Kalaâ Kébira, ville d'adoption du peintre Aly Ben Salem où il a fait ses études primaires, organise du 21 au 24 mars 2013 un festival qui porte son nom. La première session devait donc avoir lieu du 7 au 10 février dernier mais en raison des événements douloureux qu'a vécus le pays suite à l'assassinat de Chokri Belaid et la grève générale qui s'en est suivie, la date a été reportée. Ce travail de mémoire dû à l'Association Ibn Rochd pour la pensée et la création est né selon son président Taoufik Boughedir au lendemain de la célébration du centenaire de la naissance de Aly Ben Salem par le ministère de la Culture en 2010. Au menu de cette première édition un colloque national des propriétaires de studios de photographies et de photos numériques avec la collaboration de la Chambre syndicale régionale des photographes de Sousse, une conférence sur la vie de l'artiste Aly Ben Salem qui sera présentée par Fateh Ben Ameur, une conférence-débat sur le secteur de la photographie, des ateliers de conception de photographies, deux expositions, l'une documentaire des œuvres de Aly Ben Salem, l'autre de l'artiste Mohamed Zouari, une conférence sur l'image dans la publicité proposée par Anis Safta, une soirée de poésie ainsi qu'un grand gala musical. Un pionnier Né en 1910, Aly Ben Salem est l'un des pionniers de la peinture tunisienne du 20ème siècle. Sa peinture se caractérise par une forte charge nostalgique d'un univers traditionnel disparu de nos jours. Originaire de Sfax, il fait ses études primaires à Kalâ Kébira où son père était chef d'établissement scolaire. Il rejoint ensuite le lycée Carnot à Tunis avant de s'orienter vers des études artistiques à l'école des beaux-arts de Tunis. Dès les années 30, il s'ouvre à l'art pictural occidental tout en restant attaché au patrimoine de son pays en reproduisant toutes les composantes de ce patrimoine au niveau architectural, décoratif ou vestimentaire. C'est à ce titre qu'il participe avec un collectif de peintres : Alexandre Roubtzoff, René de Souza et Henry Montety à l'illustration d'un livre intitulé « Le mariage musulman en Tunisie ». De 1937 à 1939, il séjourne à Paris. A son retour, il est totalement transformé voire régénéré. Marié à Kerstine devenue Hédia, il part vivre en Suède. Les œuvres de cette époque sont marquées par leur côté anthropologique mettant en valeur les métiers artisanaux. Il s'agit d'aquarelles réalistes sinon naïves aux compositions pyramidales comme « La Mariée », « Artisan de chapelets », « Le Sellier » etc. Proche de la miniature où sont représentées des scènes de la vie quotidienne, ces œuvres révèlent le souci du détail. Une première exposition personnelle lui est organisée à la Rotonde au Colisée à Tunis en 1934, suivie d'une confirmation de peintre miniaturiste en 1936 grâce au prix de la miniature et du prix de la peinture du gouvernement tunisien qui lui octroie en 1937 un séjour à Paris. A partir des années 40, Aly Ben Salem réalise des œuvres de grand format sans perspectives dans lesquelles le personnage principal envahit l'espace. Après la deuxième guerre mondiale et lors de son long séjour en Suède de plus de 30 ans, ses toiles s'éloignent de plus en plus du monde réel et réaliste pour devenir plus stylisées. Les couleurs utilisées sont le jaune, le rose, le violet avec une dominante bleu. Dans les années 70, Aly Ben Salem, qui séjourne entre Hammamet et Stockholm, poursuit son expérience et son parcours qui oscillent entre tradition et modernité.