La stratégie américaine dans le monde a toujours oscillé entre les préceptes interventionnistes à titre préventif puisés dans la doctrine Kissinger donc marquée par un aspect guerrier et offensif, et ceux plutôt conservateurs et protectionnistes de la nation américaine avec une diplomatie de manœuvres à distance. Après avoir vécu les traumatismes de la première avec les présidents Bush père et fils en Irak, en Afghanistan et au Pakistan, l'Amérique renoue avec une sorte de guerre « froide » qui lui permet d'agir à distance sans payer le prix d'une intervention militaire coûteuse en vies humaines et en ressources budgétaires monstrueuses. Mais dans les deux cas le fardeau sera porté par le monde qui subit : le nôtre ! En menant sa guerre contre le terrorisme international dans des pays lointains et sans aucune portée économique, les Etats-Unis ont sécrété contre leur propre gré des effets collatéraux et des groupements armés jihadistes de plus en plus aguerris aux frappes terroristes douloureuses et ce, un peu partout dans le monde et surtout en Europe et dans le monde arabo-musulman. Paradoxal mais combien amer, ce qui en résulte c'est une véritable remise à niveau de la « prophétie » de Samuel Huntington, professeur à Harvard jusqu'à sa mort et ancien membre du Conseil national de la sécurité américaine du temps du président Carter, qui prédisait le « choc des civilisations » à partir de 1993, et qui a fait couler autant d'encre que les eaux du Mississipi. Nous voici installés malgré nous dans une lutte fratricide idéologique et religieuse donc « culturelle » comme l'envisageait le triste « Samuel » sur l'ensemble du monde arabe et musulman de l'Atlantique à la mer de Chine en passant par le golfe persique et en transitant par l'Europe occidentale devenue principale base arrière de l'asile et de l'exil de l'islamisme radical. L'Amérique avec Obama s'en lave les mains. A la limite ce n'est plus son problème après avoir décidé qu'il faut donner une chance aux Islamistes « modérés » de gouverner avec l'espoir qu'il en sortira « une démocratie » de type nouveau c'est-à-dire « islamique » ! Cette translation « vertueuse » opérée par les Etats-Unis a tout simplement fait du « terrorisme international », un problème arabo-musulman et un problème européen, d'où le relais que prend la France au Mali pour combattre les jihadistes armés et leur influence grandissante en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. Mais là, où l'Amérique fait fausse route comme à son habitude, c'est qu'elle ne prend jamais la peine de défendre au moins « ses » propres valeurs telles que codifiées dans sa propre constitution de 1776, et dans la pratique démocratique américaine. C'est bizarre mais c'est comme cela, les Américains vendent au monde des armes sophistiquées exportent des guerres aux peuples révoltés du Vietnam à l'Irak, de l'Afghanistan à la Syrie, mais ne « commercialisent » jamais ou presque leurs propres valeurs qui ont fait de l'Amérique la plus grande démocratie au monde après l'Angleterre. Après les Révolutions du Printemps arabe, l'Amérique a misé sur des pouvoirs islamistes « modérés » mais a-t-elle prévu ou exigé quoique que ce soit de M. Morsi par exemple quand il a fait une « Constitution » à sa mesure aux antipodes de la Constitution américaine elle-même ! La réponse vous la trouverez dans ce communiqué laconique du « State department » américain qui « regrette » la violence en Egypte et demande à ce que la Constitution égyptienne puisse refléter les ambitions de « tous » les Egyptiens y compris les démocrates égyptiens censés être les vrais « alliés » de l'Amérique démocratique. Vœu pieux, et entre temps, l'Egypte s'embrase. Démocrates tunisiens retenez la leçon : Ne comptez pas trop sur l'Amérique en ce moment, elle a d'autres chats à fouetter et d'autres ambitions que les nôtres. Elle nous vend des illusions. C'est à nous de trouver le chemin de la concorde et du compromis positif avec nos islamistes en exigeant la fin de la violence politique, la dissolution des milices et des « polices » parallèles que même MM. Ali Laâreyedh et son porte-parole bien élégant, ont vu à la télévision, à Sfax, à Bizerte, à Mahdia etc.... Il faut rétablir l'Etat de droit et la sécurité républicaine où seul l'Etat détient la puissance publique. C'est à nous de construire une démocratie aux normes universelles comme l'Amérique mais en respectant notre identité historique, musulmane modérée et non extrémiste et agressive. Rappelez-vous l'adage de nos ancêtres : « Ma yendiblek ella dhafrek, we ma yebkilek ella chafrek » ! Mais malgré tout, l'Amérique éternelle, celle du peuple américain restera toujours un ami proche. C'est l'Histoire qui le dit.