La proportion des enfants de 3 à 5 ans inscrits dans les classes de l'enseignement préscolaire en Tunisie est de l'ordre de 44% au niveau national, mais varie de 81% pour les enfants des ménages les plus riches à 13% pour ceux des ménages les plus pauvres. Ces données issues d'une récente enquête d'envergure nationale sur la situation des enfants et des femmes en Tunisie, viennent démontrer, avec de nombreux autres résultats de même type, l'existence d'énormes disparités entre riches et pauvres, et entre milieu urbain et milieu rural, en ce qui concerne les indicateurs relatifs au développement humain et plus spécialement le volet intéressant l'amélioration des conditions des femmes et des enfants. Les conclusions de cette enquête réalisée en 2012 et officiellement appelée ‘'Enquête nationale par grappes à indicateurs multiples sur la situation des enfants et des femmes'' (Multiple Indicator Cluster Survey, MICS) ont étés présentées, hier, lors d'un point de presse tenu au siège du ministère du développement régional et de la planification, en présence du ministre, Jamaleddine Gharbi et des représentants des partenaires et organismes ayant aidé à sa réalisation, en particulier la représentante de l'UNICEF en Tunisie, Mme Maria Luisa Fornara. Troisième du genre en Tunisie, après celles de 2000 et 2006, l'enquête nationale à indicateurs multiples sur la situation des enfants et des femmes de 2012 a été exécutée, sous la tutelle du ministère du développement régional et de la planification, par l'Institut national des statistiques avec l'appui technique et financier de l'UNICEF, du bureau de la coopération suisse en Tunisie et autres organisations internationales. Elle a porté sur un échantillonnage de 9000 ménages. Mais, il s'agit de la première enquête du genre, depuis la révolution, qui fournit des indicateurs sociaux aussi déséquilibrés par région, par sexe, par niveau d'éducation des parents, et par milieu social et niveau de bien être. 28 indicateurs visés Les domaines couverts vont de la mortalité et de la santé des enfants, à l'alphabétisation et l'éducation, les conditions de vie, la santé reproductive, ou encore la nutrition, la protection des enfants la culture des femmes en matière de MST , notamment le Sida, la consommation du tabac et d'alcool chez les femmes, la perception du bien être. Au total, 28 indicateurs de développement humain ont été visés par l'enquête. De manière générale, les résultats font ressortir que la Tunisie a accompli de grands progrès dans la voie du développement humain et de l'amélioration de la situation de la femme et de l'enfant, conformément aux objectifs du millénaire pour le développement (OMD), fixés par les Nations Unies, pour la période allant de 1995 à 2015, mais qu'il existe des écarts flagrants, dans ce domaine, entre les riches et les pauvres, le milieu urbain et le milieu rural, et entre régions côtières et régions intérieures. Or, les 28 indicateurs visés par l'enquête font partie intégrante des indicateurs visés par les objectifs du millénaire au nombre de 48. Quelques résultats chiffrés Ainsi, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans atteint 16,7 pour mille au niveau national, contre 12 pour mille en milieu urbain et 26,4 pour mille en milieu rural. La couverture vaccinale est dans l'ensemble satisfaisante et varie entre 99% pour le BCG (contre la tuberculose) à environ 94% pour la polio. Le pourcentage des ménages utilisant des sources d'eau de boisson améliorées est de l'ordre de 84% pour les plus pauvres, 99% pour la classe moyenne et presque 100% pour les plus riches. L'utilisation des méthodes contraceptives varie entre 64% en milieu urbain et 60% en milieu rural. La fréquentation de l'enseignement secondaire est de l'ordre de 94% pour les plus riches contre 49% pour les plus pauvres. Le pourcentage des enfants ayant subi des actes de violence est très élevé dans tous les cas de figure et dépasse 92% en milieu urbain et en milieu rural autant que contre les garçons et les filles. Pour le taux relatif à la connaissance des MST, notamment les modes de transmission du SIDA, chez les femmes de 15 à 49 ans, il dépasse 30% pour les plus riches contre près de 6% pour les plus pauvres, alors qu'il est de l'ordre de plus de 22% en milieu urbain et environ 11% en milieu rural. Le ministre a mis l'accent sur l'importance de cette enquête dont les résultats ne manqueront pas d'inspirer le gouvernement dans l'élaboration de ses programmes et la détermination des projets à caractère public en fonction des déséquilibres constatés, de manière à mieux répartir les fruits de la croissance et des progrès réalisés entre les personnes, les catégories, et les régions.