TUNIS (TAP) - L'historien, M. Abdessatar Amamou, affirme que la célébration du Mouled (fête de la naissance du prophète Mohamed) n'était fêtée, pendant des siècles, que par les princes régnants de Tunisie. L'histoire a révélé que la célébration de cette fête remontait à l'époque des Hafsides (1282-1574), toutefois M. Amamou, lui, avance que le Mouled, fut célébré bien avant pour commencer avec les Fatimides (909-1171). Evoquant la légitimité de cette fête, l'historien a fait savoir, qu'en dépit des allégations de certaines parties, affirmant que le Mouled est une «bidaâ», innovation religieuse, étrangère à l'islam, les historiens tunisiens la considèrent comme une «bonne bidaâ» dans la mesure où elle constitue une occasion pour commémorer la naissance du prophète et ancrer la dimension religieuse auprès des nouvelles générations. Les Tunisiens ont pris l'habitude depuis, le Moyen âge, de se réunir la veille du Mouled qui correspond à la date du 12 de Rabia al Awal, dans les mosquées et les mausolées, pour narrer la vie du prophète Mohamed et réciter les poèmes faisant son éloge à l'instar du poème de l'Imam Chokratssi, originaire de la ville de Tozeur. A leur arrivée en Tunisie, en 1574, les Ottomans ont continué à célébrer cette fête, tout en l'officialisant, à travers l'organisation de cérémonies dans les palais des beys et auxquelles étaient invitées les grandes personnalités du pays à l'époque. M. Amamou a indiqué que du temps des Husseinites, plus particulièrement, au cours de la période du règne d'Ahmed Bacha Bey (1855-1873), la célébration du Mouled était organisée à la mosquée Zitouna, où les beys se rendaient pour assister à une cérémonie au cours de laquelle « Essrida », vie du prophète, est contée. Quand le narrateur parvient à l'évocation de l'accouchement de Emna, mère du prophète Mohamed, plusieurs rites sont accomplis: les personnes présentes se lèvent, des coups de canon sont lancés, l'appel à la prière est accompli et les femmes encensent à la lavande et préparent la "Assida". L'historien a déclaré que les princes régnants de Tunisie ont conservé ses traditions jusqu'à nos jours, en commémoration du Prophète Mohamed et en consécration de la dimension religieuse du patrimoine civilisationnel national. Le jour du Mouled, toutes les régions connaissent une grande animation avec un fort afflux des hommes et des enfants vers les mosquées ou des chants et poèmes liturgiques sont entonnés, notamment le poème de l'Imam Boussairi "Al Hamzia", faisant l'éloge du Prophète. Ce poème est récité sur le rythme du Malouf tunisien à une cadence lente au début pour s'accélérer par la suite. En plus de sa dimension religieuse, la célébration du Mouled, considérée comme l'une des manifestations de l'amour porté au Prophète, par les tunisiens, revêt un caractère social. En effet, les familles se retrouvent entre elles, au cours de cette fête, eu égard à son rôle dans la consécration des liens familiaux et de l'attachement aux coutumes ancestrales et aux valeurs nobles.