Alors que les Tunisiens célèbrent, ce jeudi 24 janvier, avec zèle, le Mouled ou naissance du Prophète Mohamed, beaucoup de citoyens dénoncent, avec force, l'exploitation commerciale à outrance des fêtes religieuses qui a pris de l'ampleur après la révolution et ne sied, ni aux principes de la religion ni aux valeurs défendues par les martyrs.. Selon eux, cette exploitation commerciale irresponsable menace sérieusement la survie des fêtes religieuses devenues des éléments constitutifs de l'identité et de la culture nationales. Reprenant à peine leur souffle à la suite des dépenses énormes occasionnées par Aid el Idha, il y a trois mois, à cause du renchérissement des prix des moutons , les gens n'ont pu que se plier, encore une fois, à la volonté des spéculateurs sans vergogne , pour acheter, à des prix forts, les ingrédients nécessaires à la préparation de la crème pâtissière à base de pignons de pins d'Alep, assida de zgougou, traditionnellement servie pendant le Mouled. Le kilogramme de zgougou moulu a atteint 20 dinars, cette année, contre 15 à 16 dinars pour le zgougou non moulu. Mais cette crème nécessite, également, du sucre, du lait, des fruits secs, des confiseries dont les prix ont été augmentés de façon anormale. Partout les fêtes religieuses revêtent une dimension commerciale et leur célébration est accompagnée de certaines dépenses supplémentaires. D'ailleurs, comme l'a noté un spécialiste, les fêtes religieuses sont à l'origine des marchés et des échanges commerciaux, car leur célébration donnait lieu à des rassemblements de foules et à toutes sortes d'échanges, sous diverses formes, à l'instar des processions périodiques, organisées, de nos jours, en l'honneur des saints. Cependant, nos spéculateurs des temps modernes n'en ont gardé que l'aspect purement commercial. Un autre danger Au rythme où vont les choses, a ajouté le même spécialiste, ces fêtes religieuses et populaires risquent réellement de se vider de leur substance, tandis que leur célébration se ramènera à l'accomplissement de quelques actes ou gestes purement symboliques dont la signification réelle sera cachée, à l'instar de nombreuses coutumes et traditions populaires, encore, en vigueur. Or, a-t-il souligné, d'autres dangers et motifs de relâchement viennent s'ajouter au fardeau financier, dont notamment les menaces des salafistes puritanistes . D'autant qu'une fête comme le Mouled n'est pas unanimement reconnue par tous les musulmans, qu'il s'agisse de savants ou de gouvernants. Les salafistes puritanistes, notamment les wahhabites, considèrent même le Mouled et sa célébration comme une innovation ou hérésie religieuse (bidâa), propre à être bannie et interdite. Il est vrai que la célébration officielle et solennelle du Mouled a été instaurée tardivement au 10ème siècle de l'ère chrétienne, en Egypte, sous le règne de la dynastie chiite des Fatimides, puis elle a été annulée, pendant plus de deux siècles avant d'être réinstaurée dans des circonstances qui restent à élucidées, apparemment par des rois ayoubites. Cependant, dans l'Islam, assimiler la glorification du prophète Mohamed, sous quelque forme que ce soit, à une hérésie, relève de la mécréance pure et simple à moins de servir des causes extra religieuses, puisque la profession de foi de l'Islam exige la croyance à Allah comme le seul et unique Dieu et la reconnaissance que Mohamed est son prophète et son messager. On ne peut pas être musulman en croyant à Dieu uniquement. Pour l'être, Il faut croire, en même temps, à Allah en tant que seul et unique Dieu et à Mohamed en tant que son prophète et messager.