courants islamistes, croient à une possible récupération du radicalisme religieux à travers une bonne gestion des différences d'interprétation des enseignements et préceptes de la religion.