A quoi sert de brandir la légitimité et de s'y accrocher si celle-ci va à l'encontre de l'intérêt général du pays ? Cette légitimité n'a de sens que si elle s'accorde bien avec cet intérêt. Or, avec ce que vit la Tunisie depuis des mois et ce qui vient de se passer avec l'assassinat de Chokri Belaïd, il est de la responsabilité de tous de prospecter le voie la moins risquée pour épargner à la Tunisie cet inconnu qui la menace et met l'avenir des générations futures en danger. Cette situation grave a poussé le chef du gouvernement à rompre le silence pour dire assez du chaos et proposer une issue qui devait normalement faire l'unanimité au sein des familles politiques et parmi les Tunisiens qui en ont assez de voir leur pays emprunter une pente dangereuse dont le résultat catastrophique est connu d'avance. M. Hamadi Jbali qui connaît mieux que quiconque l'état des lieux du pays à tout point de vue n'a pas hésité à donner ce coup dans la fourmilière tant attendu pour mettre tout le monde devant ses responsabilités en proposant de sortir des sentiers battus. Son message n'était que celui du devoir que lui impose son statut du chef de l'exécutif sur qui repose la responsabilité de l'échec comme du succès. Le constat qu'il a fait sans le dire ne peut souffrir la moindre nuance. Il a ainsi annoncé la fin de la partie pour dire aux politiques qui se déchirent depuis le 23 octobre 2011 que nous sommes aujourd'hui dans l'impasse et qu'il n'est plus permis de jouer avec l'avenir du pays. Sa proposition de mettre en place un gouvernement de technocrates et de compétences qui soient au-dessus des luttes partisanes est on ne peut plus sage, car elle permet de sortir de l'impasse et elle doit par conséquent être soutenue et adoptée par toutes les parties prenantes qu'elles soient au pouvoir ou dans l'opposition. Le bon sens et la responsabilité exigent une telle attitude historique. Mais et au vu des prises de position et de certaines déclarations notamment du côté de deux partis de la majorité, cette issue salutaire est loin de les satisfaire et trouvent que le futur gouvernement ne peut être que d'union nationale. Ainsi et partant de la légitimité dont ils se font prévaloir il n'y aura de gouvernement que celui que les partis entérineront. C'est l'imbroglio dont il sera difficile de sortir d'autant que la conjoncture aussi bien politique, économique que sociale ne tolère plus des atermoiements qui risquent de s'éterniser au vu de l'impossible consensus. Et l'on se demande quelle logique préside à cette intransigeance de la part de ceux qui refusent de voir le pays s'émanciper de l'emprise des partis politique ? De toute évidence, ce n'est pas l'intérêt général de la Tunisie qui est pris en compte, mais plutôt les intérêts partisans et les calculs électoraux qui deviennent ainsi déterminants. Un état d'esprit et une manière de gérer les affaires du pays qui ne peuvent être qu'irresponsables et démontrent à quel point on n'est pas conscient de la gravité de la situation et de ce qui pourrait s'ensuivre dans le court terme. A vrai dire le pays est aujourd'hui otage d'une certaine légèreté de perception qu'on se fait de l'Etat, dont le tribut sera lourd. Et en tout état de cause l'Histoire retiendra que la Tunisie si, on n'arrive pas à faire table rase des différends qui minent la vie politique et se défaire des intérêts partisans, n'a été trahie que par ses propres enfants dans lesquels le peuple a mis sa confiance.